Présentée hier 4 avril 2023 par Sébastien Lecornu, ministre des Armées, la 14e Loi de programmation militaire, qui prévoit 413 milliards d’euros de dépenses militaires sur les années 2024 à 2030, a notamment l’ambition de relever le défi historique de l’émergence de nouveaux espaces de conflictualité, en particulier le cyber et le spatial. Et ce tout en tirant parti de ruptures technologiques et de l’innovation dans les domaines de la robotique, des drones (avec 5 milliards d’euros consacrés à ce poste spécifique sur la période), et bientôt de la technologie quantique et de l’intelligence artificielle.
Selon le ministère des Armées, l’accélération de l’innovation devra passer par des démonstrateurs ambitieux, par exemple dans le domaine des armes à énergie dirigée (qui consistent à émettre de l’énergie dans une direction voulue sans besoin de projectile). Elle s’étoffera aussi au travers de l’exploration de technologies de rupture, comme les essaims de drones, en s’appuyant sur les unités des armées, tel que le BattleLab Terre, inauguré en janvier 2021 et destiné à créer des liens entre les différents acteurs de l’innovation (acteurs ministériels, industriels, start-up, centres de recherche, grandes écoles, universités…).
Ces synergies doivent permettre de déployer rapidement au sein des armées de nouvelles solutions et de porter une vision ambitieuse, comme l’arrivée des premières unités robotisées dans l’armée de Terre avant 2030. Pour atteindre ces objectifs ambitieux, la future Loi de programmation militaire prévoit de consacrer dix milliards d’euros à l’innovation sur la période de la Loi de programmation militaire.
Côté espace, le renforcement de l’action de la France devra passer par des capacités spatiales d’observation et d’écoute renouvelées, par des capacités accrues de surveillance de l’espace exo-atmosphérique (Space Domain Awareness) - afin de détecter un acte suspect ou agressif dans l’espace - et par des technologies pour protéger les moyens de la France par une défense active, notamment en orbite basse.
Pour cela, la Loi de programmation militaire 2024-2030 prévoit la création d’un centre de commandement, de contrôle, de communication et de calcul des opérations spatiales (C4OS) disposant de moyens pour piloter les actions vers, dans, et depuis l’espace. Est également envisagée la programmation des satellites patrouilleurs-guetteurs Yoda (*), ce qui constituerait une première européenne, des lasers en orbite (projet Flamhe), mais aussi des moyens d’action à partir du sol (laser BloomLase). Ces capacités seront opérationnelles avant la fin de la décennie, promet le ministère des Armées qui envisage de consacrer 6 milliards d’euros au renforcement de l’action de la France dans l’espace sur la période 2024-2030.
Au niveau cybersécurité, à noter qu'un pôle d’excellence sera créé pour structurer, autour de l’École polytechnique, des contenus, méthodes et équipes académiques au bénéfice des missions cyber confiées au ministère des Armées. La Loi de programmation militaire prévoit au global d'investir quatre milliards d’euros dans le domaine cyber sur la période 2024-2030.
(*) Ces engins spatiaux serongt chargés de protéger les satellites militaires français de manœuvres suspectes, voire hostiles.