Le gouvernement a lancé le 10 juillet dernier le programme de recherche Réseaux du futur, copiloté par le CEA, le CNRS et l’institut Mines-Télécom (IMT). Doté d’un budget de 65 millions d’euros dans le cadre du plan d’investissement France 2030 et de la stratégie d’accélération 5G et Réseaux du futur, le programme (dixit le communiqué officiel) a pour ambition de soutenir l’excellence scientifique dans ce domaine et de répondre aux besoins technologiques d’innovation industrielle afférents.
Pour remplir ces objectifs, le CEA, le CNRS et l’IMT vont piloter la recherche amont visant à soutenir le développement de la 5G et de la 6G (dont les premiers déploiements sont attendus aux alentours de 2030), tout en évaluant leurs impacts sur l’environnement. Au travers de dix grands projets ciblés de recherche (et trois vagues à venir d’appel à projets et de manifestations d’intérêt), le programme Réseaux du futur vise à offrir à l’industrie des télécommunications de nouvelles briques technologiques de haut niveau grâce à la recherche française.
Quatre axes de recherche
Plus précisément, le programme Réseaux du futur repose sur quatre axes : le développement des usages 5G pour contribuer à la compétitivité de l'économie française, le développement de solutions françaises souveraines, la consolidation des forces de recherche et développement sur des futures générations de réseaux, et le renforcement de l’offre de formation avec l’ambition d’attirer des talents à l’international. Par ailleurs, quatre groupes de projets ont déjà été définis que sont les architectures de réseaux et services, le système de bout en bout, les briques technologiques et les plates-formes et démonstrateurs sur les réseaux du futur.
Dans cette perspective, il est entendu que le monde des télécoms à venir est à l’aube d’un changement de paradigme quasi radical. Dans ce contexte, le programme Réseaux du futur devrait inaugurer une nouvelle chaîne de valeur transversale depuis le cœur des métiers télécoms jusqu’aux secteurs d’activité qui sont envisagés comme des partenaires technologiques (énergie, transports, industrie du futur, santé, logistique) et qui exploreront de nouveaux services et usages innovants avec des architectures décentralisées.
A ce titre, les équipes de recherche impliquées devront en particulier travailler à la convergence des réseaux (communication, calcul, contrôle, localisation, capteurs, Internet des objets), à l’efficience des usages (sécurisés, adaptés selon les besoins) et à la création de nouveaux usages. Elles auront également à s’intéresser aux réseaux non terrestres (NTN) pour connecter mobiles 5G et satellites pour une meilleure connectivité à Internet des sites industriels isolés ou des zones inaccessibles aux réseaux mobiles (en mer, en montagne, etc.) par exemple.
Enfin le programme Réseaux du futur a pour ambition de développer les normes de la nouvelle génération du numérique qui permettront de mettre en place des services à forte valeur ajoutée s’appuyant de manière orchestrée sur les infrastructures de diverses communautés d’industries. A ce titre, la plate-forme France 6G, également lancée le 10 juillet et dont la mise en place a été confiée à l’IMT, vise, d’une part, à renforcer la vitalité et la visibilité de l’écosystème industriel, académique et institutionnel français pour l’impliquer de manière coordonnée dans la standardisation 6G à venir et, d’autre part, à veiller à intégrer le respect des valeurs environnementales et sociétales françaises et européennes.
Des débits 100 fois supérieurs à ceux de la 5G
L’arrivée de la 6G, dont les débits seront jusqu’à cent fois supérieurs à ceux de la 5G, pose en effet des défis environnementaux et énergétiques qui nécessitent de définir les objectifs de la future norme. Alors que la rédaction de la 6G doit débuter en 2026 avec la Release 21 des spécifications 3GPP, l’IMT rappelle que les acteurs des télécommunications se mobilisent dès à présent pour établir les premières spécifications de services pour la 6G.
Dans ce cadre, la plate-forme France 6G vise à mobiliser, fédérer et structurer les écosystèmes pour identifier et déployer des technologies clés intégrant nativement les enjeux énergétiques et sociétaux puis à les promouvoir dans les standards. L’enjeu est de disposer à terme d’un pool de brevets essentiels pour la 6G et ainsi de faire gagner aux entreprises françaises des positions avantageuses sur certains segments du marché.
Dans la pratique, l’IMT aura pour tâches de bâtir une position commune des acteurs français de l’industrie et de la recherche en 6G sur certaines cibles thématiques (mobilité véhiculaire, industrie du futur, etc.) et de renforcer la coopération entre les différents acteurs de l’écosystème (instituts de recherche, start-up, industriels, etc.), notamment en proposant des initiatives collaboratives entre acteurs de la recherche et de l’industrie.
Parmi les autres objectifs de la plate-forme France 6G, on citera l’identification des alternatives sur certains choix en 6G qui pourraient avoir des impacts environnementaux significatifs (fréquences utilisées, répartition des traitements entre l’émetteur et le récepteur ou entre local et centralisé, optimisation des débits sur la signalisation et les données, etc.), la proposition de stratégies de standardisation en défense du mieux-disant environnemental, et l’accompagnement des acteurs de la recherche et de l’industrie dans des actions communes et coordonnées pour le renforcement de la participation et des contributions à la standardisation 6G.
La plate-forme France 6G doit aussi aider à la valorisation des actifs de propriété intellectuelle détenus par les acteurs de l’écosystème français des télécoms dans le cadre des enceintes prévues à cet effet (3GPP, Etsi, UIT et IETF notamment).