[PORTRAIT DE START-UP] L’envoi de conteneurs à l’international présente certains risques : mauvaise destination, blocage en douane, perte ou vol de marchandises... Pour rassurer les exportateurs, la jeune société Next4 propose des traceurs aisément installables qui utilisent la technologie LTE-M pour communiquer en temps réel la géolocalisation des conteneurs et les événements qu’ils subissent. Traceurs qui pourront aussi à terme communiquer avec des nanosatellites. ...
Le suivi de conteneurs de marchandises (il y en aurait plusieurs millions à « voyager » de par le monde) est un marché en plein boom. La société française Traxens en est la preuve, elle qui a su séduire les spécialistes du transport maritime Mærsk, CMA CGM et MSC avec sa solution de surveillance et de suivi. Rien d’étonnant donc à voir émerger d’autres start-up, comme le toulousain Next4, bien décidées à se faire une place au soleil sur ce secteur porteur.
L’envoi de conteneurs maritimes à l’international présente en effet certains risques (mauvaise destination, blocage en douane, perte ou vol de marchandises) dont les conséquences financières pour l’industriel exportateur sont loin d’être négligeables, sachant qu’en l’absence de suivi, ce dernier peut souffrir de plusieurs semaines de « cécité » sur le parcours de ses conteneurs entre le départ des entrepôts jusqu’à leur arrivée chez le client final. D’où l’importance pour ces sociétés de disposer, en plus des traceurs proprement dits, d’un tableau de bord leur permettant non seulement de localiser leurs « biens » mais aussi d’être alertés en cas de « comportements anormaux » (ouvertures de portes suspectes, chocs, mouvements non prévus, température ou humidité intérieures excessives…).
Cédric Rosemont, confondateur et CEO de Next4
C’est justement ce type de prestation que fournit Next4, une jeune pousse toulousaine créée en mars 2018 qui a livré ses premiers traceurs de conteneurs en juin de cette année, traceurs qui ont l’originalité de ne pas être fixés de manière définitive à la structure métallique des caissons. D’où des frais d’installation réduits à néant et la possibilité de les positionner sur des conteneurs existants, le traceur étant ainsi réutilisable.
« La société Next4 est aussi pour le moment la seule à avoir fait le choix de la technologie cellulaire IoT LTE-M pour communiquer en temps réel la géolocalisation et les événements du conteneur lorsqu’il arrive et lorsqu’il est stocké dans des zones portuaires, des zones tampons ou des centres de stockage de transporteurs », précise Cédric Rosemont, cofondateur et CEO de la start-up dont l’équipe dirigeante est formée d’experts en solutions de traçabilité internationale passés par la société Axible Technologies. (C’est Axible qui avait conçu le traceur Sigfox pour les bagages connectés de luxe de la marque Louis Vuitton.)
De l'intelligence dans le traceur
En optant pour le LTE-M avec repli en mode 2G, là où le LTE-M n’est pas encore déployé, Next4 couvre la quasi-intégralité des zones terrestres avec son traceur équipé en sus d’un récepteur GPS et de la connectivité Wi-Fi pour assurer la géolocalisation. Le boîtier de suivi de la start-up est en outre doté d’un jeu de capteurs (luminosité, mouvement, pression, température, humidité…) et d’un algorithme capable, à partir des données mesurées, d’interpréter les événements en cours. « Nous avons préalablement modélisé par apprentissage automatique des mouvements de conteneurs dans différents ports français puis implémenté l’algorithme ainsi entraîné sur le microcontrôleur 32 bits très basse consommation de STMicroelectronics qui est au cœur de notre produit, explique Cédric Rosemont. En fonction des événements en cours, le traceur sait ainsi ce qui est en train de se passer, si le conteneur est en cours de chargement ou de déchargement sur le porte-conteneurs, si le moyen de transport a changé, s’il y a un choc non prévu, synonyme d’éventuels dégâts… et ce en temps réel. »
