A peine Freescale digéré, NXP va être à son tour gobé par un autre fabricant de semi-conducteurs de poids, l’américain Qualcomm en l’occurrence. Le montant de la transaction, qui devrait être bouclée d’ici à la fin de l’année ...calendaire 2017, est estimé à 47 milliards de dollars. Qualcomm est une société très présente sur le marché de la téléphonie mobile, mais montrait depuis plusieurs années sa volonté de se diversifier vers le monde de l’embarqué, en particulier dans les domaines de l’automobile, du multimédia résidentiel, des objets connectés, des drones et de la robotique.
Pas plus tard que le mois dernier, l'Américain avait annoncé, sous les références Snapdragon 600E et 410E, deux processeurs dédiés aux applications embarquées sur des marchés comme la signalisation numérique, les décodeurs TV, l’imagerie médicale, les terminaux de points de vente, la robotique industrielle et l’Internet des objets. Et, pour la première fois dans l’histoire de la société américaine, ces deux processeurs étaient disponibles auprès de distributeurs tiers comme Arrow Electronics avec une disponibilité assurée sur au moins dix ans à partir de la date d’échantillonnage des familles Snapdragon 600 et Snapdragon 400 (soit jusqu'en 2025). Une stratégie considérée par Qualcomm comme la seule qui vaille pour répondre aux besoins de marchés grand public, professionnels et industriels particulièrement fragmentés (à la différence de celui des smartphones, traditionnellement ciblé par les Snapdragon). Avec NXP en poche, Qualcomm cette fois-ci pourra véritablement entrer de plain-pied et sans contestion aucune dans le monde de l'embarqué...
Selon la lettre signée par Rick Clemmer, président et CEO de NXP Semiconductors, la combinaison de Qualcomm et de NXP, respectivement n°4 et n°7 dans le classement des sociétés de semi-conducteurs (hors fonderies) réalisé par IHS en 2015, sera idéalement positionnée pour répondre aux tendances émergentes dans les domaines des systèmes d’assistance évoluée à la conduite automobile ADAS, des véhicules autonomes, de l’Internet des objets et de la 5G. Les points forts des deux sociétés seraient par ailleurs complémentaires avec, pour l’Américain, un savoir-faire en traitement avancé basse consommation (grâce aux SoC Snapdragon notamment), en connectivité filaire et sans fil (xDSL, G.fast, Ethernet, Wi-Fi, WiGig…) ainsi qu’en communication mobile (avec une gamme de modems 3G/4G/5G) et, pour le Batave, des compétences en processeurs généralistes et automobiles, en circuits d’identification et de sécurité, en microcontrôleurs (NXP est le numéro deux du marché derrière Renesas), en capteurs pour la sécurité automobile et en RF.
Selon les chiffres avancés par la société américaine, l’entité formée par la fusion de NXP et de Qualcomm devrait réaliser un chiffre d’affaires de plus de 30 milliards de dollars, ce qui la positionnera en troisième position sur le marché des semi-conducteurs derrière Intel et Samsung. Selon IHS, NXP et Qualcomm avaient bouclé 2015 sur des CA respectifs de 9,72 milliards de dollars et de 16,5 milliards de dollars.
L’acquisition de NXP par Qualcomm s’inscrit dans un mouvement global actuel de concentration des sociétés de semi-conducteurs, avec notamment les rachats d’Atmel par Microchip, Broadcom par Avago, Freescale par NXP, Altera par Intel, PMC-Sierra par Microsemi, Linear par Analog Devices, Fairchild par ON Semiconductor ou Intersil par Renesas. Pour sa part, Qualcomm s’était déjà offert ces dernières années Atheros (2011), un spécialiste des circuits de communication Wi-Fi, Wilocity (2014), un pionnier du marché des circuits radio compatibles WiGig, CSR (2015), société bien connue pour ses compétences en technologies Bluetooth, Bluetooth Smart, audio et GNSS, et Ikanos (2015), entreprise incontournable sur le créneau des technologies de réseau d’accès sur paires téléphoniques xDSL et G.fast.