La conduite autonome est l’un des domaines de recherche et développement les plus actifs au sein de l’industrie automobile. Mais si les constructeurs et équipementiers « traditionnels » du secteur travaillent assidûment ...sur la question, les géants du Web tels que Google et les acteurs spécialistes de la « voiture en tant que service » comme Uber ou Lyft ne sont pas en reste. Ils risquent même fort d’influencer de manière disruptive le marché automobile au cours de la prochaine décennie, indique un récent rapport du cabinet d’analystes IHS.
Pour la société d’études, le futur véhicule autonome génère deux stratégies de R&D parallèles, l’une est évolutive, l’autre est révolutionnaire. Mise en place pour les constructeurs automobiles historiques, la première consiste à augmenter insensiblement les capacités des systèmes d’aide évoluée à la conduite (ADAS, Advanced Driver Assistance Systems) pour les transformer en cheville ouvrière du véhicule semi-autonome, puis du véhicule véritablement autonome. Bien évidemment, IHS range Google, Uber et consorts dans la case « révolutionnaire » de l’écosystème.
Le nerf de la guerre ? Le logiciel
Selon la société d’études, le nerf de la guerre en matière de véhicule autonome réside dans un logiciel qui peut interpréter toutes les données émises par les capteurs disséminés dans une automobile et qui s’avère capable d’apprendre à imiter les capacités et les dons des meilleurs conducteurs. Pour IHS, il n’y a pas de doute : Google est le leader technologique dans ce domaine particulier. Le géant du Web aurait ainsi déjà investi près de 60 millions de dollars dans ses activités de R&D liées au véhicule autonome, et ce à raison d’environ 30 millions de dollars par an !
A la différence des constructeurs automobiles traditionnels, la société américaine peut aussi tirer profit de technologies et d’un savoir-faire acquis dans des secteurs adjacents comme les robots ou les drones et qui s’avèrent particulièrement utiles pour le véhicule autonome. Et IHS de citer les réseaux de neurones, l’intelligence artificielle, l’apprentissage automatique (machine learning) et la vision industrielle. Une expertise qui, selon le cabinet d’analystes, n’est pas d’un accès immédiat pour les constructeurs automobiles. Mais certains ont commencé à réagir, note IHS, qui pointe du doigt l’annonce début novembre par Toyota de la décision d’investir sur cinq ans un milliard de dollars dans les domaines de l’intelligence artificielle, des véhicules autonomes et de la robotique. Une décision qui s’explique en partie par les avancées technologiques rapides de Google sur ces différents sujets.
Des services Car-as-a-Service sans chauffeur avant 2025
A ce titre, ajoute la société d’études de marché, le logiciel pour véhicule autonome de Google se comporte déjà mieux que la plupart des conducteurs dans des conditions classiques de conduite. Reste encore au leader de la navigation Web à améliorer les réactions de son logiciel dans des conditions exceptionnelles (conditions météo exécrables, situations de circulation spécifiques, travaux routiers particuliers…).
Les intentions de Google en matière de véhicule autonome ne s’arrêtent toutefois pas là. Selon IHS, l’Américain met aussi tout en œuvre pour fournir l’infrastructure technologique, les cartes géographiques et les logiciels pour que se développe après 2020 un marché de la « voiture autonome en tant que service » (Driverless CaaS, Car-as-a-Service), prolongation de l’autopartage que nous connaissons aujourd’hui… mais sans conducteurs ! Le cabinet d’analystes anticipe à cet égard que le déploiement de services CaaS sans chauffeur démarrera avant 2025 et qu’environ 12 millions de voitures autonomes (et sans conducteur) seront vendus en 2035, ce qui pourrait représenter environ 10% des ventes de véhicules légers cette année-là !