L’avenir à court terme de Sigfox est désormais scellé. Hier 21 avril 2022, le tribunal de commerce de Toulouse a désigné la société immatriculée à Singapour UnaBiz, qui se définit comme un fournisseur de services pour l’Internet des objets (IoT) massif, comme le repreneur du spécialiste des réseaux de communication longue portée et basse consommation (LPWAN) pour objets connectés. Sont concernés l’entité Sigfox SA proprement dite, qui détient la technologie du même nom, le cloud de l'entreprise, ainsi que ses salariés, et l’opérateur Sigfox France SAS qui gère le réseau Sigfox dans l’Hexagone (*).
Un temps mis en suspens, le choix de la société UnaBiz, qui avait l’inconvénient d’être immatriculée à Singapour bien que dirigée par deux Français (Henri Bong et Philippe Chiu) (**), était soutenu par la direction, les administrateurs et l’instance de représentation du personnel (CSE) de Sigfox, qui avait été placé en redressement judiciaire fin janvier 2022.
Rappelons qu’UnaBiz a été créé en 2016 en tant qu'opérateur exclusif Sigfox pour Singapour et Taiwan. La société, qui a récemment signé des accords de coopération avec le suisse Astrocast et le français Kinéis (dont l’ambition à tous deux est d’offrir une connectivité spatiale universelle sur le marché de l’IoT), met aujourd’hui l’accent sur son savoir-faire dans la conception à façon de capteurs IoT et dans les services de gestion de flottes massives d’objets connectés et d’agrégation de données (quel que soit le réseau de communication IoT).
Implanté à Singapour, à Taiwan et au Japon, UnaBiz gère déjà, à travers sa plate-forme UniConnect, plus de 1,4 million de capteurs déployés dans une trentaine de pays et connectés au travers de multiples technologies radio longue portée et basse consommation (LPWA) telles que Sigfox, LoRa, LTE-M et NB-IoT. A ce titre, la société précise dans un communiqué que Sigfox et UnaBiz s’efforceront désormais à faire converger le marché des réseaux longue portée et basse consommation (LPWAN). « Le nouveau Sigfox va se réinventer et va collaborer avec d’autres technologies de communication IoT pour saisir de nouvelles opportunités de marché », a ainsi précisé Henri Bong.
On se souviendra aussi qu’UnaBiz avait levé en 2021 25 millions de dollars afin de renforcer son implantation dans des régions stratégiques telles que le Japon, l'Asie du Sud-Est et… l'Europe au travers de bureaux locaux et des opérations de fusions-acquisitions. Quelques semaines avant de mettre la main sur Sigfox et donc de s’implanter dans l’Hexagone, la société singapourienne avait annoncé l'acquisition du néerlandais Sensatag, un spécialiste des solutions de suivi d’actifs IoT industriels mobiles à faible coût et à faible consommation.
Pour UnaBiz, la continuité des activités de Sigfox, qui se targue de connecter aujourd’hui 20 millions d’objets et de véhiculer près de 80 millions de messages par jour, est une priorité absolue. A ce titre, la société s’est engagée à protéger 110 employés existants sur un total de 174 et à procéder à des évaluations financières et opérationnelles pour protéger les actifs, le réseau et les systèmes de backend essentiels à la mission de Sigfox.
« Je tiens à remercier toute la communauté Sigfox de nous avoir soutenus, et le gouvernement français d'avoir autorisé notre investissement, a également précisé Henri Bong. UnaBiz garantira définitivement la souveraineté française de Sigfox. » Pour souligner ce propos, le communiqué de presse annonçant la reprise de Sigfox par UnaBiz est flanqué d’une illustration où flotte allègrement le drapeau tricolore.
(*) Selon Les Echos, UnaBiz va verser 3,3 millions d'euros pour reprendre les actifs et les contrats de Sigfox et 300 000 euros pour la filiale française. Sigfox est lesté d'une dette de 150 millions d'euros.
(**) A noter que l'entité française UnaBiz SAS a été inscrite il y a quelques jours au registre de commerce de Toulouse