Créée en 2017, la jeune pousse anglaise Foundries.io, qui propose des solutions de développement et de déploiement "cloud-native" (1) destinées à sécuriser les objets connectés et les équipements en périphérie de réseau (edge), a marqué l’édition 2022 du salon Embedded World en annonçant fournir la première distribution Linux embarquée à s’aligner sur les préceptes de l’initiative collaborative et ouverte Project Cassini, lancée en 2019 par Arm, et à en assurer une prise en charge de niveau professionnel.
Pour rappel, l'initiative Project Cassini, qui s’appuie sur des standards, vise à assurer aux développeurs de solutions IoT et edge une expérience logicielle cloud-native avec des équipements fondés sur des puces Arm Cortex-A. Avec l’idée qu’en utilisant une plate-forme alignée sur les spécifications du projet Cassini, l’expérience du développeur ne varie pas d’une plate-forme à l’autre, quelle que soit la configuration matérielle sous-jacente, voire même le type de processeur utilisé. Dès lors, le portage de charges de travail et d’applications conteneurisées deviendrait extrêmement simple.
Le projet Cassini s’appuie en pratique sur trois composantes fondamentales. La première composante est le programme Arm SystemReady qui définit des exigences minimales au niveau hardware et firmware à mettre en œuvre pour pouvoir installer et exécuter sans effort des hyperviseurs et des systèmes d’exploitation sur étagère. Plusieurs spécifications ont été stipulées dans ce cadre dont deux qui ciblent plus spécifiquement l’embarqué, en l’occurrence SystemReady ES pour les serveurs embarqués et SystemReady IR pour les équipements IoT (2).
Les deux autres composantes du projet Cassini sont, d’une part, des API de sécurité et des programmes de certification ad hoc (PSA Certified et ParSec) et, d’autre part, des solutions de référence pour la périphérie de réseau cloud-native, développées en partenariat avec l’écosystème.
Dans ce cadre générique, l’environnement EPaaS (Edge Platform-as-a-Service) FoundriesFactory proposé par Foundries.io a donc vocation à accélérer l’adoption et le déploiement de plates-formes Cassini en offrant des mises à jour sûres et sécurisées au fur et à mesure des extensions et des évolutions apportées aux spécifications Cassini.
Dans le détail, la jeune entreprise britannique, qui a levé 8 millions de dollars en 2021, a développé des “micro-plateformes” Linux (LmP) permettant à des "objets" aussi différents que des robots, des drones ou des voitures connectées d’être toujours sécurisés et mis à jour avec les dernières versions disponibles des logiciels de bas niveau, du système d’exploitation et des applications (lire, pour plus de détails, notre article). Ces LmP sont décrites par leur concepteur comme des environnements d’empreinte minimale, sécurisés, constitués de logiciels de bas niveau, d’un noyau, de services et d’applications pouvant être actualisés over-the-air et délivrés de manière continue, de la conception initiale du produit jusqu’à sa fin de vie. Et ce au travers de la plate-forme cloud FoundriesFactory.
Selon Foundries.io, la structure même de son offre permet de répondre à toutes les exigences stipulées par l’initiative Project Cassini, à savoir l’obtention des certifications SystemReady IR ou ES et PSA Certified Level 1, ainsi que la conformité avec les services de sécurité ParSec.
Si l’on en croit la start-up, le résultat en est une portabilité des applications qui pourra contribuer à la prolifération des équipements IoT et edge en permettant aux développeurs de se concentrer sur leurs applications à valeur ajoutée plutôt que sur des logiciels de plate-forme indifférenciés. Plusieurs grands fabricants mettent d’ailleurs déjà en œuvre les exigences du projet Cassini à l'aide de la plate-forme FoundriesFactory, notamment Aaeon, ADLink, Advantech, Asus et Nexcom.
« L’initiative Project Cassini et FoundriesFactory ouvrent au développement embarqué le même type de portabilité applicative que connaissent les utilisateurs de téléphones mobiles, assure George Grey, cofondateur et CEO de Foundries.io. La collaboration entre Arm et notre plate-forme FoundriesFactory marque vraiment une étape majeure dans la façon dont on construit, teste et déploie des équipements IoT et edge, et indique au marché la voie vers laquelle évolue le développement embarqué. »
(1) L’expression cloud-native décrit une approche de développement logiciel dans laquelle les applications sont conçues comme si elles allaient s’exécuter dans le cloud, même si in fine elles sont amenées à s’exécuter en périphérie de réseau (edge). D’un point de vue technique, l’approche s’appuie sur les microservices et les technologies de conteneurs développées spécialement pour l’environnement cloud.
(2) Parmi les sociétés à proposer des systèmes, des modules ou des cartes de développement d’ores et déjà certifiés SystemReady IR, on citera Aaeon, ADLink, Advantech, Arduino, Arm, Asus, CompuLab, Congatec, Eurotech, Google, Kontron, Lenovo, NXP, Pine64, Raspberry Pi, Rockchip, Seco, Socionext et AMD Xilinx. Du côté des produits certifiés SystemReady ES, on citera Arm, Hawkeye Tech, Marvell, Nexcom, NXP, Raspberry Pi et SolidRun.