Début 2016, Axelle Lemaire, la secrétaire d’Etat chargée du numérique, avait saisi l’Arcep, l’autorité de régulation des télécoms, sur l’état du déploiement du protocole IPv6. La ministre estimait en effet que le retard accusé ...par la France dans la transition vers ce protocole pouvait à terme freiner la capacité du secteur à répondre aux nouveaux enjeux du numérique tels que l’avènement de l’Internet des objets.
Il y a quelques jours, l’Arcep a rendu public son rapport au gouvernement sur l’état de déploiement de l’IPv6 dans l’Hexagone (à télécharger au format PDF ici), un document réalisé avec le concours de l'Association française pour le nommage internet en coopération (Afnic). Pour rappel, IPv6 est l'aboutissement des travaux menés au sein de l'IETF (Internet Engineering Task Force) au cours des années 1990 pour succéder à IPv4 et ses spécifications ont été finalisées en 1998. Grâce à des adresses de 128 bits au lieu de 32 bits, IPv6 dispose en particulier d'un espace d'adressage bien plus important qu'IPv4, une caractéristique censée répondre à l’explosion du nombre d’équipements connectés à Internet.
Dans son rapport, l’Arcep identifie les causes et risques liés au retard relatif de la France par rapport à des pays comme les Etats-Unis, l'Allemagne ou la Belgique et propose un plan en six actions de nature à accélérer la transition vers IPv6 :
1. Montrer l'exemple en s'engageant dans des délais ambitieux à rendre accessibles en IPv6 tous les sites Web et services en ligne de l'Etat.
2. Généraliser l'enseignement d'IPv6 aussi bien dans les formations initiales que continues, afin de lever, par la pédagogie, les freins à l'adoption du protocole IPv6.
3. Mettre en place les espaces d'échanges adéquats pour la communauté engagée dans la transition vers IPv6 afin de la fédérer et de permettre un échange sur les bonnes pratiques et les expériences individuelles.
4. Améliorer la coordination entre parties prenantes en rendant publiques les intentions de court et moyen termes des acteurs majeurs de la transition.
5. Mieux informer l'utilisateur notamment sur la pérennité des terminaux dont il dispose et les possibles dysfonctionnements liés aux mécanismes de rationnement des adresses IPv4.
6. Préparer la fin d'IPv4 en permettant, à terme, aux acteurs qui souhaitent rationaliser la gestion de leurs réseaux de pouvoir se passer définitivement du protocole IPv4.
L’Arcep entend aussi mettre en place un observatoire de la transition vers IPv6 en France. Il permettra, de manière récurrente, de dresser l’état des lieux des déploiements, de contribuer à la transparence sur les intentions des acteurs majeurs et d’identifier d’éventuelles sources de blocages. Une version bêta de cet observatoire sera mise à disposition du public fin 2016.