Les équipes du projet S2C (System & Safety Continuity), lancé en 2019, ont présenté le 23 mars dernier à Blagnac (à proximité de Toulouse) les résultats de leurs travaux autour de méthodes et processus de mise en œuvre et de maintien en cohérence des données échangées entre les équipes de conception d’architectures système et les équipes d’analyse de la sûreté de fonctionnement (RAMS, Reliability, Availability, Maintainability and Safety).
A la source de ce projet, on trouve le fait que les ingénieurs emploient de plus en plus des modèles d’architecture (MBSE, Model Based System Engineering) et de sécurité fonctionnelle (MBSA, Model Based Safety Assessment) sur des systèmes complexes où se pose un risque significatif d’apparition tardive de problèmes, pouvant impliquer des reprises avec un impact financier non négligeable.
Dans ce cadre, le projet S2C avait pour but de définir un cadre méthodologique outillé pour garantir et maintenir la cohérence des données d’ingénierie entre les architectures système et les analyses de sécurité fonctionnelle, tout en répondant aux exigences de certification de l’aviation civile.
Piloté en commun par les Instituts de recherche technologique IRT Saint-Exupéry et SystemX, le projet S2C (*) a défini trois axes de travail afin de garantir la cohérence des données d’ingénierie échangées entre les équipes d’architecture système (SE) et celles chargées des analyses de sécurité (SA).
Le premier axe portait sur la mise en cohérence de données d’ingénierie SE/SA qui viennent compléter l’existant normatif des ARP (Aerospace Recommended Practices) qui fournissent un ensemble de modèles (processus, data-modèle, plan de traçabilité, autres modèles...). Des recommandations ont été écrites pour garantir la cohérence des données d’ingénierie partagées entre les équipes SE et SA afin qu’elles soient plus robustes avec à la clé la réalisation d’un POC (Proof Of Concept, voir schéma ci-dessous).
Le second axe visait la rédaction d’un guide pratique et méthodologique MBSA qui s’adresse autant à des ingénieurs RAMS débutants en modélisation qu'à des ingénieurs déjà expérimentés, et qui livre les clés pour débuter un projet de modélisation en MBSA (reposant sur le langage AltaRica) en s'accompagant d’exemples pratiques
Enfin les travaux du troisième axe se sont penchés sur la mise en cohérence entre les modèles MBSE et MBSA, ce qui a permis de distinguer plusieurs dimensions clés dans la recherche de cette cohérence entre modèles distincts : structurelle ou comportementale, localisée ou partielle.
Pour mener à bien cette recherche, les équipes du projet S2C ont appliqué ces trois axes sur le cas d’usage d’un système de drone destiné à l’inspection d’avions avant leur décollage, issu d’un projet précédent de l’IRT Saint-Exupéry (projet Moise).
Les livrables issus du projet sont librement mis à disposition de la communauté et les équipes qui ont travaillé sur cette problématique appellent de leurs vœux que ces processus deviennent désormais un modèle à suivre dans l’industrie.
(*) Doté d'un budget de 3,8 millions d'euros, le projet S2C a rassemblé les partenaires industriels Airbus Defence and Space, Dassault Aviation, DGA-TA, Liebherr, MBDA, Thales AVS, Thales Corp, Airbus Protect, LGM, Samares Engineering et SATODEV et les partenaires académiques et scientifiques IRIT/INPT, ISAE-Supméca, IRT Saint-Exupéry, IRT SystemX, LAAS- CNRS et Onera.