« Avec la technologie Siri, Apple a banalisé les commandes vocales pour appareils mobiles d’électronique grand public. Le mouvement, enclenché il y a déjà quelques années, se poursuit aujourd’hui dans le monde des objets connectés. Et cette évolution est d’autant plus pertinente que les dispositifs s’avèrent de plus en plus compacts et que les écrans voient leurs dimensions se réduire inexorablement… quand ils ne disparaissent pas purement et simplement. » Voilà comment, en quelques phrases, Karim Lourci, cofondateur et responsable du business development de la société française Vocal Apps, explique l’intérêt croissant des développeurs pour les interfaces homme/machine intuitives basées sur un dialogue vocal naturel. Un marché sur lequel se positionne la start-up créée en 2012 avec une approche qui se veut originale.

 

 

« Nous avons voulu d’emblée nous adresser aux concepteurs qui ne disposent d’aucune expertise en linguistique, détaille Karim Lourci. La plate-forme d’intelligence vocale que nous proposons permet aux fabricants d’équipements de créer aisément, et de manière intuitive, des interactions vocales avec des objets connectés. » Actuellement testée dans des projets de R&D par des constructeurs et équipementiers automobiles de premier rang et des marques très connues de l’électronique grand public, la plate-forme a particulièrement bénéficié de l’expérience de Hicham Tahiri, le CEO et également cofondateur de Vocal Apps qui a travaillé pendant cinq ans sur la problématique du vocal dans l’automobile chez Parrot.

 

 

Dans le détail, la solution de la start-up qui a nécessité trois ans de travail se décline en deux modules. Vocal Designer, comme son nom l’indique, est avant tout un outil Web dont la vocation est de modéliser, via un éditeur graphique, le dialogue avec l’équipement, de le tester (l’outil est doté d’une base linguistique, sorte de méta-dictionnaire riche de plus de quinze millions d’éléments développés par les linguistes de Vocal Apps) et de générer un code compilé pour le second élément de la plate-forme. C’est ce deuxième module, baptisé Vocal Engine, qui implémente les algorithmes de reconnaissance de la parole et de synthèse vocale à partir de texte (*) ainsi qu’un moteur de dialogue. Il peut être hébergé dans le cloud pour un fonctionnement en mode connecté ; le protocole de communication entre l’application et Vocal Engine prend alors la forme de requêtes HTTP.

 

 

 

 

Mais Vocal Engine peut aussi être directement embarqué dans l’application – et dans le dispositif donc – sous la forme d’une bibliothèque C/C++ pour un fonctionnement sans connexion au Web, moyennant des ressources mémoire de quelques mégaoctets. « Dans le domaine de l’automobile, c’est un mode hybride associant les deux modes on line et off line qui est en général implémenté », souligne d’ailleurs Karim Lourci. Selon Vocal Apps, Vocal Designer qui, pour l’heure, a été décliné en deux versions dédiées, l’une adaptée au monde de l’automobile et l’autre calibrée pour le marché de la robotique (le robot Sami du Centre de robotique intégré d’Ile-de-France est équipé de la technologie de la start-up), permet de créer une expérience de dialogue vocal en seulement quelques minutes…

 

 

 

Soutenu par Paris Région Lab Incubateurs, la jeune société a un objectif clair. « Vocal Apps a vocation à devenir la plate-forme de référence pour l’intelligence vocale, martèle le cofondateur de la start-up. A la différence de la plupart de nos concurrents qui commercialisent une ou plusieurs briques technologiques nécessaires à la mise en place d’un dialogue naturel avec les objets connectés, nous proposons une expérience utilisateur complète, renforcée d’une réelle expertise métier. » Pour ce faire, Vocal Apps, dont l’effectif s’élève pour l’heure à six personnes, a pu constituer une équipe dotée de compétences à la fois en développement Web mais aussi en linguistique avec une connaissance des bonnes pratiques en matière d’ergonomie des interfaces homme/machine vocales.

 

Basée à Paris, la start-up, qui commercialise son offre logicielle sous licence mais qui s’autofinance en partie avec ses activités de services, s’est aujourd’hui engagée dans une nouvelle phase de son développement. « Une levée de fonds est en cours, précise Karim Lourci. Les financements récoltés nous permettront notamment de nous déployer à l’international – Vocal Designer est déjà compatible avec une douzaine de langues – et de procéder à plusieurs embauches. »

 

(*) Vocal Apps intègre des technologies vocales de partenaires comme Nuance, Acapela, Creawave Studio ou Voxygen.