Pour la gestion intelligente d’un bâtiment, la start-up française EnergieIP a développé une architecture de communication et d’alimentation complète, fondée sur l’utilisation d’un câble Ethernet associé à la technologie d’alimentation Power-over-Ethernet jusqu’à 100 W. Avec à la clé la possibilité d’inventer de nouveaux services avec des tierces parties. ...
En s’appuyant, d’une part, sur les réseaux Ethernet classiques et, d’autre part, sur la technologie Power-over-Ethernet (PoE) qui permet de véhiculer de l’alimentation directement sur un câble Ethernet, la jeune société EnergieIP apporte aux bâtiments dits “intelligents” (smart building) une infrastructure complète de gestion d’un immeuble connecté. Après deux année de R&D, la start-up créée en 2015 a mis au point une plate-forme complète architecturée autour de quatre boîtiers spécifiques qui se connectent via Ethernet et des prises RJ-45 classiques à des luminaires à LED, à des stores électriques, à des systèmes de ventilation et de climatisation (ensemble HVAC) et à des E/S tout-ou-rien (TOR). A ces quatre boîtiers se rattache un commutateur à 64 ports capables de connecter de 100 à 200 équipements en simultané. L’alimentation de ces équipements est réalisée à travers un réseau Ethernet IP en mode PoE avec la capacité d’injecter jusqu’à 100 W de puissance par port, sous 54 V continu (pour le switch) soit bien au-delà des normes PoE (IEEE 802.3af et 802.3at) qui limitent la tension à 48 V pour une puissance maximale de 30 W. A noter toutefois que l’IEEE travaille à une évolution de cette spécification qui devrait être publiée cette année (IEEE 802.3bt) avec des puissances disponibles de 55 W (Type 3) et 90/100 W (Type 4).
En utilisant des câbles Ethernet classiques, mais seulement 3 paires (contre 4 dans la norme), EnergieIP crée en fait une adresse IP spécifique sur chaque terminal connecté, permettant ainsi d’obtenir une gestion indépendante ou groupée des terminaux reliés à Ethernet. Chacun de ces équipements connectés devient alors un terminal actif, alimenté via le réseau et capable d’envoyer et de recevoir sur ce même réseau des données. Au-delà, on peut noter que cette approche utilise le courant continu véhiculé par Ethernet pour alimenter les équipements comme les LED ou les stores électriques. Ce qui amène, dans le cas d’un bâtiment neuf, à de substantielles économies, car l’installation de convertisseurs courant alternatif/courant continu et de disjoncteurs pour la sécurité ne sont plus nécessaires. Sans compter l’économie de câblage puisqu’il n’y a plus besoin de tirer des fils d’alimentation. A partir de la plate-forme ouverte proposée par EnergieIP (les interfaces logicielles sont en accès libre), il devient aussi possible d’installer de nouveaux services selon les cahiers des charges des constructeurs ou des promoteurs : géolocalisation indoor, reconnaissance vocale, suivi de la qualité de l’air…
Le bâtiment peut dès lors être mis à niveau en permanence sans avoir à remettre à niveau le câblage. « Notre technologie s’insère dans la problématique des bâtiments neufs de bureaux et permet par exemple de faciliter l’installation native de la technologie de communication par voie lumineuse, le Li-Fi, puisque nous amenons jusqu’aux LED, reliés en série entre elles, un câble Ethernet avec la bonne alimentation », précise Antoine Cussac, directeur du développement chez EnergieIP.
Antoine Cussac, directeur du développement chez EnergieIP
En 2017, EnergieIP, qui compte actuellement quatre collaborateurs, a levé 1 million d’euros auprès du fonds d’investissement Demeter pour accompagner la commercialisation de sa solution qui a déjà été mise en œuvre concrètement sur le terrain dans un immeuble de Bouygues Construction en Ile-de-France. La société a démontré sa technologie lors du récent salon CES 2018 qui s’est déroulé à Las Vegas. « Aux Etats-Unis, la mise en œuvre généralisée d’installations d’alimentation en courant continu est plus avancée qu’en Europe et c'est un atout pour le déploiement de notre technologie spécifiquement pensée pour le bâtiment sur ce continent », explique Antoine Cussac.