Alors qu'Etienne Perret avait déjà obtenu une bourse européenne (ERC 2028, European Concil of Research) pour ses travaux relatifs à une méthode de capture d’information fondée sur un principe de réflectométrie et sur l’utilisation d’éléments résonnants, cette approche, quatre années de développement plus tard au sein du laboratoire LCIS (*), se voit récompensée à travers l’attribution d’un “ERC Proof of Concept” en vue d’explorer le potentiel commercial et sociétal de ces travaux.
La technologie développée a donné naissance à des étiquettes d’identification sans puce, imprimables, recyclables et peu coûteuses. Contrairement aux codes à barres, elles sont lisibles à travers des objets opaques ou à très grande vitesse. En outre, comme elles ne comportent ni puce ni antenne, elles sont de facto moins coûteuses que les étiquettes RFID traditionnelles. Dans cette approche, la seule différence entre les codes à barres et les étiquettes d’identification par radiofréquences (connues sous le nom de chipless RFID) inventées par les équipes d’Etienne Perret réside dans leur forme ainsi que dans l'utilisation d'encre conductrice déposée lors de l'impression. Chaque étiquette, créée séparément ou imprimée directement sur le produit à identifier, possède une signature électromagnétique qui contient les informations spécifiques au produit.
« L’encre conductrice interagit avec l’onde qui est envoyée sur l’étiquette, précise Etienne Perret. L’information contenue dans la signature spécifique de l’onde réfléchie est alors récupérée par un lecteur. Notre travail a consisté à mettre au point la méthode qui permet de dimensionner et dessiner les étiquettes en fonction de l’information que l’on veut y inscrire. »
En plus d’être peu coûteuses et flexibles au niveau lecture, ces étiquettes peuvent être réinscriptibles, ce qui leur permet de se différencier très nettement à ce niveau des codes à barres traditionnels, d’un point de vue applicatif.
Dans le cadre de l'ERC PoC d’une durée de 18 mois, les équipes d’Etienne Perret étudieront le potentiel de cette méthode pour la caractérisation de diélectriques. Utilisés dans de nombreux domaines (électronique, aérospatial, défense…), ces matériaux non conducteurs doivent en effet être analysés avec précision en fonction de l’application visée. Or la mesure de leurs propriétés électriques (permittivité et pertes diélectriques notamment) se fait classiquement sur des équipements spécifiques très coûteux, et nécessite des connaissances pointues en radiofréquences.
« Nous avons pu montrer qu’il y avait une manière très simple d’avoir accès à ces grandeurs, en se fondant sur le principe du précédent projet, explique Etienne Perret. On utilise des sortes d’étiquettes, sur lesquelles on envoie une onde. L’onde réfléchie renseigne sur les caractéristiques du matériau sur lequel elles sont posées. C’est ce que l’on cherche à montrer sur un spectre applicatif plus large, notamment en essayant d’étendre le domaine d’étude aux diélectriques liquides et sous forme de poudre. »
En plus de la méthode de caractérisation, Etienne Perret et son équipe du LCIS ont également développé l’appareil de mesure qui a été transféré à la société Idyllic Technologies basée à Valence et émanation du LCIS centrée sur l’industrialisation d’étiquettes RF sans puces.
(*) Le LCIS, Laboratoire de conception et d'intégration des systèmes, est un laboratoire de recherche de l'université Grenoble Alpes, associé à Grenoble INP, fort d’une soixantaine de chercheurs et installé sur le campus de Valence dans la Drôme. Les centres d’intérêt du laboratoire portent sur la sûreté et la sécurité des systèmes embarqués et distribués, la modélisation, l’analyse et la supervision des systèmes complexes ouverts et les systèmes radiofréquences sans fil.