Positionnée sur les secteurs de l'embarqué critique (Défense, aéronautique...), de l’automobile et des centres de données, la société française Kalray, spécialiste des processeurs massivement multicœurs, s’est donné un objectif très ambitieux : réaliser un chiffre d’affaires supérieur à 100 millions d’euros en 2022....Pour concrétiser ses ambitions, l’entreprise grenobloise créée il y a dix ans par essaimage du CEA (et qui a levé 23,6 millions d’euros ces derniers mois) a pris la décision d’entrer en Bourse sur le marché d’Euronext Growth à Paris.
Ce projet d’introduction en Bourse intervient au moment même où Kalray amorce une nouvelle étape de son développement avec la montée en puissance, dès 2019, du déploiement commercial à grande échelle de produits utilisant ses processeurs capables d’analyser à la volée et de manière intelligente des flux massifs d’informations, de réagir et de prendre des décisions en temps réel. On rappellera que la société a développé une architecture spécifique de microprocesseur baptisée MPPA (Massively Parallel Processor Array) qui se caractérise par une forte capacité de calcul en temps réel et une consommation d’énergie raisonnée.
Depuis 2015, Kalray a choisi de se focaliser sur deux marchés, les centres de données intelligents et les voitures intelligentes, qui représentent chacun un potentiel de plus d’un milliard d’euros. Selon le Français, ces deux marchés à très forte croissance (plus de 50% par an sur les cinq prochaines années) représentent des opportunités commerciales à très court terme (dès 2019 pour le marché des centres de données) et à moyen terme (à partir de 2021/2022 pour les véhicules intelligents). Pour ce dernier marché, les choix technologiques structurants des constructeurs et équipementiers se feront dans les dix-huit mois prochains, précise Kalray. A ce titre le processeur de Kalray a d’ores et déjà été intégré dans le concept car Symbioz dévoilé par Renault fin 2017 afin de gérer plusieurs algorithmes critiques liés à la conduite autonome. (L’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi est entrée au capital du Grenoblois à l’occasion de son dernier tour de table.)
Le fabricant de processeurs estime avoir déjà engrangé des avancées commerciales significatives sur les deux marchés qu’il juge prioritaires. Sur le marché des datacenters, la solution de Kalray a été certifiée par un organisme indépendant en avril 2018. Trois fabricants de serveurs sont aujourd’hui en phase de qualification de leurs produits intégrant la technologie du Français pour une mise sur le marché début 2019. La solution est aussi en évaluation chez de très gros constructeurs de serveurs de stockage et de centres de données qui pourraient être amenés à sélectionner la technologie de Kalray dans les mois à venir, pour des productions à très fort volume à partir de 2020.
Sur le marché du véhicule intelligent où la pépite devra se confronter à des géants comme Intel, Qualcomm, Nvidia ou Renesas, le processeur de Kalray est aujourd’hui en phase d’évaluation chez cinq constructeurs parmi le top 10 mondial et est notamment intégré dans le projet définissant la nouvelle architecture électronique de tous les véhicules d’un constructeur figurant dans le top 3 mondial, précise encore la société grenobloise.
Si tout se passe comme le firme française le prévoit, Kalray devrait afficher un résultat d’exploitation retraité (y compris le CIR) à l’équilibre dès 2020. (La société affichait un résultat d'exploitation négatif de 4,7 millions d'euros en 2017.)