Les 34 plans de la Nouvelle France industrielle lancés en 2013 par Arnaud Montebourg ont vécu… pour être remplacés par neuf « solutions » industrielles rassemblées sous l’étendard de l’Industrie du futur. Au-delà de l’annonce ...et de ses retombées en termes de communication pour Emmanuel Macron, le ministre de l’Economie, de l’Industrie et du Numérique, qui jette un regard appuyé vers l’Allemagne et son initiative Industrie 4.0 largement pilotée par Siemens, qu’en est-il des 34 différentes thématiques qui avaient été portées par le précédent plan, dont les logiciels et systèmes embarqués ? Nous avons posé la question à Eric Bantegnie, président d’Embedded France et chef de projet Logiciels et systèmes embarqués au sein de la solution Confiance numérique de la Nouvelle France industrielle.
Le domaine des logiciels et systèmes embarqués semble moins visible dans la présentation des neuf solutions de la Nouvelle France industrielle récemment lancées par le gouvernement, alors qu’il s’agissait d’un plan à part entière auparavant. Qu'en est-il exactement ? Est-ce une remise en cause de ce qui a été réalisé précédemment ?
ERIC BANTEGNIE Absolument pas. Cette présentation de la Nouvelle France industrielle ne modifie pas les orientations qui avaient été impulsées lors du précédent plan. Ni les financements prévus, ni le calendrier des actions déjà défini. Il s’agit plutôt de la mise en place d’un mode de coopération pérenne entres différents plans qui avaient et qui ont manifestement des interactions fortes entre eux. La solution Confiance numérique regroupe par exemple les plans Nanoélectronique, Logiciels et systèmes embarqués, Cybersécurité et Souveraineté télécom entre lesquels des coopérations sont à développer. Cette organisation ajoute en fait un étage de discussion, une animation, un mode de coordination officiel qui va favoriser l’avènement de nouvelles actions.
Pouvez-vous indiquer plus concrètement en quoi pourrait consister ces interactions entre plans ?
ERIC BANTEGNIE Deux exemples viennent immédiatement à l’esprit. Dans le plan Logiciels et systèmes embarqués, il y a un volet consacré à la programmation des architectures multicœurs. A ce niveau, les interactions avec le plan Nanoélectronique sont manifestes puisque ce dernier a lui aussi en ligne de mire la thématique des systèmes multicœurs, et ce au niveau matériel. Autre exemple : dans le projet de R&D collaborative lié à la plate-forme d’exécution “Android industriel” (système d’exploitation + hyperviseur / outils de développement + briques de sécurité) porté par le plan Logiciels et systèmes embarqués et actuellement en cours d’examen par la Direction générale des entreprises (DGE), il existe une forte composante liée à la sécurité des données au niveau du système d’exploitation et des applications. Un problématique pour laquelle des synergies avec les acteurs du plan Cybersécurité sont naturelles. La même logique est à l’œuvre pour la solution Objets connectés qui regroupe les utilisateurs de l’embarqué : robotique, réalité virtuelle, Internet des objets, services sans contact pour le paiement, transports et autres services du quotidien.
Au-delà de votre rôle de chef de file du plan Logiciels et systèmes embarqués, vous êtes aussi président d’Embedded France. Quel est l’impact de cette présentation de la Nouvelle France industrielle sur les activités de cette jeune structure créée en 2013 ?
ERIC BANTEGNIE Là aussi, ces annonces ne modifient pas la feuille de route d’Embedded France. D’ailleurs, conformément au plan Logiciels et systèmes embarqués, Embedded France est en train de finaliser un accord de coopération avec des clusters allemands dans l’embarqué. Cet accord franco-allemand qui sera officialisé dans le courant de l’automne va permettre de développer des projets bilatéraux et de proposer des initiatives concertées de R&D au niveau européen.
Propos recueillis par François Gauthier