C’est LE rachat de l’été. Le groupe télécoms japonais SoftBank a annoncé lundi 18 juillet, par la voix de son président Masayoshi Son, sa volonté de racheter la société britannique ARM, concepteur de coeurs de processeurs vendus ...sous forme de licences, pour un montant de 31 milliards de dollars (soit 29 milliards d’euros). Une prise de contrôle à 100% d’ARM qui sera réalisée entièrement sous forme numéraire pour une somme qui va au-delà de la capitalisation boursière de la firme britannique, établie aux alentours de 22 milliards de dollars vendredi 15 juillet à la fermeture de la bourse de Londres. Dans le communiqué officiel, SoftBank indique qu’il va offrir 17 livres par action, soit un bonus de 43% par rapport à ce cours boursier.
En 2013 SoftBank avait déjà réalisé une très grosse opération en s'offrant l’opérateur de télécommmunication américain Sprint pour un montant de 21,5 milliards de dollars, devenant ainsi le 3e opérateur mobile au monde, derrière le chinois China Mobile et l’américain Verizon. En France, SoftBank s’est fait connaître en officialisant en 2014 le contrôle du français Aldebaran (à hauteur de 78% du capital), concepteur de robots humanoïdes dont le célèbre Nao.
Selon les termes du communiqué de SoftBank, le siège social d’ARM va demeurer en Angleterre à Cambridge, et SoftBank compte doubler les effectifs d’ARM au Royaume-Uni, en embauchant d’ici 2020 au moins 1 500 personnes (ARM, fondé en 1990, compte environ 4 000 personnes dans le monde dont 1 600 outre-Manche).
L'une des clés de ce rachat, pour SoftBank, est la promesse du marché de l’Internet des objets sur lequel ARM est très bien positionné, notamment avec ses architectures Cortex. « Il s’agit d’un investissement stratégique pour SoftBank, commente dans un communiqué Masayoshi Son, le CEO de la société. Nous investissons pour capter les immenses possibilités offertes par l’Internet des objets. » Les prévisions de marché des puces ARM à l’horizon 2020 montrent d’ailleurs clairement à ce sujet une forte progression de ces architectures dans le monde automobile et dans celui de l’IoT, alors que le marché des smartphones, où l'architecture ARM règne en maïtre, va commencer à stagner (voir tableau ci-dessous).
Via ce rachat d’envergure, l'un des plus importants en Europe ces dernières années dans le domaine des hautes technologies, le Japon va aussi renforcer son influence sur le secteur des semi-conducteurs, SoftBank rejoignant ainsi ses compatriotes Toshiba, Renesas et Sony, pour ne citer que les plus importants, dans le gotha mondial des fournisseurs de puces.
Reste que ce rachat pourrait aussi poser des problèmes d’indépendance pour certains clients américains ou européens d’ARM. Une opportunité peut-être pour d’autres technologies de processeurs de se développer en parallèle, comme les architectures Mips, reprises par le britannique Imagination Technologies en 2012, ou pourquoi pas les architectures en open source RISC-V qui commencent à intéresser bon nombre de poids lourds des technologies de l'information et certaines sociétés de semi-conducteurs (voir notre article sur ce sujet ici).