Créée en juin 2017 et spécialisée dans l'éclairage intelligent pour les villes et l'industrie, la jeune société française Witti a développé une offre complète de supervision et de contrôle de l'éclairage public qui repose sur un réseau de communication sans fil utilisant le protocole Wirepas Mesh. Une technologie qui garantit un déploiement des réseaux sans aucune configuration, avec possibilité de mise en place d’infrastructures denses, reconfigurables à la volée et échelonnables au niveau couverture. ...
Au sein des applications de la ville intelligente, l’éclairage urbain connecté a actuellement le vent en poupe. Souvent bâti sur des infrastructures vieillissantes et énergivores, l’éclairage public peut en effet représenter jusqu’à 40% des dépenses électriques des communes. Quand on associe cette donnée à un coût de l’énergie qui augmente inexorablement de 5% par an, il n’est pas besoin d’être grand clerc pour comprendre que les collectivités locales, dont les finances diminuent comme peau de chagrin, cherchent aujourd’hui des solutions nouvelles pour l’éclairage urbain. Solutions qui généralement s’appuient, d’un côté, sur un parc de luminaires à LED équipés d’un dispositif électronique connecté de contrôle/commande et de divers capteurs et, de l’autre, sur une plate-forme de programmation et de supervision. Des approches qui laissent présager des réductions drastiques (potentiellement de 75 %) des factures énergétiques des collectivités locales.
Frédéric Guinard, cofondateur et directeur général de Witti
C’est justement sur ce marché que se positionne aujourd’hui la jeune société française
Witti, créée en juin 2017 et spécialisée dans l'éclairage intelligent pour les villes et l'industrie. «
Depuis 2016, nous avons développé une offre complète de supervision et de contrôle de l'éclairage public qui repose sur un réseau de communication sans fil utilisant le protocole Wirepas Mesh, détaille Frédéric Guinard, cofondateur (avec Jérôme Reboul) et directeur général de la start-up dont le siège est basé à Loos-en-Gohelle (62), tout près de Lens.
Nous sommes partenaires depuis le départ de la société finlandaise Wirepas dont la technologie nous a semblé pertinente à plusieurs point de vue et qui fonctionne d’autant mieux que le réseau est dense, ce qui est le cas dans les milieux urbains. »
On rappellera que
Wirepas a développé un protocole pour
réseaux radio maillés multi-sauts, auto-organisés et distribués, optimisé pour les communications de machine à machine, les capteurs sans fil et l’Internet des objets. La pile de protocoles Wirepas Mesh a été conçue pour que le réseau prenne lui-même en charge des tâches qu'il est plus compliqué, voire impossible, à optimiser de façon centralisée par un coordinateur unique. Tous les nœuds d’un réseau Wirepas peuvent donc fonctionner de manière indépendante et choisir la route la plus appropriée pour transférer les informations de nœud en nœud. Dès lors, la technologie, qui peut exploiter n’importe quel jeu de circuits radio fonctionnant dans les bandes ISM à 2,4 GHz ou sous le gigahertz, garantit un déploiement des réseaux sans aucune configuration avec possibilité de mise en place d’infrastructures denses et échelonnables au niveau couverture.
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En utilisant la technologie Wirepas Mesh, nous bénéficions aussi des avantages d’une communication bidirectionnelle et de mécanismes de reconfiguration automatique en cas de défaillance d’un nœud qui assurent une sécurité de fonctionnement en permanence, ajoute Frédéric Guinard.
L’approche est également économique puisque chaque nœud fait office de relais, ce qui évite le recours à des répéteurs et limite le nombre de passerelles vers Internet.
Enfin la technologie Wirepas permet de se passer des opérateurs télécoms ou IoT. »
Dans le détail, la solution de Witti, qui se veut complète, s’articule autour d’une plate-forme de supervision, d’une ou de plusieurs passerelles compatibles Wirepas (d’origine Eurotech) pour la connexion à un réseau de communication cellulaire ou Ethernet, et de luminaires LED équipés chacun d’un module de communication Wirepas utilisant la bande des 868 MHz et de logiciels embarqués. « Il est ainsi possible d’associer à chaque luminaire un scénario de fonctionnement, l’objectif étant d’éclairer au bon endroit et au bon moment avec le bon niveau de luminosité, précise le dirigeant de Witty. Cela permet d'adresser à chaque luminaire du réseau ses paramètres de fonctionnement, et de préciser l'intensité lumineuse voulue en fonction de sa localisation géographique et de sa tranche horaire de fonctionnement. Associés à des capteurs qui peuvent être intégrés ou dissociés, les luminaires peuvent également réagir à des événements extérieurs (détection de mouvements ou détection de variation de luminosité) et adapter leur niveau de puissance lumineuse à un niveau préalablement défini. Et ces scénarios, il est possible de les modifier au fil de l’eau. »
La passerelle (d'origine Eurotech) utilisée par Witti
La solution pour éclairage public de Witti a déjà été déployée sur un pilote à Aubigny-au-Bac (59) et le sera prochainement sur Loos-en-Gohelle. La jeune pousse a par ailleurs répondu à un premier appel d’offres d’envergure émis par un ville de taille moyenne pour un déploiement prévu d’ici à la fin de l’année. « Tous les efforts de recherche et développement ont été menés en France avec des partenaires hexagonaux, les ingénieurs de Witti, dont l’effectif est aujourd’hui composé de cinq personnes, disposant surtout de compétences en logiciels embarqués », tient à préciser Frédéric Guinard.
Une version pour l'éclairage industriel
La jeune société ne compte pas, toutefois, s’arrêter à l’éclairage urbain et prévoit de lancer au cours du 3e trimestre une version de sa solution, adaptée à l’éclairage des bâtiments industriels et des plates-formes logistiques, tirant profit cette fois-ci d'une technologie Wirepas/Silicon Labs à 2,4 GHz. « Nous sommes en train d’analyser des cas d’usage qui vont plus loin que le simple éclairage intelligent en équipant notre plate-forme de capteurs ad hoc pour, par exemple, le comptage de personnes, le suivi d’actifs ou la surveillance de l’occupation de l’espace par les personnes », dévoile le dirigeant de Witti. D’ailleurs la start-up compte aussi dans une deuxième phase de son développement mettre en place des applications de la ville intelligente à partir du réseau existant d’éclairage reliant les luminaires connectés. Exemples cités : la mesure de la pollution atmosphérique, la gestion des places de stationnement, etc. A suivre donc.