Créée par deux anciens de Semtech spécialistes de la technologie de communication radio longue portée et basse consommation LoRa, la toute jeune société grenobloise Idosens a su, en neuf mois d’existence, passer de la phase de création d’une start-up au lancement de ses premiers produits à vocation grand public, dédiés au monde de la domotique « étendue ». ...
La popularité grandissante des technologies Sigfox ou LoRa s’accompagne d’une éclosion de start-up bien décidées à profiter des opportunités créées par ces procédés de communication radio bas débit à longue portée et basse consommation (LPWA) adaptées au marché du M2M et de l’Internet des objets. Reste qu’aujourd’hui, ces jeunes pousses, à l’instar de Sensing Labs, Abeeway ou Wi6Labs (pour ne citer qu’elles), se positionnent essentiellement sur le créneau B2B avec des offres destinées à satisfaire le besoin d’applications professionnelles dans des domaines comme la ville connectée, les bâtiments intelligents, le comptage d’énergie, etc. De fait, les jeunes pousses qui comptent lancer des produits LoRa ou Sigfox sur un marché grand public, certes plus porteur, mais aussi plus volatil et plus risqué, ne courent pas encore les rues. On citera tout de même la société alsacienne Cobject qui vient tout juste de démarrer la commercialisation de Smockeo, un détecteur de fumée compatible Sigfox.
François Hédé, cofondateur et dirigeant d'Idosens
Le grand public, c’est aussi la cible privilégiée de la start-up grenobloise Idosens, dont les premiers produits, qui n’ont pas encore été officiellement annoncés, devraient être livrés avant le 15 décembre prochain. « C’est par le biais de la domotique étendue ou Extended Home, là où les technologies radio traditionnelles ne répondent plus aux besoins, que nous comptons attaquer le marché, explique François Hédé, cofondateur et dirigeant de la jeune société créée en mars 2015. Avec les objets Idosens, il sera possible de maintenir le lien avec des univers comme la maison de vacances, la cave à vin, le garage à vélo, le barbecue ou encore la cabane au fond du jardin, là où le Wi-Fi fourni par une box ou le Bluetooth d’un smartphone restent hors de portée. Dans ce cadre, nous avons porté notre choix sur la technologie LoRa. »
Rien d’étonnant à cela lorsqu’on sait que François Hédé n’est autre que l’un des fondateurs et l’ex-président de Cycleo, la firme grenobloise qui a industrialisé le procédé de communication radio LoRa avant d’être rachetée en 2012 par l’américain Semtech. « Après plusieurs années passées à travailler sur les composants LoRa, d’abord chez Cycleo puis chez Semtech, il nous est apparu naturel, à Sylvain Miermont, aujourd’hui directeur technique d’Idosens, et à moi-même de passer aux objets basés sur une technologique que l’on connait parfaitement bien », explique non sans humour le président de la start-up.
Une communication LoRa entre base et capteurs
Avant l’annonce officielle de ses objets connectés, prévue pour la fin novembre, Idosens ne souhaite pas trop entrer dans les détails de sa future offre. Tout récemment mis en ligne, le site Web de l’entreprise donne toutefois un aperçu des applications visées par la jeune entreprise. La première offre d’Idosens se déclinera autour d’une base de dimensions réduites, placée dans un lieu d’habitation, et de capteurs capables de communiquer avec cette dernière en technologie LoRa sur de longues distances (entre plusieurs étages ou sur plusieurs centaines de mètres).
A charge alors pour l’utilisateur de positionner les capteurs dans des zones en général hors d'accès de la box Wi-Fi (dépendances, garages, caves, cabanes de jardin, box, hangars, etc.) pour détecter d’éventuelles intrusions, mesurer la température (dans une cave à vin, ça peut servir…) ou vérifier si la lumière est restée allumée. Le tout est accompagné d’une application sur smartphone iOS ou Android qui permet à l'utilisateur d'être averti à distance (et via la base équipée aussi d’une liaison GPRS) de l'ouverture d'une porte, d'une pièce vide restée éclairée ou d’une température qui n’est plus sous contrôle. Sachant que la base elle-même affiche de manière synthétique l’état en temps réel de telle ou telle dépendance.
Une levée de fonds prévue en 2017
Il faut néanmoins le reconnaitre ; passer en seulement neuf mois de la création d’une start-up à la commercialisation de premiers produits à vocation grand public relève du tour de force. « Idosens, qui s’appuie aujourd’hui sur un effectif d’une dizaine de personnes, s’est chargé en interne de la conception, du développement matériel et logiciel, et des tests de notre système pour domotique étendue, ainsi que du développement de l’application, explique Frédéric Hédé. Avec le calendrier que nous nous étions fixé, il n’était évidemment pas question de travailler avec la Chine. La production est donc aussi réalisée en France par un intégrateur hexagonal qui prend en charge la réalisation du PCB, le montage et l’assemblage final. Nous recevrons un premier lot de produits dès ce mois de novembre. »
La jeune société, focalisée sur le lancement commercial de son offre, n’en pense pas moins déjà à l’avenir. « Nous comptons aussi développer toute une gamme d’objets personnels en mobilité capables de se connecter aux futurs réseaux publics LoRa, notamment lorsqu’ils sont emportés sur des moyens de locomotion comme les vélos, les scooters, etc., projette le président d’Idosens. Une fois que nous aurons fait la preuve de la valeur ajoutée qu’apportent nos produits et que le marché aura répondu présent, il sera temps d’envisager une levée de fonds. Ce sera sans doute vers le début ou la mi-2017. »