Centrée sur la fourniture de blocs d’IP et de circuits d’accélération matérielle pour l’inférence de l'intelligence artificielle (IA), le traitement évolué du signal et les algorithmes complexes, la jeune société française Vsora annonce avoir levé 40 millions d’euros auprès d’un groupe d’investisseurs mené par le fonds Otium et par un “family office” français, avec la participation d’Omnes Capital, d’Adélie Capital et un co-financement du Fonds du Conseil Européen de l’Innovation (*), Vsora ayant déjà reçu en 2023 13,6 millions d’euros provenant de ce fonds.
La société forte d’une trentaine d’ingénieurs avait bouclé un premier tour de table en 2018 de 1,7 millions d'euros, suivi d'un second en 2023 à hauteur de 4,2 millions d’euros.
L’entreprise créée en 2015 par des ingénieurs spécialistes du traitement du signal numérique de DiBcom (acquis en 2011 par le groupe Parrot) et basée à Meudon La Forêt, a développé une architecture de processeur qui selon la société améliore significativement les performances d'un large éventail d'applications, de l'IA générative jusqu'à la conduite autonome en passant par l’intelligence artificielle en périphérie de réseau (edge).
Son architecture à puce unique est selon la société capable de surmonter les problèmes du goulet d’étranglement de la mémoire et d’accélérer les implantations d'IA générative.
Ainsi, en 2024, Vsora avait dévoilé sous le nom de Jotunn sa solution phare de type chiplet (**) destinée à améliorer les performances de l'inférence des logiciels d’IA générative, en affichant une puissance de traitement jusqu'à 3,2 pétaflops avec une efficacité algorithmique de plus de 50% pour l’algorithme GPT-3.5 ou GPT-4, alors qu’en règle générale les rendements se situent actuellement autour de 2% à 4%, selon Vsora.
Au-delà, contrairement aux accélérateurs traditionnels optimisés pour l’entraînement de modèles, la technologie de Vsora se concentre sur l'inférence ce qui la rend adaptée aux applications sensibles à la latence.
La société a également développé la famille de circuits de calcul compagnons baptisée Tyr, annoncée en 2022, conçus pour accélérer les traitements des plates-formes de conduite autonome pour l’automobile de niveau L3 à L5. Des puces qui reposent sur l'architecture AD1028 de VSora et procurent une puissance comprise entre 400 et 1 600 téraopérations par seconde pour une consommation électrique d'environ 10 W.
Selon Vsora, la croissance explosive des applications d'IA et d’IA générative a créé sur le marché une demande de solutions d'inférence performantes et économiques. L'inférence – qui consiste à déployer des modèles d'IA entraînés pour générer des informations et des prédictions en temps réel – devrait ainsi voir son marché croître de 16 % par an, passant de 124 milliards de dollars en 2025 à 255 milliards en 2030.
Khaled Maalej, fondateur et directeur général de Vsora
« Ce financement marque un tournant majeur pour Vsora en accélérant notre ambition de révolutionner les puces d’IA, afin d'assurer la souveraineté technologique européenne en matière de calcul IA, commente Khaled Maalej, fondateur et directeur général de Vsora. Ces fonds permettront de finaliser notre technologie et de lancer la production de nos circuits, et ainsi de jouer un rôle essentiel en tant qu’alternative aux concepteurs de puces non européens. »
Parallèlement, Vsora va poursuivre sa collaboration avec des acteurs stratégiques en vue de l’industrialisation, préparant ainsi l'émergence d'un leader européen en matière de puces IA représentant de fait une opportunité pour la France et l'Europe, qui disposent d’ingénieurs de classe mondial, de rivaliser avec des géants mondiaux comme Nvidia.
(*) Le Fonds du Conseil Européen de l’Innovation (EIC Fund) de la Commission européenne est un fonds agnostique qui investit dans toutes les technologies de rupture, en établissant des passerelles avec les acteurs du marché, en attirant des investisseurs privés et en partageant davantage les risques. Il fournit la composante investissement de l’EIC Accelerator avec comme conseiller la Banque européenne d’investissement.
(**) La technologie des chiplets consiste à déconstruire un circuit intégré monolithique en blocs fonctionnels distincts, à transformer ces blocs en unité de base - les chiplets - puis à les réassembler au niveau du packaging. L'objectif final état de concevoir un circuit fondé sur un assemblage de chiplets est d'améliorer les performances tout en réduisant les dépenses globales de production.