eSIM pour l’Internet des objets : le standard SGP.32 va être largement adopté mais des défis resteront à relever

SGP.32 Transforma Insights

Pour de nombreux acteurs de la mobilité, la publication des spécifications eSIM IoT SGP.31 et SGP.32 par l’alliance GSMA, qui représente les intérêts des opérateurs de réseaux de radiocommunication mobile, est un développement révolutionnaire qui promet d'accélérer l'adoption de la technologie eSIM (embedded SIM) (*) et de débloquer pleinement tout le potentiel de transformation de l’Internet des objets (IoT).

La spécification SGP.32, qui traite de la fourniture de profils SIM à distance (Remote SIM Provisioning), offre en particulier un mécanisme plus rationalisé et plus convivial permettant aux entreprises de gérer la connectivité sur leurs appareils connectés à des réseaux cellulaires (lire la tribune de Bertrand Moussel, président du conseil d'administration de la Trusted Connectivity Alliance, ex-SIMalliance).

Cependant, le standard SGP.32 n’est pas une baguette magique, comme le précise un rapport publié par la société d’études Transforma Insights et commandité par le fournisseur de solutions de connectivité IoT Eseye.

Certes, le rapport, téléchargeable gratuitement ici, affirme qu’en tant qu'évolution des précédentes normes SGP.02 (eSIM M2M) et SGP.22 (eSIM for Consumer), la spécification SGP.32 (eSIM IoT) résout de nombreuses limitations techniques liées à la prise en charge des appareils et autres objets connectés aux ressources limitées en proposant un mécanisme simplifié pour gérer le basculement des connexions entre opérateurs. Mais ce n’est qu’un élément de l’histoire.

Selon Transforma Insights, l’ensemble des capacités du nouveau standard ne seront disponibles qu’à partir de 2025. Dès lors, aucune solution présentée aujourd’hui comme compatible SGP.32 ne repose sur des standards totalement interopérables, et les versions pré-standard n'auront qu'un attrait limité en raison du manque de support universel.

La spécification, par ailleurs, ne résout pas tous les défis liés au déploiement d’une connectivité IoT couvrant de multiples pays. Selon le rapport, les contrats commerciaux doivent en effet être négociés avec les opérateurs de réseau, et les processus et paramètres en back-end doivent être mis à jour pour refléter un changement de fournisseur de connectivité. Ce n’est pas aussi simple que d’actionner un interrupteur et de passer de l’opérateur A à l’opérateur B en un clin d’œil.

Par ailleurs, une solution SGP.32 devra généralement être proposée en tant que service géré dans le cadre d'un portefeuille d'offres. De fait, anticipe la société d’études, un nombre très limité d’entreprises clientes auront les dispositions à tenter de gérer elles-mêmes les fonctionnalités SGP.32. Par conséquent, celles-ci seront accessibles via une couche d'orchestration fournie par les fournisseurs de connectivité ; elles seront dans ce cadre proposées au sein d'une gamme d'options qui comprend également l’itinérance, le multi-IMSI (International Mobile Subscriber Identity) et les fonctionnalités SGP.02.

Pour conclure, étant donné que la technologie SGP.32 elle-même ne sera pas disponible pour un déploiement avant 2025, les utilisateurs potentiels voudront utiliser une alternative (telle que SGP.02) dans l’intervalle, et devront s'appuyer sur un fournisseur de connectivité capable d'assurer une migration sans couture.

« La norme SGP.32 a de nombreux atouts, résume Matt Hatton, l’auteur du rapport. Elle élimine de nombreux défauts des normes précédentes. Cependant, il ne faut pas occulter le fait que les avantages réels (et perçus) des fonctionnalités SGP.32 cachent aux entreprises les réalités des subtilités de la gestion du déploiement global des solutions IoT et les exigences d'une voie de migration pour y parvenir. »

(*) Pour rappel, l’eSIM est une « carte » SIM généralement soudée capable d’héberger différents profils de connectivité, tels que définis par la GSMA, et d’accepter un provisionnement sécurisé over-the-air (OTA) ainsi que des mises à jour à distance des clés et des applications, et ce tout au long de la durée de vie d’un terminal ou d’un objet connecté.