Filiale du groupe français Absolut spécialisée dans la mesure satellitaire des gaz à effet de serre (GES), la société grenobloise Absolut Sensing, créée en 2021, a été sélectionnée par le programme Copernicus (*) de l’Union européenne pour la surveillance des émissions de méthane par satellites. Le soutien européen, coordonné par la Commission européenne et l’Agence spatiale européenne (ESA), prend la forme d’un contrat d’achat de données sur les émissions de méthane qui seront détectées par l’entreprise française grâce à ses satellites GESat.
Pour rappel, Absolut Sensing s’est donné pour objectif de déployer une constellation de nanosatellites de détection du méthane pour répondre au défi du réchauffement climatique. La jeune pousse a franchi une étape importante en ce sens fin 2022 en sélectionnant le lituanien NanoAvionics comme constructeur de son satellite de démonstration GEN1 (lire notre article).
Selon Absolut Sensing, qui développe des instruments hyperspectraux miniaturisés et refroidis compatibles avec des plates-formes de type CubeSat, la future constellation satellitaire GESat fournira aux pouvoirs publics et aux industriels un moyen de contrôler et de diminuer la pollution émanant de l’activité humaine. Conçu en trois phases, le plan de déploiement de la constellation prévoit le lancement en 2025 d’une première flotte de douze satellites focalisés sur la mesure des émissions de méthane (CH4).
« Je félicite Absolut Sensing d’avoir rejoint le programme Copernicus Contributing Missions, indique Simonetta Cheli, directrice des programmes d’observation de la Terre à l’ESA. Il s’agit d’un témoignage de l’évolution de Copernicus, de l’importance d’intégrer des données commerciales, et un vote de confiance pour le NewSpace européen de l’observation de la Terre. » Le contrat signé entre Absolut Sensing et le programme Copernicus Contributing Missions de l’Union européenne s’élève à plusieurs millions d’euros pour une durée de cinq ans. Il prévoit en particulier, une fois le premier satellite d’Absolut Sensing en orbite, la fourniture de données sur les émissions de méthane et leur exploitation par le service CAMS (Copernicus Atmospheric Composition Services) et par d’autres parties prenantes du programme européen. Ce premier contrat pourra par la suite déboucher sur un contrat plus important une fois les douze premiers satellites en vol.
« Ce contrat est une preuve claire que l’Union européenne prend le sujet du réchauffement climatique résultant des émissions de méthane très au sérieux, ajoute Tristan Laurent, directeur général d’Absolut Sensing. Nous comptons fournir des données précises, fiables et renouvelées fréquemment dans le combat contre le changement climatique. »
Pour une couverture complète de la surface terrestre, Absolut Sensing a prévu d’envoyer une constellation de 24 satellites d’ici à 2027, dénommée GESat, en ajoutant aux douze précédemment cités (et focalisés sur la détection des émissions de méthane) six satellites supplémentaires qui permettront la mesure de la pollution de dioxyde de carbone (CO2), puis une dernière fournée de six satellites pour la mesure du protoxyde d'azote (N2O). Le tout pour un investissement de 100 millions d’euros.
Le premier satellite de test sera lancé courant 2024, avant que la première série de satellites GESat soit envoyée en orbite en 2025.
Selon Absolut Sensing, les données sur les émissions de méthane s’adressent aux industriels, aux compagnies d’assurance ou aux acteurs financiers qui cherchent à diminuer l’emprunte carbone de leurs investissements. L’objectif de la société française est aussi de devenir le fournisseur privilégié de ce type de données pour les organisations et gouvernements désireux de détecter et de contrôler les émissions de méthane.
(*) Copernicus est le programme d’observation de la Terre de l’Union européenne. Il s’intéresse à notre planète et à son environnement pour le bénéfice de tous les citoyens européens. Il offre des services d’information s'appuyant sur l’observation de la Terre par satellite et les données in situ (non spatiales).
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