A l'heure actuelle, les plates-formes de développement de logiciels pour la robotique sont aussi nombreuses et hétérogènes que les différents types de robots existants. Elles sont dépendantes du type de robot (robot de service, collaboratif, agricole…) et de son environnement ...(en cage, en extérieur, en milieu occupé…). L’effort de maintenance de ces plates-formes robotiques et le coût de développement des robots sont donc loin d’être négligeables. Pour tenter de mettre un terme à cet état de fait, le projet européen H2020 RobMoSys, lancé début 2017, a pour objectif de définir une méthode et un environnement de conception communs "pour fournir des logiciels de qualité à coût maîtrisé, en impliquant tous les acteurs de la communauté robotique".
Soutenu par Siemens, l’espagnol PAL Robotics, l’italien Comau, le CEA, la fondation Eclipse, l’université technique de Munich, l’université KU Leuven, l’université de sciences appliquées d’Ulm et l’association EUnited Robotics, le projet va construire une plate-forme de conception commune, reposant sur des modèles logiciels composables. Cette plate-forme viendra en appui, au-dessus des plates-formes robotiques existantes, pour les enrichir tout en préservant leur spécificité et leur indépendance. L’objectif est donc de proposer des composants logiciels sur étagère, fournis avec une description détaillée (fonctionnement, maturité, contraintes d’utilisation) et réutilisables d’un robot à un autre. Par exemple, un intégrateur pourra prendre un module développé dans un environnement spécifique (comme ROS, Yarp, SmartSoft, MOOS, Orocos, Reflexxes, MoveIT…) et l’intégrer dans son propre environnement, grâce aux modèles indépendants des plates-formes et à des passerelles adaptées.
Le List, institut de CEA Tech, contribue à ce projet en mettant son expertise d'ingénierie dirigée par les modèles au service de ce secteur. « Très répandue dans le domaine de l'automobile, l'ingénierie dirigée par les modèles est une aide précieuse à la conception des systèmes complexes, souligne la coordinatrice du projet au List. Elle est, de ce fait, particulièrement adaptée au développement de robots. »
Le projet RobMoSys prévoit d'impliquer un maximum d'acteurs de la communauté robotique, en consacrant 50% de son budget – soit quatre millions d’euros – au financement de sous-projets (les open calls), ouverts à tous (concepteurs et utilisateurs de robots, intégrateurs, développeurs de logiciels, chercheurs, etc.). Un premier appel à sous-projets a été lancé cet été ; il est ouvert jusqu’au 9 octobre prochain. Six à sept d’entre eux seront retenus pour un lancement officiel au 1er mars 2018 pour une durée de douze mois.