[TRIBUNE de Gerald Berg, ROSENBERGER OSI] "Edge" est aujourd’hui l'un des mots à la mode dans le monde des technologies de l’information (IT). À l'heure de l'Internet des objets (IoT), de la conduite autonome et d'autres applications "modernes", l’edge computing est devenu la superstar de la transformation numérique. Presque tout doit être "edge-capable" pour répondre aux besoins des dernières innovations technologiques. Eclairage de Gerald Berg, directeur des ventes et du marketing de la société Rosenberger OSI, expert reconnu en matière de connectivité par fibre optique, de solutions de câblage et de services d'infrastructure dans les domaines des "data centers", des réseaux locaux, des réseaux mobiles et des applications industrielles.
Il existe plusieurs interprétations du terme "edge". Ceux qui se trouvent à la périphérie font certes toujours partie de l'ensemble, mais ils ne sont pas au centre. Ce qui présente à la fois des avantages et des inconvénients : ceux qui se trouvent à la périphérie peuvent parfois être exclus d'informations cruciales ou les recevoir tardivement. Toutefois, ceux qui ne sont pas au centre peuvent avoir une vision plus claire de la situation dans son ensemble et apporter une contribution importante à l'amélioration. À la périphérie, les processus IT peuvent également être gérés sans la lourdeur des processus centraux. Dans certains domaines, cela modifie des chaînes entières de traitement…
Edge Data Center : de vieux concepts sous de nouvelles apparences ?
Quelle est la relation entre périphérie et centre de données ? Tout d'abord, un centre de données en périphérie n'est pas fondamentalement différent d'un centre de données classique dans sa structure. La seule différence est qu'il est externalisé, installé à la périphérie et non au cœur du réseau. Les centres de données edge sont destinés au traitement local des données, ainsi qu’aux applications critiques en termes de latence ou à forte consommation de bande passante.
Les analystes du marché prévoient des taux de croissance élevés pour l'edge computing dans les années qui viennent. La force conductrice est l'augmentation dynamique des applications IoT. Auxquelles il convient d’ajouter le nombre croissant de services à la demande et de systèmes de circulation et de transport autonomes.
Comme de nombreuses grandes villes dans le monde connaissent des problèmes majeurs de circulation, de nouveaux concepts de mobilité doivent être mis en œuvre dans les zones urbaines. La clé de la réalisation de ces applications est la communication mobile 5G. Le niveau élevé des enchères pour les licences de fréquence correspondantes est un signe de la croissance attendue dans ces domaines.
Les coûts élevés des licences ne sont qu’un aspect de cette évolution. À cela s'ajoute la nécessité d'investir massivement dans de nouvelles infrastructures réseau. Les entreprises disposant d'infrastructures établies sont plutôt hésitantes à cet égard, car elles craignent des investissements importants qui nécessiteraient une reconstruction complète de leur infrastructure réseau. D'un autre côté, celles qui ne soutiennent pas et ne mettent pas en œuvre les changements risquent de perdre le contact avec les marchés en croissance. D’où le dilemme…
Où l'edge computing est-il mis en œuvre ?
Il n’y a aucune doute sur le fait que de nouvelles infrastructures seront nécessaires. La multitude de nouvelles applications dans les secteurs industriels exige une action rapide. La logistique et la production industrielle, par exemple, sont confrontées à une vague massive d'automatisation. De plus en plus de capteurs et un nombre croissant de nouveaux composants et acteurs entrent en jeu. Ils génèrent et traitent des données et fournissent ainsi des informations importantes pour de nombreux processus.
D'autres facteurs, tels que la sécurité des processus de production et des machines, doivent également être pris en compte. Même en cas de panne de courant ou d'autres dysfonctionnements dans le centre de données, le fonctionnement ininterrompu de tous les composants doit être assuré pour garantir le bon déroulement des processus. Certaines de ces tâches peuvent être résolues grâce à l'intelligence artificielle (IA).
