Thierry Breton, le Commissaire européen pour le marché intérieur à la Commission européenne, l’a annoncé officiellement hier 17 novembre 2022 sur son compte LinkedIn. Après le système de positionnement par satellites Galileo et le programme d’observation de la Terre Copernicus, le Vieux Continent va étoffer son portefeuille d’infrastructures spatiales stratégiques d’une troisième constellation baptisée Iris2 (Infrastructure de résilience et d’interconnexion sécurisée par satellites).
Un accord a été trouvé en ce sens entre la Commission, le Conseil de l’Union européenne et le Parlement européen sur un texte établissant une nouvelle infrastructure critique pour l’UE. Cette étape décisive s’inscrit dans le cadre d'une vaste initiative lancée en 2020 par l’Union européenne visant à déployer un système de connectivité souverain reposant sur une composante spatiale et apte à assurer des services de communication sécurisés, fiables et résilients (lire notre article).
Dans les faits, l’Europe va consacrer un budget de 2,4 milliards d’euros (auxquels s’ajouteront une contribution de l’Agence spatiale européenne et des investissements privés) au développement et au déploiement de la constellation souveraine Iris2, qui impose des critères d’éligibilité et des exigences de sécurité très stricts. Avec l’objectif de procéder aux premiers appels d’offre au premier semestre 2023 pour des services pleinement opérationnels d'ici à 2027.
Dans les faits, la constellation Iris2 sera tournée vers les services aux gouvernements, y compris pour des applications de défense. Se déployant sur des orbites multiples pour réduire les risques de congestion spatiale et capable de créer des synergies avec les constellations Galileo et Copernicus, elle devrait offrir une connectivité à toute l’Europe et notamment aux zones qui ne bénéficient pas aujourd’hui d’Internet haut débit, ainsi qu’à l’Afrique tout entière.
Selon Thierry Breton, Iris2 sera une constellation NewSpace à l’européenne, au sens où elle devrait intégrer le savoir-faire des grands industriels européens de l’espace, mais aussi le dynamisme de start-up. 30% de l’infrastructure devrait ainsi être confiée à de jeunes pousses. Enfin Iris2 devrait mettre en œuvre des technologies avancées, notamment dans le domaine de la cryptographie quantique.
On se souviendra qu’en 2021, la Commission européenne avait confié des contrats d’étude de six mois à deux consortiums d’entreprises (New Symphonie et UN:IO) pour recueillir des idées innovantes qui pourraient mener à la création à terme d’un système spatial global européen de connectivité sécurisée.