[PORTRAIT DE START-UP] Issue des travaux de l’Inria, la start-up française Deepomatic a développé une solution de reconnaissance visuelle fondée sur l’intelligence artificielle qui peut s’exécuter indépendamment du cloud et satisfaire les applications de contrôle qualité, de maintenance prédictive, de surveillance liée à la sécurité, de diagnostic médical… La jeune société compte déjà une vingtaine de références. ...
L’intelligence artificielle est aujourd’hui au cœur de la stratégie de tous les géants des technologies de la communication et de l’information. Mais leurs algorithmes tournent encore essentiellement dans le cloud, même si on constate un début de migration vers la périphérie de réseau (ou l’edge en bon franglais). Or, pour un certain nombre d’entreprises, il n’est pas question de faire transiter vers le nuage des informations jugées stratégiques ou personnelles, alors que des impératifs de fiabilité peuvent en outre exiger un traitement au niveau local. Qu’adviendrait-il en effet des applications critiques si la connectivité réseau venait à tomber ? Quant aux logiciels de vision artificielle reposant sur l’IA, une exécution là aussi en local s’impose parfois lorsque des infrastructures câblées « anciennes » sont dans l’incapacité de transmettre des flux vidéo…
De gauche à droite, Aloïs Brunel, Vincent Delaitre et Augustin Marty, les trois fondateurs de Deepomatic
C’est à toutes ces contraintes que répond justement la plate-forme SaaS (Software-as-a-Service) de reconnaissance visuelle dopée à l'IA de la jeune société française Deepomatic, créée en juillet 2014 et issue de travaux menés à l’Inria. « Notre solution Deepomatic Run a été conçue pour être embarquée dans des systèmes peu coûteux, déployés au plus près des applications industrielles, que ce soit pour du contrôle qualité, de la maintenance prédictive, de la surveillance liée à la sécurité ou du diagnostic médical », détaille Vincent Delaitre, cofondateur et directeur technique de la start-up que L’Embarqué a pu rencontrer fin février sur le salon Embedded World.
Deepomatic Run s’accompagne d’un outil, Deepomatic Studio, qui permet notamment de concevoir et d’entraîner des applications de reconnaissance vidéo personnalisées à partir de bases de données et d’algorithmes IA récents, avant leur déploiement sur les équipements connectés. « Les connexions sont utilisées ici pour remonter des données de production vers un serveur centralisé dans le nuage pour évaluer les performances de prédiction, ce qui s’avère primordial lorsqu’il s’agit d’une première version d’algorithmes déployés sur le terrain, précise encore Vincent Delaitre. Il est alors possible de mettre à jour et améliorer l’intelligence des applications sur le terrain lorsque les modèles évoluent. »
Selon la jeune société, ses deux produits phares, Deepomatic Studio et Deepomatic Run, permettent de construire en moins de trois mois des systèmes de reconnaissance vidéo et d’exploiter des applications en production. Forte d’un effectif d’une trentaine de personnes dont la moitié focalisée sur les développements propres à l’intelligence artificielle, la start-up peut d'ailleurs déjà se targuer d'une vingtaine de références parmi lesquelles figurent Oscaro.com, le spécialiste des pièces détachées automobiles, la RATP, Carglass (Belron), Valeo, Sanofi ou Compass Group, l’un des leaders de la restauration collective.
La solution de Deepomatic est ainsi déployée depuis l’année dernière dans des restaurants d’entreprise afin de fluidifier le passage aux caisses, celles-ci étant désormais capables via une caméra de reconnaître l’intégralité du contenu d’un plateau en une dizaine de secondes. Les visiteurs du salon Embedded World pouvaient d’ailleurs assister à une démonstration de cette application sur le stand du fabricant de cartes et systèmes embarqués Aaeon. Le constructeur est en effet un partenaire clé de la jeune pousse française. C’est Aaeon qui fournit les plates-formes matérielles où s’exécute le logiciel embarqué de reconnaissance visuelle de la start-up, les ressources de traitement IA pouvant être apportées soit par un module Jetson TX2 de Nvidia (c’est le cas dans l’application Compass) soit par un processeur VPU (Vision Processing Unit) Movidius Myriad X d’Intel.
Le meilleur reste toutefois encore à venir pour Deepomatic. Pour accélérer encore son développement, notamment à l’international (la société vient d’ouvrir un bureau New York), la jeune pousse installée dans Paris intra-muros vient de boucler un tour de table de 6,2 millions de dollars, dont 5,1 M$ en capitaux propres et 1,1 M$ de dette. Cette levée de fonds a été menée par Hi Inov Dentressangle, focalisé sur les sociétés innovantes dans le B2B, soutenu par Alven, l’investisseur et partenaire historique de Deepomatic, et le business angel Bertrand Diard, le cofondateur de la société Talend, une entreprise qui fournit des logiciels et services d’intégration de données en mode open source (et qui a été en 2016 la 3e entreprise française à entrer au Nasdaq).
« Cette levée de fonds de 6,2 M$ nourrit notre obsession actuelle où chaque entreprise doit devenir autonome dans l’exploitation de ce que la transformation numérique offre de meilleur, l’intelligence artificielle, s’est félicité Augustin Marty, cofondateur et CEO de Deepomatic. Chaque première mondiale industrielle facilitée par notre société concrétise notre vision d’une IA pragmatique. » A suivre donc !
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