Le traceur, qui se fixe par un simple aimant sur la porte du conteneur, peut aussi en option communiquer avec des modules Bluetooth Low Energy accolés au plus près de produits stockés à l’intérieur du conteneur afin de suivre avec encore plus de précision leurs conditions de transport et de s’assurer de leur présence tout au long du trajet. « Le facteur de forme a été particulièrement pensé pour que l’antenne, une fois le traceur placé sur la tranche de la porte et celle-ci refermée, se positionne à l’extérieur du conteneur pour éviter l’effet cage de Faraday (dans un conteneur, la perte est d’environ 20 dB), ajoute le dirigeant de Next4. La consommation a été aussi un point sur lequel nous avons travaillé et les technologies mises en œuvre nous permettent de garantir une autonomie pour dix expéditions, soit environ deux ans, avant de changer la batterie. »
Un partenariat avec Kinéis
Bien qu’il enregistre tous les événements, le traceur de Next4 n’est évidemment plus en mesure de transmettre ses informations dès que le conteneur se retrouve en mer ou dans des zones trop éloignées des réseaux cellulaires. Mais une version ultérieure, qui pourrait être disponible fin 2020 ou début 2021, permettra une communication avec une constellation de nanosatellites, en l’occurrence celle de la société Kinéis avec laquelle Next4 a signé un partenariat. Kinéis, créée en 2018 par essaimage de CLS, filiale du Cnes et opérateur mondial du système de localisation et de collecte de données Argos, a pour ambition d’offrir une connectivité universelle, entièrement focalisée sur l’industrie des objets connectés. Pour ce faire, la société, qui peut déjà compter sur les sept satellites opérationnels Argos déjà en orbite, s’appuiera sur une nouvelle constellation constituée de 25 nanosatellites et reposant sur une technologie de communication maison, évolution de l’actuelle technologie Argos (qui a aussi l’avantage de posséder des fréquences attitrées dans la bande des 400 MHz). Cette constellation devrait être opérationnelle en 2022.
Objectif : 10 000 traceurs vendus en 2020
Pour l’heure, Next4, qui a livré ses premiers traceurs en juin dernier et déjà séduit des prestataires de transport comme DB Schenker et Bolloré Logistics ainsi que des exportateurs de produits de luxe, compte en lancer une version véritablement industrielle en début d’année prochaine. « Notre objectif est de commercialiser environ 10 000 pièces durant l’année 2020 et de travailler rapidement à l’international car, sur les vingt premiers transitaires, deux seulement sont français, anticipe Cédric Rosemont. Cela passera notamment par une levée de fonds que nous comptons boucler dans les mois qui viennent et qui nous permettra aussi d’étoffer notre équipe constituée aujourd’hui d’une dizaine de personnes. »
Plus globalement, les traceurs de Next4 sont associés à une plateforme Web de type SaaS (Software-as-a-Service) avec laquelle le client peut visualiser et obtenir des informations sur toutes ses expéditions de conteneurs équipés du boîtier de la start-up, mais aussi recevoir des alertes par email sur les évènements ayant lieu au cours du trajet.
Renforcer l'intelligence
« Avec des informations telles que la localisation sur des points clés avec les temps de transport entre chaque point référencé, les entrées et sorties de zones, les relevés de température, les détections d’ouverture imprévue, les opérations de chargement, les arrêts inattendus, le client a une visibilité sur ses conteneurs et peut réagir rapidement afin d’apporter des mesures correctives nécessaires ou de prévenir ses commanditaires ou ses assureurs, détaille encore le dirigeant de la jeune entreprise française. Et nous travaillons pour améliorer cette partie applicative afin de la rendre encore plus intelligente. » Next4 s’est ainsi engagé dans une collaboration avec l’IMT Mines Albi autour d’un projet baptisé Disc (Data driven Supply Chain management). Objectif de ce projet qui a démarré mi-octobre : mieux exploiter les données générées par les capteurs de Next4 pour que les transitaires puissent améliorer leur agilité en étant plus réactifs et/ou plus proactifs dans leurs prises de décision.
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