Pour la seconde année consécutive, le groupe de travail Eclipse IoT de la fondation Eclipse, en partenariat avec l’IEEE et les membres du projet de recherche européen Agile-IoT, a conduit une enquête sur le profil ...des développeurs d’applications dans l’Internet des objets et la manière dont ils bâtissent leurs projets. 528 participants ont répondu au questionnaire envoyé par la fondation Eclipse (contre 392 pour l’édition 2015) soit un échantillon jugé représentatif des différentes communautés de l’IoT, selon Ian Skerett, responsable marketing de l'organisme industriel et cheville ouvrière de cette enquête qui révèle que 46% des répondants affirment commercialiser d’ores et déjà des solutions applicatives liées à l’IoT, et que 29% d'entre eux estiment qu’ils vont le faire dans les 6 mois qui viennent. Une indication de l’arrivée à maturité du marché IoT, qui désormais touche toutes les entreprises.
D’un point de vue plus technologique, la sécurité arrive en tête des préoccupations des développeurs, suivie de près par les problèmes d’interopérabilité, tant le foisonnement des initiatives et des standards autour de l’IoT est important actuellement. Selon Ian Skerett, les activités de la fondation d’Eclipse, avec notamment les projets Hono, SmartHome et Kura, ainsi que les travaux du groupe Agile-IoT visent justement à répondre à cette problématique. Quant à la sécurité, toujours selon Ian Skerett, ce problème majeur qui ne va cesser d’être sur le devant de la scène au cours des prochaines années, reste difficile à résoudre et réclame sans doute de nouvelles initiatives de la part du monde industriel.
Du côté des langages de programmation, sans surprise, Java arrive en tête, Eclipse (et par voie de conséquence le panel des répondants) se positionnant dans l'écosystème Java. C’est donc un biais manifeste. On notera cependant que le langage orienté objet sous licence open source Python est de plus en plus populaire chez les développeurs et fait partie des trois langages phares de l’IoT avec Java et le C.
Sur les protocoles de messagerie, l’enquête apporte un éclairage intéressant quant aux évolutions actuelles des applications de l’IoT. Selon cette enquête en effet, MQTT et HTTP sont les deux protocoles très majoritairement mis en œuvre, avec une prime pour le premier qui s’immisce désormais dans la plupart des solutions IoT industrielles. MQTT, poussé par IBM, qui est en partie à l’origine de cette technologie, est en effet supporté, du côté des plates-formes dans le cloud, par la solution Bluemix d’IBM, par Amazon et son logiciel AWS IoT, et par Microsoft avec son outil Azure IoT, souligne Ian Skerett. Au-delà, côté matériels, les cartes Arduino supportent MQTT pour communiquer avec le cloud tandis que les projets Paho et Mosquitto de la fondation Eclipse s’appuient sur MQTT. En troisième position arrive le protocole CoAP (Constrained Application Protocol) supporté par la communauté des développeurs Eclipse au sens large du terme. Bien que plus confidentiel dans sa diffusion, CoAP semble remporter des succès dans des domaines comme les plates-formes IoT et les applications pour les villes intelligentes (Smart Cities).
Si l’on regarde les systèmes d’exploitation mis en œuvre par le panel de répondants dans leurs applications de l’IoT, là aussi peu de surprises. Linux arrive très largement en tête, avec 70% des utilisateurs qui indiquent que leurs applications fonctionnent sous cet OS. Ian Skerett souligne cependant que l'on aurait pu s’attendre dans ce sondage à une montée en puissance des systèmes d'exploitation spécifiquement dédiés à l’IoT comme mbed d’ARM, Contiki, RIOT, Zephyr, etc. Mais leur adoption semble relativement limitée pour le moment. Les utilisateurs du panel préférant pour 23% d’entre eux ne pas utiliser d’OS et réaliser des configurations “bare metal” (avec leurs logiciels s'exécutant directement sur le silicium).
Plus haut dans la chaîne de valeur des applications IoT, les plates-formes dans le cloud utilisées majoritairement par les répondants de l’enquête sont dans l’ordre la solution d’Amazon, suivie par des solutions propriétaires, et par la plate-forme Azure IoT de Microsoft, qui creuse son sillon (lire aussi notre article Les équipementiers de l'embarqué se bousculent pour être certifiés Microsoft Azure IoT).