Sébastien Dauvé, le nouveau président de Jessica France-Cap’tronic, explique comment l’organisme qui accompagne les entreprises dans l'intégration de solutions électroniques et de logiciels embarqués dans leurs produits et leur processus de production a dû s'adapter au marché de l'électronique dans le contexte actuel....
Vous avez pris la présidence de Cap’tronic le 1er juillet de cette année, pouvez-vous vous présenter et faire un point sur Cap’tronic ?
SEBASTIEN DAUVE Mon parcours m'a amené à évoluer dans le domaine des technologies de l'électronique depuis plus de vingt ans, d'abord à la Direction générale de l'armement (DGA), puis au CEA-Leti, le laboratoire d'électronique et de technologies de l'information du CEA. La diffusion de l'électronique dans les applications traditionnelles fait partie de mes sujets de prédilection, avec un réel intérêt à mettre en lumière ce qu'apportent les nouvelles technologies telles que l'intelligence artificielle ou la 5G. J'arrive à la présidence de Cap’tronic après avoir déjà collaboré avec l'association pour accompagner des partenaires industriels sur des enjeux d'industrialisation des innovations et de transfert de technologies. Cap’tronic détient à ce jour une expertise pointue et éprouvée des systèmes électroniques et accompagne les entreprises, PME, ETI et grands groupes pour concrétiser leurs innovations dans l’électronique et l’Internet des objets. Ce que nous avons désormais formalisé dans nos deux offres, Cap’produit et Cap’process, tout en proposant également un bouquet de formations techniques et métiers à travers une troisième offre, baptisée Cap’compétence. Aujourd'hui, l'équipe de Cap'tronic compte une quinzaine d'ingénieurs experts qui interviennent sur tout le territoire national.
Ces deux dernières années ont été synonymes de beaucoup de changements et un nouveau positionnement en pleine crise sanitaire. Quel bilan faites-vous de cette période ?
SEBASTIEN DAUVE Avant la crise sanitaire, la numérisation des activités était amorcée dans la plupart des secteurs. Il s'agit d'un véritable mouvement de fond poussé par de nouvelles technologies comme la 5G ou de façon plus générale par les technologies liées à la connectivité. La crise sanitaire a eu un double effet. Elle a accentué le besoin d'accélérer cette tendance, mais elle a aussi engendré une forte perturbation des chaînes d'approvisionnement, en particulier au niveau des composants électroniques. Les entreprises de toute taille sont affectées et les fronts d'actions ne manquent pas pour Cap’tronic afin de supporter ses partenaires qui cherchent à résoudre ces difficultés d'approvisionnement mais aussi afin de les faire progresser dans leur transformation numérique, malgré ces aléas. Pour s'adapter à ce nouveau contexte, Cap’tronic s'est mobilisé en 2020 et 2021 pour développer et formaliser davantage son offre, notamment par le biais de la certification Qualiopi, décrochée pour le processus de formations. L'association s'est également ancrée en région afin de proposer une réelle proximité aux entreprises. Nous avons ainsi renforcé les synergies avec les régions Normandie, Pays de la Loire, Auvergne-Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte d'Azur, Occitanie et Nouvelle-Aquitaine, fortement impliquées dans le soutien aux PME.
Un certain retour à la normalité est en place, mais les besoins et les attentes des entreprises ont évolué. Comment l'organisme Cap’tronic appréhende-t-il 2022 ?
SEBASTIEN DAUVE Selon les analystes, le retour à la normale est plutôt attendu pour 2023. D'ici là, les entreprises vont se trouver fragilisées par les problèmes d'approvisionnement de composants, mais aussi par une carence de candidats à de nombreux postes qu'elles cherchent à pourvoir dans le domaine. C'est pourquoi il faut aujourd'hui revoir la façon de “faire de l'électronique” qui n'est plus une commodité toujours disponible. Les entreprises peuvent travailler plusieurs axes pour s'adapter : restructurer leurs approvisionnements et mutualiser les plus stratégiques, revoir certains produits pour trouver des alternatives au niveau des cartes électroniques, se convertir à l'électronique "frugale” autour des questions de basse consommation et de cycle de vie qui vont se traduire par une évolution croissante du cadre réglementaire. Sans oublier de capitaliser sur les tendances d'avenir telles que l'Intelligence artificielle sur le plan technologique, ou l'affirmation de la souveraineté électronique sur le plan stratégique qui concerne toute la filière.
(*) La certification “Référentiel National Qualité” RNQ – Qualiopi comporte sept critères répartis en 32 indicateurs qui portent sur les modalités de conception et de réalisation d’une prestation, notamment pour la formation professionnelle. La certification Qualiopi s’étend sur un cycle de 3 ans avec un audit initial et un audit de surveillance à mi-parcours.