Le conseil d’administration de l’opérateur de réseaux pour l'Internet des objets Sigfox a tranché et a décidé de mettre à la tête de l’entreprise, à la place de Ludovic Le Moan, son charismatique fondateur, Jeremy Prince, arrivé chez Sigfox en 2018 comme directeur de la stratégie, ...puis devenu en 2019 président de Sigfox aux Etats-Unis.... Parallèlement, le conseil a nommé Franck Siegel en tant que président-directeur général adjoint.
« Les succès et l'expérience de Jeremy Prince (NDLR : photo ci-dessous) dans l’accompagnement d'entreprises au travers de l'évolution de leurs modèles économiques ont été un facteur déterminant dans notre processus de sélection qui a inclus plusieurs candidats externes, commente Anne Lauvergeon, la présidente du conseil d’administration de Sigfox. Nous avons la plus grande reconnaissance pour la façon dont Ludovic a dirigé Sigfox au cours des dix dernières années, car il a indéniablement été la vision qui a nourri les succès de l'entreprise. »
Une page se tourne donc dans l’histoire de Sigfox qui depuis deux ans réoriente sa stratégie vers le cloud et la gestion des données pour devenir, dixit la société, le premier fournisseur mondial de services pour l’Internet des objets (IoT). Une évolution en cours qui ne se fait pas sans perturbations en interne puisque l’entreprise qui comptait à l’automne environ 210 salariés en France et 287 dans le monde (selon les chiffres de Sigfox) a lancé en septembre dernier un PSE (Plan de sauvegarde de l’emploi) afin de se séparer d’environ 13% de ses effectifs.
En cause une évolution du chiffre d’affaires plus modeste que prévu, et surtout stable depuis deux ans, aux alentours de 60 millions d’euros. Il faut dire que le nombre d’objets connectés à travers la technologie radio longue portée et basse consommation Sigfox s'est avéré jusqu'ici beaucoup plus faible que prévu, environ 17 millions à ce jour, alors que Sigfox tablait sur un nombre d'un milliard en 2023, perspective qui ne sera jamais atteinte, d’autant plus que la crise sanitaire est passée par là. Sans compter que Sigfox a levé 280 millions d’euros ces dix dernières années, avec des actionnaires de poids derrière ces investissements (on citera Bpifrance, Idinvest Partners, Elliott management, Air Liquide, GDF Suez, Total, Telefonica…). D’où le changement de stratégie mené par Sigfox depuis deux ans qui vise à ne plus être un « simple » opérateur de réseau.
Témoin de ce virage, la vente en septembre 2020 au fonds d’investissement luxembourgeois Cube Infrastructure Managers de son réseau déployé en Allemagne, que le Français exploitait jusque-là. Avec comme corollaire, la volonté chez Sigfox d’investir dans des algorithmes de collecte et de gestion de données dans le cloud. Autre indice fort de ce mouvement, le partenariat signé en ce début d’année avec Google Cloud pour faire migrer son infrastructure en nuage « privée » vers la plate-forme de cloud public du géant américain, et d’étendre par là-même son offre de services IoT. L’objectif étant à terme de pouvoir traiter, voire analyser, les quelque 63 milliards de messages émis chaque mois par des objets connectés en Sigfox.
Au fond, la société n’a pas encore trouvé réellement son modèle économique, et tente régulièrement des coups de sonde sur le marché, sans que l’on connaisse la pérennité de ces annonces (ouverture du protocole radio à des tiers, mise au point d'étiquettes RF passives, volonté de se lancer sur le marché des réseaux privés, connexions par satellite…).
Reste que Sigfox, qui a vu le jour à Toulouse et qui a développé un écosystème de start-up avec l’IoT Valley, demeure un pionnier des réseaux LPWAN qui sous l’impulsion de Ludovic Le Moan a su s’implanter dans le monde entier pour apporter la notion de transmission par voie radio de petites quantités de données à partir de capteurs et appareils connectés. Une véritable révolution il y a dix ans.
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