Menées en collaboration par la jeune société française Greenerwave, l’AID (Agence de l’innovation de défense) et la DGA (Direction générale de l’armement), à travers son centre d’expertise et d’essais, les expérimentations réalisées par ces trois partenaires ces derniers mois ont permis d’établir des liens entre des stations militaires et une station équipée de l’antenne Greenerwave, avec en particulier des visioconférences de bonne qualité réalisées par le biais du satellite militaire français Syracuse 4A.
Les différentes campagnes d’essais ont démontré, selon les protagonistes, la montée en puissance de la technologie de Greenerwave à travers un contrôle accru des ondes, des débits de données plus élevés et la réalisation concrète d’une capacité multifaisceaux de l’antenne.
Pour rappel, Greenerwave, issu de l’Institut Langevin et fondé en 2015, a développé une technologie de surfaces intelligentes reconfigurables dont l’objectif est de diriger plus efficacement, et en temps réel, des ondes porteuses de signal. Cette approche, plus performante, moins énergivore et moins demandeuse en semi-conducteurs que les antennes classiques selon la société, répond aux besoins de connectivité en permanence, quel que soit l’endroit où l’on se trouve, alors que les réseaux classiques peuvent occasionner des interruptions dommageables, notamment dans des domaines à fortes contraintes de sécurité (défense, sites nucléaires…).
Afin de parvenir à cet objectif, Greenerwave conçoit des métasurfaces composées d’éléments passifs de taille centimétrique appelés pixels (sans recours à un procédé d’amplification, d’où une très faible consommation), agissant comme un ensemble de micromiroirs, chacun d’entre eux pouvant modifier la direction de l’onde réfléchie. Les interactions entre pixels et ondes sont pilotées par des algorithmes issus du monde de la physique qui orientent les ondes après réflexion sur la surface. Cet ensemble matériel/logiciel optimise de fait la transmission et la qualité de signaux sans fil, en particulier dans trois domaines applicatifs visés par la société : les télécoms et la connectivité terrestre et non terrestre (satellites), l’imagerie radar et l’Internet des objets (IoT).
A l’origine des essais sur le terrain susnommés, on trouve l’analyse de la DGA qui estime que les futurs terminaux de satellites de communication militaires devront être en mesure de suivre dynamiquement la course d’un, voire de plusieurs satellites en orbite basse défilants. Si les solutions actuelles sont constituées de plusieurs émetteurs dont on contrôle l’amplitude et la phase en fonction de la direction visée, cette technique demeure complexe, onéreuse et particulièrement énergivore.
Dans ce contexte, l’antenne développée par Greenerwave a pour ambition de contrôler les ondes à la suite de leur émission, plus précisément de contrôler le rayonnement d’une cavité réverbérante semi-ouverte dont les parois sont recouvertes de métasurfaces aux propriétés électromagnétiques modifiables. Cette approche ouvre la voie à un contrôle passif des réflexions des ondes électromagnétiques (plutôt que leur émission), ce qui permet de minimiser la complexité et donc le coût et la consommation d’énergie de l’antenne.
Enfin, signalons que, consciente du potentiel de l’entreprise, l’Agence de l’innovation de défense, à travers le fonds Innovation Défense a participé en janvier 2024 à une levée de fonds de 15 millions d’euros pour Greenerwave, menée aux côtés de Safran Corporate Ventures, Intelsat, BNP Paribas Développement et Plastic Omnium.
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