En dématérialisant la box domotique sous la forme d'une application téléchargeable dans des décodeurs TV, des Smart TV ou des passerelles Internet, la start-up française ZiBlue a développé une approche qui, selon elle, permet à un coût réduit de transformer n’importe quelle résidence en maison connectée et de l’équiper avec n’importe quel objet ou dispositif communicant, quelle qu’en soit son origine. Finie aussi la guerre des protocoles. ...
Rebaptisé sous les labels plus à la mode de « maison connectée » ou de « smart home », le marché de la domotique n’a toujours pas répondu aux formidables attentes des spécialistes du secteur, le taux de pénétration des technologies de mise en réseau de périphériques et d’objets communicants dans les lieux d’habitation restant désespérément bloqué aux alentours de quelques pour cent. « Même si l’on promet des réductions de consommation d’énergie substantielles grâce à la maison connectée, le coût à l’achat et la complexité des équipements restent toujours trop élevés, limitant de ce fait la domotique aux particuliers relativement fortunés ou aux geeks, commente Laurent Perez, dirigeant et cofondateur de la jeune société ZiBlue, créée en mars 2016 et justement positionnée sur ce marché avec une approche originale. D’autre part, l’interopérabilité sur le créneau de la maison connectée reste un vain mot. Entre ZigBee, Z-Wave, Wi-Fi, EnOcean et autres Bluetooth, il existe une dizaine de protocoles de communication ouverts auxquels il faut ajouter les protocoles propriétaires de grands équipementiers comme Somfy, Delta Dore, etc. Ce fouillis technologique génère des univers captifs avec en corollaire, là encore, des coûts d’accès trop chers. L’univers du smart home reste donc encore hors de portée d’un marché de grande consommation. Or c’est justement à ce marché que ZiBlue compte s’adresser. »
Laurent Perez, CEO et cofondateur de ZiBlue
Pour ce faire, la start-up a développé une approche qui, selon elle, permet à un coût réduit de transformer n’importe quelle résidence en maison connectée et de l’équiper avec n’importe quel objet ou dispositif communicant, quelle qu’en soit son origine. Dans le détail ZiBlue s’appuie sur trois innovations. La première a consisté à dématérialiser la box domotique. Ici plus de matériel spécifique ; le hub de la maison connectée devient une application sous Android ou Linux, la ZiHome, que tout un chacun peut aller récupérer sur le Web dans des boutiques en ligne et télécharger dans des décodeurs TV, des Smart TV, des passerelles Internet ad hoc. Le tout en moins d’une minute, assure la jeune société française. Selon ZiBlue, la ZiHome, qui a une connaissance de l’ensemble des protocoles radio susceptibles d’être utilisés dans l’univers de la smart home, est apte à piloter tous les périphériques domotiques et objets connectés répartis sur un lieu d’habitation.
Une clé USB multiprotocole
« Mais un cerveau n’est rien sans bouche et oreilles… et les appareils dans lesquels la ZiHome peut être téléchargée ne disposent bien souvent que d’une liaison sans fil Wi-Fi, ajoute Laurent Perez. Notre deuxième innovation réside dans la mise à disponibilité de clés USB aptes à communiquer dans les bandes 433 MHz et 868 MHz et à commander à distance des produits utilisant des protocoles domotiques fermés comme, par exemple, des volets Somfy. Ces clés, conçues par nos soins, peuvent d’ailleurs également fonctionner sans aucun problème sur des box domotiques existantes. » Qui peut le plus peut le moins et la ZiHome est aussi capable de reconnaître des clés USB du commerce exploitant des protocoles ouverts comme EnOcean, Z-Wave ou ZigBee. Du coup, explique ZiBlue, l’utilisateur n’est plus entravé par les protocoles radio. Pour équiper sa maison connectée, il peut choisir le périphérique le moins cher pour un usage donné ou intégrer des périphériques existants au sein d’une plate-forme unique.
La clé USB conçue par ZiBlue
La start-up complète son offre avec une application de pilotage sur smartphone (ZiPilot) qui donne accès aux périphériques et aux objets connectés et permet de mettre en place des scénarios de déclenchement d’événements à travers un service dans le nuage compatible IFFTT (If This Then That). « Actuellement soumise à des bêta tests, notre offre, qui a été présentée au public en janvier 2017 à l’occasion du CES de Las Vegas, sera officiellement disponible dans le courant du troisième trimestre de cette année, précise le CEO de ZiBlue. Par contre, la clé USB que nous avons développée (et qui peut donc se connecter à n’importe quelle box domotique) sera vendue dès le mois de mars. »
Une levée de fonds prévue dans quelques mois
Plus globalement, la start-up a opté pour un modèle économique basé sur la commercialisation d’une offre de services sur abonnement qui ne devrait pas excéder quelques euros par mois et qu’elle proposera soit en direct, soit via des grands comptes du type opérateurs télécoms ou grandes marques qui ne disposent pas aujourd’hui d’offres pour la maison connectée. « Nous proposerons un service de base avec la ZiHome, l’application ZiPilot et la possibilité d’automatiser des événements dans le cloud, auquel viendront s’ajouter des services optionnels comme l’assistance, l’apprentissage automatique, l’intelligence artificielle, etc. », ajoute Laurent Perez.
Avec un effectif de cinq personnes complété par plusieurs intervenants extérieurs réparti entre Paris et Sophia Antipolis, ZiBlue a tout récemment reçu la labellisation « Entreprise innovante des pôles » par les pôles de compétitivité SCS (Solutions communicantes sécurisées) et Systematic. La start-up, qui avait pu racheter en 2016 les actifs technologiques de la défunte société Zodianet, à l’origine de la première box domotique multiprotocole, compte effectuer une première levée de fonds vers le milieu de l’année pour se développer à l’international et renforcer ses équipes de support.