Pour la société Objenious, la filiale de Bouygues Telecom focalisée sur l’Internet des objets, il est évident que la technologie de communication radio longue portée, basse consommation et bas débit LoRaWAN, promue par le groupe français, ne pourra pas couvrir l’intégralité du globe terrestre. ...Et même les accords d’itinérance qu’est actuellement en train de signer Objenious avec d’autres opérateurs LoRaWAN à l’étranger ne résoudront pas la quadrature du cercle : il y aura toujours des zones blanches inatteignables par les technologies LPWAN terrestres.
« Pour répondre dès aujourd’hui à cette problématique et nous positionner en tant qu’opérateur IoT global, nous pensons que la meilleure solution est hybride et doit mixer le terrestre et le satellite, a indiqué Philippe Cola, architecte IoT chez Bouygues Telecom à l’occasion de la conférence LPWAN19, organisée hier 18 juin à Paris par L’Embarqué. Nous allons favoriser une solution bâtie sur la technologie LoRaWAN en Europe, et là où elle est déployée dans la bande terrestre des 868 MHz, et sur une composante satellitaire partout ailleurs. Dans ce cadre, les futurs objets connectés seront dotés de deux modules radio, l’un compatible LoRa, l’autre compatible avec la technologie satellitaire de la société Kineis avec laquelle Objenious vient de signer un partenariat. Ces objets seront suffisamment intelligents pour savoir quand et comment basculer les communications entre le terrestre et le satellite. »
Philippe Cola, architecte IoT chez Bouygues Telecom lors de LPWAN19
Selon la filiale de Bouygues Telecom, les synergies entre réseaux satellitaires et terrestres permettront de proposer à tous les partenaires de l’opérateur une offre de couverture mondiale pour des objets connectés joignables partout, à tout moment et au meilleur coût. Pour rappel Kinéis, créée en 2018 par essaimage de CLS, filiale du Cnes et opérateur mondial du système de localisation et de collecte de données Argos, a pour ambition d’offrir une connectivité universelle, entièrement focalisée sur l’industrie des objets connectés. Pour ce faire, la société, qui peut déjà compter sur les sept satellites opérationnels Argos déjà en orbite, s’appuiera sur une nouvelle constellation constituée de 25 nanosatellites et reposant sur une technologie de communication maison, évolution de l’actuelle technologie Argos (qui a aussi l’avantage de posséder des fréquences attitrées dans la bande des 400 MHz). Cette constellation devrait être opérationnelle en 2022.
« Nous avons choisi Kinéis pour la composante satellitaire pour des raisons de time-to-market, la technologie Argos ayant déjà fait ses preuves depuis de nombreuses années et la connectivité Kineis pouvant déjà être testée, a précisé encore Philippe Cola. De plus Kinéis, de par son actionnariat, est une entreprise stable et pérenne, ce qui n’est pas forcément le cas d’autres sociétés qui se positionnent aujourd’hui sur le marché des constellations satellitaires pour l’Internet des objets. » On notera que le partenariat stratégique signé entre Objenious et Kineis implique aussi deux start-up françaises, en l’occurrence Stickr, qui conçoit des systèmes IoT embarqués (et qui fournira le boîtier hybride avec connectivité LoRaWAN et satellitaire), et Wisebatt, qui édite un logiciel de prototypage virtuel (et dont L’Embarqué a tracé un portrait détaillé en mai 2018).
« La connectivité doit être accessible partout sur Terre pour de nombreux secteurs d’activité comme l’IoT industriel, la logistique, l’optimisation des stocks, mais aussi la sécurité en mer et en montagne, la recherche scientifique, la gestion durable des ressources marines ou encore le suivi de marchandises, renchérit dans un communiqué Alexandre Tisserant, directeur général de Kinéis. Nous nous félicitons de ce premier partenariat signé avec une entreprise aussi prestigieuse que Bouygues Telecom, via son opérateur terrestre IoT. » On rappellera que Kinéis s’appuie sur Thales Alenia Space pour la définition de l’architecture système de son projet spatial de 25 nanosatellites, ainsi que pour la réalisation des stations sol et des charges utiles. C’est Hemeria (ex-Nexeya) qui doit réaliser les plates-formes et l’intégration de satellites. Selon Kineis, le dossier technique est désormais finalisé et le lancement officiel du programme industriel a été fixé au 21 juin prochain.
Enfin, ajoutons que Kineis vient de rejoindre des entreprises comme Suez, GRDF, Sagemcom et Accenture au sein de l’alliance Wize, qui a été créée en mars 2017 et qui promeut le protocole longue portée et basse consommation du même nom. Reposant sur la technologie Wireless M-Bus et conçu pour faciliter la mise en réseau d’objets connectés difficiles d’accès (qu’ils soient isolés ou enterrés), le protocole Wize - qui s’avère bidirectionnel et qui exploite la bande des 169 MHz - s’appuie, selon ses promoteurs, sur plus de dix années de déploiement et permet d’échanger de l’information de manière sécurisée pour toutes les applications de l’Internet des objets mises en œuvre par les villes (gestion des flux via des compteurs communicants, mobilité) et les industriels. « Améliorer les services de connectivité en complétant les réseaux terrestres et sécuriser leur connectivité sont des enjeux majeurs pour la réussite des projets IoT, a souligné François Moreau, directeur commercial de Suez Smart Solutions et directeur du développement de l’alliance Wize. L’arrivée de Kineis au sein de notre organisation va permettre d’accélérer le développement de nouvelles solutions hybrides. »
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