Avec les futurs véhicules définis par logiciel SDV (Software Defined Vehicles), les technologies de l’informatique en nuage et les méthodologies de développement "cloud-native" vont se banaliser dans le domaine automobile. Mais cette évolution impose la mise en œuvre de coopérations plus ou moins étroites entre constructeurs, équipementiers, éditeurs et fournisseurs de semi-conducteurs. Des coopérations qui peuvent passer par des travaux menés au sein d’initiatives communautaires comme le groupe SDV de la fondation Eclipse ou le groupe d’intérêt Soafee mis en place par la société Arm. Mais pas seulement.
Le groupe Renault a en effet annoncé hier 8 novembre 2022 avoir renforcé ses partenariats avec Google et Qualcomm Technologies avec la signature de nouveaux contrats portant sur la conception et la réalisation de l’architecture numérique du véhicule défini par logiciel et sur le renforcement de la transformation numérique du groupe.
Dans le cadre de leur collaboration, Renault et Google comptent ainsi développer un ensemble de composants logiciels conçus pour une plate-forme SDV, à la fois à bord et en périphérie du véhicule. Les deux entreprises souhaitent aussi créer un véritable jumeau numérique doté des technologies d’intelligence artificielle (IA) les plus évoluées pour faciliter l’intégration continue de services dans le véhicule et la création de nouvelles applications embarquées (In-Car Services) ou débarquées sur demande. « Dotée d'une plateforme informatique partagée, de mises à jour continues et d'un accès rationalisé aux données de la voiture, l'approche SDV développée en partenariat avec Google transformera nos véhicules en objets plus technologiques, assure Luca de Meo, le CEO du groupe Renault. Notre partenariat stratégique avec Google nous permettra aussi d’accélérer notre transformation numérique de bout en bout, de la conception de la voiture à son lancement sur le marché en passant par sa fabrication, et in fine, d’apporter de la valeur ajoutée à nos clients. »
Pour le constructeur automobile, le véhicule défini par logiciel rassemblera le meilleur des mondes de l'automobile et du numérique et permettra de proposer de nouveaux services à la demande et des mises à jour continuelles sur les véhicules, et ce en s’appuyant sur la collaboration existante avec Google portant sur le système d’exploitation Android Automotive et les technologies cloud de Google.
Dans ce cadre, Renault compte approfondir son utilisation des technologies Google Cloud pour les développements logiciels associés au véhicule défini par logiciel afin de mieux gérer la capture de données et leurs analyses, de manière sécurisée et confidentielle. Parmi les premiers cas d’usage en développement, le groupe français cite notamment la maintenance prédictive pour mieux détecter et rectifier les défaillances en quasi-temps réel si nécessaire, et la mise en œuvre d’expériences personnalisées de vie à bord du véhicule pour s’adapter aux comportements de conduite, aux destinations communes (stations de recharge électrique), etc.
Quant à la collaboration avec Qualcomm Technologies, qualifiée de coopération stratégique à long terme, elle porte sur le codéveloppement de plateformes de calcul à hautes performances reposant sur les solutions Snapdragon Digital Chassis de l’Américain pour la future génération de véhicules SDV de Renault. Mise en avant par Qualcomm lors de la dernière édition du CES, la solution Snapdragon Digital Chassis, rappelons-le, est composée d'un ensemble de plates-formes ouvertes et échelonnables, connectées au cloud, bâties sur une architecture unifiée et pouvant être mises à jour tout au long du cycle de vie du véhicule. Elle est notamment constituée des plates-formes Snapdragon Ride (pour les systèmes avancés d’aide à la conduite ADAS), Snapdragon Cockpit (pour le cockpit numérique) et Snapdragon Auto Connectivity.
Selon Renault, ces plateformes de calcul codéveloppées avec Qualcomm et destinées aux véhicules définis par logiciel sont prévues pour 2026 et seront ouvertes aux constructeurs partenaires de Qualcomm.
Ainsi, à partir de 2026, les véhicules de Renault devraient utiliser la plateforme SDV, y compris les nouvelles générations de la solution Snapdragon Digital Chassis, conçues pour les nouveaux cockpits sous Android. Cette architecture, explique le constructeur automobile, rendra l'expérience à bord plus immersive et plus personnelle, et centralisera les données sur une unité de traitement physique PCU (Physical Computer Unit) avec d'autres fonctions du véhicule comme les systèmes ADAS, la carrosserie, le châssis, la télématique, la connectivité, les communications CPL (Courants porteurs en ligne), la sécurité fonctionnelle et la cybersécurité.
Cette approche devrait garantir une optimisation des coûts matériels et logiciels en assurant une connexion directe à une unité physique d’interface PIU (Physical Interface Unit) qui assurera une interface de type zonale avec les activateurs du véhicule.
Ajoutons que Renault et Qualcomm ont aussi annoncé que Qualcomm Technologies, ou l'une de ses filiales, investirait dans la société consacrée aux véhicules électriques et aux logiciels du groupe français, connue pour l’heure sous le nom d'Ampere.