Skynopy lève 3,1 M€ pour développer un service de connectivité vers les stations sol pour les opérateurs de satellites en orbite basse

Skynopy

La démocratisation de l’orbite basse ces dix dernières années a fait exploser le nombre d’opérateurs de satellites et de petites constellations (comprises entre 2 à 100 satellites). En seulement deux ans, le nombre de satellites envoyés en orbite basse a quadruplé, générant aujourd’hui une quantité croissante de données. Mais, si les barrières d’accès à l’orbite s’abaissent, la connectivité de ces satellites permettant de les piloter et de redescendre les données générées vers la Terre est aujourd’hui le point de blocage majeur du marché, avec des conséquences sur la vitesse de déploiement des programmes satellite et leur performance (volume, vitesse et latence de la donnée).

Malgré l'existence d’acteurs proposant l’accès à des réseaux de stations sol sur un modèle "as a service", connecter un satellite (avec les bons paramètres radio et les bonnes modulations) avec un ou plusieurs de ces réseaux, qu’ils soient propriétaires ou partagés, reste aujourd’hui une source de complexité et représente une véritable barrière pour les opérateurs de satellites et petites constellations en orbite basse. A ces contraintes, il faut ajouter qu’actuellement, plus de 95% des données spatiales européennes transitent par des infrastructures américaines, ce qui pose des enjeux majeurs de souveraineté et de sécurité des données, notamment par rapport au US Cloud Act.

C’est à tous ces défis que compte répondre la jeune société française Skynopy qui vient d’annoncer une levée de fonds de 3,1 millions d’euros quelques mois donc après sa création en octobre 2023. Ce premier tour de table doit permettre à la start-up de développer son service clé en main de connectivité pour les opérateurs de satellites en orbite basse et donc de répondre aux besoins croissants d’une industrie spatiale en pleine expansion.

L’ambition de ses fondateurs, Pierre Bertrand et Antonin Hirsch, anciens directeurs de Loft Orbital, est dans les grandes lignes d’apporter la simplicité de la connectivité mobile au secteur des satellites et constellations en orbite basse grâce à un modèle économique unique et à des technologies d’interfaces clés.

Concrètement, Skynopy entend proposer un service clé en main, simplifié et accessible aux opérateurs de satellites pour connecter leur satellite (envoi de commandes et réception de données) grâce à un réseau d’antennes au sol. Cette approche "as-a-service" vise à permettre aux opérateurs de se concentrer sur leurs missions sans se soucier des détails techniques de la connectivité, et sans avoir à internaliser la coûteuse infrastructure sol d’antennes.

Dans ce cadre, Skynopy développe des "connecteurs universels" capables de s'interfacer avec les réseaux existants de stations sol. Cette stratégie, assure la start-up, lui permet de fournir une connectivité à des débits élevés tout en limitant son besoin en dépenses d’investissement et de se positionner ainsi comme une sorte d’Airbnb des antennes sol. Une stratégie apparemment payante puis Skynopy, en seulement six mois d’existence, a pu signer trois contrats d’étude et de dimensionnement avec des acteurs clés de l’écosystème spatial français, dont Hemeria, et l’agence spatiale française, le Cnes.

« Le segment sol, et plus précisément les stations sol, est le troisième pilier de la chaîne de valeur d’une infrastructure spatiale après le lanceur et les satellites, précise Pierre Bertrand, le CEO de Skynopy. Or aujourd’hui, les acteurs industriels ainsi que les politiques publiques ont eu tendance à sous-estimer ce pilier, pourtant essentiel à la création et au rapatriement de données et représentant jusqu’à 20% du coût d’une mission. Skynopy entend résoudre cette impasse et offrir une véritable rupture d’usage. »

Les fonds levés doivent permettre à la start-up d’accélérer le déploiement commercial de son offre de stations sol "as-a-service". Skynopy a déjà signé des partenariats industriels pour intégrer de premiers réseaux de stations sol ainsi que pour mettre en œuvre sa vision de connectivité clé en main. Enfin, le financement va lui permettre de structurer ses équipes grâce à de nouveaux recrutements.

Le tour de table de 3,1 millions d’euros a été réalisé auprès d’un pool d’investisseurs composé du fond paneuropéen Heartcore Capital, de Kima Ventures, de Better Angle, ainsi que de business angels tels que Thibaud Elziere, Yohann Leroy (CEO de Maia Space et ancien CTO d’Eutelsat), Paul Berloty (CEO Mojo), ou encore Fabrice Bernhard (CTO de Theodo) ainsi que Bpifrance.

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