S’il est bel et bien en marche, le basculement vers des automobiles dotées de fonctions autonomes qui assistent le conducteur ou prennent à leur compte des décisions dans certaines situations ne va pas se faire du jour au lendemain. ...Selon un récent rapport d’études publié par la société Yole Développement et intitulé Sensors & Data Management for Autonomous Vehicle, il faudra attendre 2045 pour voir les voitures équipées d’une trentaine de capteurs capables d'afficher une autonomie complète. D’ici là, le marché global des capteurs pour l’automobile semi-autonome devrait passer de 2,6 milliards de dollars en 2015 à un montant attendu de 36 milliards en 2030, soit un taux de croissance annuel moyen de 19%.
Actuellement, deux technologies de capteurs dominent le marché automobile : les capteurs à ultrasons (85% du marché) et les caméras d’analyse de l’environnement. En 2030, ces dernières domineront le marché (avec des ventes estimées à 12 milliards de dollars) suivies par les capteurs à ultrasons et les radars longue portée (respectivement à 8,7 et 7,9 milliards de dollars), puis par les radars courte portée (5 Md$). A cet horizon 2030, pour afficher un certain degré d'autonomie, un véhicule devra être équipé, selon Yole, de radars, de capteurs à ultrasons, de plusieurs caméras fonctionnnant dans le visible, le proche infrarouge et l’infrarouge lointain (LWIR, Long Wave Infra Red, de 8 µm à 14 µm), de lidars (Laser detection and ranging, système de détection par laser) et de capteurs de navigation “à l’estime” (utilisé lorsque le GPS est inactif).
Toujours selon Yole, le groupe de capteurs minimal pour atteindre un tel niveau d’autonomie coûte actuellement entre 10 et 15 000 dollars, une valeur qui devra impérativement baisser très fortement d’ici dix ans pour espérer une adoption massive par les constructeurs.
Du point de vue des fonctions d’autonomie permises grâce à ces capteurs, Yole distingue cinq grands niveaux, entre aujourd’hui et 2040 (shéma ci-contre). Par exemple, en 2022 (niveau 3) la plupart des voitures proposeront des services d’assistance au stationnement, de systèmes d’adaptation de la conduite en fonction de la circulation (ACC, Adaptative Cruise Control, adaptation de la vitesse et de la distance par rapport à un véhicule situé devant), de systèmes d’alerte de franchissement involontaire de ligne, de systèmes de détection de variation anormale de trajectoire. Autant de fonctions qui sont déjà industrialisées sur certaines voitures, et auxquelles s'ajouteront un système de freinage d’urgence automatisé, un système de surveillance du comportement du conducteur (alerte à la fatigue notamment) et un système d’analyse du trafic.
Pour ce marché, Yole estime que les technologies de la plupart des capteurs arrivent aujourd'hui à maturité alors que la partie traitement et analyse embarquée des données est encore en gestation. A ce niveau de nouveaux acteurs pourraient s’imposer, comme Mobileye, Nvidia ou le français Kalray, au détriment des fournisseurs traditionnels comme Toshiba, Infineon ou Renesas.