C'est le cas, par exemple, du contrôle des robots, du contrôle de la qualité ou de l'identification des composants. La plupart de ces fonctions nécessitent une puissance de traitement locale. Toutefois, l'intelligence artificielle et l'apprentissage automatique nécessitent également l'accès à des modèles appris à partir de machines identiques ou au moins similaires. Cela simplifie la reconnaissance des problèmes et permet une action proactive. La combinaison de l’edge computing et du cloud computing est parfaitement adaptée à ces applications.
De l’association du cloud et de l’edge pour soutenir les PME
La combinaison de l’edge computing et du cloud computing est également une option intéressante pour les petites et moyennes entreprises. Pour nombre d'entre elles, il ne vaut plus la peine d'investir dans des infrastructures IT complexes car de plus en plus d’applications comme les packages bureautiques, les solutions de collaboration et les logiciels d’ERP et de CRM sont désormais disponibles dans le cloud. Le cloud est économiquement plus intéressant.
Cependant, il existe encore des applications dont les données doivent être traitées localement pour des raisons de sécurité. L'edge computing permet de créer facilement l'infrastructure locale nécessaire. La communication via le cloud permet le traitement continu de toutes les informations pertinentes dans n'importe quelle application d’entreprise. La combinaison de l'edge et du cloud offre aux PME des moyens totalement nouveaux d'ouvrir de nouveaux marchés et de renforcer leurs positions concurrentielles.
Les applications mobiles sont le moteur de la croissance de l'edge
C'est dans le domaine des applications mobiles que la croissance des applications edge est la plus rapide. Avec un point crucial qu’est le nombre croissant d'appareils IoT. Des technologies telles que Sigfox, le NB-IoT, le Wi-Fi 6 et la 5G, avec les services associés, sont en passe d’augmenter considérablement le volume de données transférées. Les exigences en matière de traitement des données en temps réel vont également augmenter.
La division des services, que l’on nomme "slicing", peut s'avérer utile à cet égard. Cela permet de traiter les applications différemment, par exemple localement pour le traitement en temps réel, et de consolider le trafic. Les données moins critiques migrent alors vers une application centralisée dans le cloud pour y être traitées.
La question du coût est également un facteur clé : la construction et l'extension des réseaux nécessitent des investissements considérables. Cela peut facilement s'avérer être un obstacle au développement et au déploiement de services modernes. Par exemple, l'expansion de la 5G nécessite beaucoup plus de sites, car des cellules radio beaucoup plus petites sont utilisées. Il est donc nécessaire de fournir des connexions réseau adéquates pour les stations de base. La topologie du réseau sera donc plus vaste au global et ce avec une plus grande largeur de maillage. Des systèmes edge peuvent être installés aux nœuds de ce réseau maillé étendu afin d'assurer le fonctionnement continu des applications.
L’edge a le vent en poupe
Pourquoi l’edge est-il un défi à relever dès aujourd’hui ? Cela est probablement dû aux changements en cours avec l’arrivée d'applications radicalement nouvelles et d’un irrépressible besoin de mobilité. Dans le passé, après une phase de consolidation, la puissance de calcul nécessaire se rapprochait de plus en plus des clients. Aujourd'hui, le nombre de postes de travail locaux diminue. Et ce sont les appareils mobiles qui les remplacent dans de nombreuses applications.
Les études montrent une nette tendance à l'utilisation d'applications cloud dans les entreprises. L'informatique en nuage est désormais la règle partout. C'est surtout dans le secteur du cloud computing public que l'on enregistre des augmentations importantes des chiffres d'affaires. Une étude d'ActualTechMedia montre que les clients des clouds publics bénéficient d'avantages significatifs dans presque tous les domaines clés. Il s'agit principalement d’adaptabilité, d'évolutivité, de disponibilité, de sécurité et de coûts d'exploitation plus attractifs. L'edge computing est un complément optimal aux clouds publics et peut être associé à des qualificatifs comme la flexibilité, l’évolutivité, la disponibilité, l’efficacité et la facilité de gestion, la sécurité.
Selon les spécialistes des réseaux, le développement de l’edge computing en est encore aux balbutiements. Le potentiel et le nombre d'applications possibles sont élevés, en périphérie et pourtant juste au centre !