Avec les Cortex-M33 et Cortex-M23, ARM a dévoilé fin octobre 2016 ses premiers cœurs de microcontrôleurs basés sur l’architecture ARMv8-M. Une architecture annoncée fin 2015 qui étend la technologie de sécurité TrustZone, ...jusqu’alors réservée aux cœurs de microprocesseur Cortex-A, aux microcontrôleurs à cœur Cortex-M. Technologie de sécurité et de partitionnement, TrustZone va donc permettre de créer au sein d’un microcontrôleur une zone dite « de confiance » apte à sécuriser données, firmware et périphériques, un besoin exprimé de plus en plus explicitement par les développeurs d’objets et d’équipements connectés aux ressources limitées.
Pour Semicast Research, l’annonce d’ARM est particulièrement significative au moment où la sécurité devient le problème numéro un auquel sont confrontés les développeurs du monde de l’Internet des objets et ce alors que les menaces envers les équipements connectés de façon permanente à Internet évoluent constamment. La société d’études de marché en veut pour preuve le botnet Mirai qui, l’année dernière, a mis à profit des produits tout ce qu’il y a de plus ordinaires (routeurs grand public, webcams et enregistreurs vidéo) pour perpétrer des attaques par déni de service distribuées DDoS.
Pour Semicast, la volonté d’ARM de fournir des blocs d’IP matériels et logiciels développés dès le départ pour être sécurisés est une stratégie gagnante dans le domaine de l’IoT et tout particulièrement sur le marché industriel où ARM reste de loin l’architecture de microcontrôleur la plus largement utilisée avec les jeux d’instructions historiques ARMv6 et ARMv7. « Dans le secteur de l’IoT industriel, l’intelligence et la connectivité sont assurées par l’intégration de microcontrôleurs 32 bits à moins d’un dollar, associés à des circuits intégrés de communication radio à courte portée basés sur des standards comme 6LoWPAN, Bluetooth/BLE, LoRa, NFC, sub-GHz, Thread, Wi-Fi et ZigBee, commente Colin Barnden de Semicast. Les équipements industriels connectés génèrent des flux de Little Data qui jusqu’alors n’avaient jamais été capturés et qui peuvent être traités localement ou renvoyés vers le cloud pour des analyses de type Big Data, créant de ce fait un IoT industriel constitué de réseaux de distribution d’énergie, d’usines, de villes et de bâtiments intelligents, complétés de dispositifs médicaux, de systèmes de paiement et de dispositifs de sécurité connectés. »
Dans ce cadre, la société d’études de marché table sur des ventes de microcontrôleurs à architecture ARM qui vont progresser de moins de 4 milliards d’unités en 2016 à environ 9 milliards en 2021 sur le marché industriel. Semicast anticipe aussi que les ventes futures de microcontrôleurs à cœur Cortex-M23 seront bien plus élevées que celles de circuits à cœur Cortex-M33, les premiers se présentant comme une voie d’évolution toute trouvée pour les conceptions basées sur les actuels cœurs bas coût et basse consommation Cortex M0/M0+. (Lire les détails sur les Cortex-M23 et M33 ici).
Intel pourrait toutefois tenir la dragée haute à ARM, précise Semicast. Le numéro un des semi-conducteurs est entré sur le marché des microcontrôleurs 32 bits en 2015 avec les Quark D1000 et D2000, facturés entre deux et trois dollars. Reste à savoir si Intel continuera sur sa lancée en multipliant les variantes de ces circuits. « Intel est la plus grosse société de semi-conducteurs et la combinaison d’Intel Security, de Wind River et des puces Intel forme une association puissante pour assurer la sécurité de l’IoT, conclut Colin Barnden. Sur le long terme, la bataille qui s’engage sur l’écosystème CTF (Cloud, Things & Fog) sera dominée par ARM et Intel. »