Le groupe allemand Bosch (*) vient de créer une nouvelle unité commerciale, qualifiée par l’entreprise de "start-up interne", pour commercialiser des capteurs quantiques. Cette structure autonome va mutualiser les résultats de la recherche sur le sujet et les traduire en produits afin d’anticiper la croissance attendue de ce marché. Elle sera dirigée par Katrin Kobe, titulaire d'un doctorat en physique, qui apporte ses 25 ans d'expérience chez Bosch en gestion de projets auprès d’entreprises technologiques, avec une équipe qui devrait dépasser les 20 personnes dès cette année. La nouvelle unité commerciale sera située dans les locaux de Bosch à Ludwigsburg près de Stuttgart et fera partie, d’un point de vue organisationnel, de la division Bosch Automotive Electronics, sise à Reutlingen, non loin également de Stuttgart.
Les capteurs quantiques utilisent les atomes individuels d'un gaz ou des défauts dans les solides comme instruments de mesure atomique. En raison de la manière dont ils sont initialisés avant la mesure et de leur capacité à détecter des états quantiques individuels après la mesure, ces capteurs atteignent une précision très élevée. Une approche technologique qui permettra bientôt, selon Bosch, d'effectuer des mesures 1 000 fois plus précises que celles réalisées par les capteurs Mems (Micro-Electro-Mechanical Systems) actuels dont Bosch est l'un des fournisseurs majeurs.
Toujours selon Bosch, les capteurs quantiques pourront, par exemple, aider à diagnostiquer plus précisément et plus facilement des maladies neurologiques telles que la maladie d'Alzheimer et la maladie de Parkinson. Ils pourront également être utilisés pour enregistrer l'influx nerveux, et ainsi à terme contrôler des membres artificiels. Ces capteurs pourront également détecter les plus infimes changements dans la position d'un objet.
Fort de plus de sept ans de travaux sur le sujet, Bosch a d’ores et déjà construit des démonstrateurs fonctionnels pour un magnétomètre et un gyromètre quantiques. Les magnétomètres quantiques peuvent, par exemple, être utilisés pour détecter les minuscules champs magnétiques générés par les processus physiologiques, tandis que les gyromètres quantiques autorisent la détection de haute précision des rotations pour la navigation de systèmes autonomes.
L'objectif à long terme, selon la société, est de poursuivre la miniaturisation de ces capteurs et de les intégrer sur une puce électronique. Bosh se considère aujourd’hui en avance dans le domaine, et souhaite donc aller plus loin en utilisant ces connaissances acquises comme bases pour de futurs modèles commerciaux, sur un marché des capteurs quantiques attendu en forte croissance.
Selon le cabinet d’études McKinsey & Co., ce marché devrait ainsi atteindre à terme 7 milliards de dollars, notamment pour des applications de détection. En 2021, McKinsey & Co estime que 22 milliards de dollars ont été d’ores et déjà investis dans le monde sur la technologie quantique.
« La technologie quantique repousse les limites de ce qui est possible - à la fois dans le traitement des données et dans leur acquisition à travers des capteurs, explique Jens Fabrowsky, vice-président exécutif de Bosch Automotive Electronics. L'objectif est de tirer parti des bénéfices concrets des effets quantiques, du développement de groupes motopropulseurs, neutres en carbone, pour le domaine automobile jusqu’au diagnostic neurologique pour le domaine médical. »
(*) Les activités du groupe Bosch sont réparties en quatre domaines : solutions pour la mobilité (dont l'électronique automobile), techniques industrielles (dont les technologies de commande de moteur de puissance et de machines), biens de consommation (appareils électroménagers ) et techniques pour les énergies et les bâtiments. A travers sa filiale Bosch Sensortec, la société développe et commercialise une gamme étendue de capteurs Mems .