A l’occasion du salon SIdO qui s’est tenu début avril à Lyon, Cyrille Le Floch, le CEO de Qowisio, a précisé à L’Embarqué le positionnement de sa société qui a annoncé en 2015 son ambition de déployer dans l’Hexagone un réseau public dédié aux objets connectés. Selon son dirigeant, l’entreprise angevine a mis en place une proposition économique qui lui permet de cibler des cas d’usage de l’IoT jusqu’alors inenvisageables pour des raisons de coût et d’autonomie énergétique. ...
En juin 2015, Qowisio a levé dix millions d’euros tout en dévoilant son ambition de déployer dans l’Hexagone un réseau public bas débit, longue portée et basse consommation dédié aux objets connectés. Où en êtes-vous dix mois plus tard ?
CYRILLE LE FLOCH Je tiens d’abord à rappeler que, dès la création de Qowisio en 2009, nous nous sommes positionnés en tant qu’opérateur bas débit de nouvelle génération. En quelques années, notre société a été présente hors des frontières de l’Hexagone dans une trentaine de pays. Nous avons jugé que notre modèle était adapté à l’Internet des objets et c’est l’une des raisons qui nous a poussés à envisager le déploiement d’un réseau public IoT bas débit en France en mettant l’accent sur deux enjeux principaux, les objets eux-mêmes et les usages. Le déploiement de notre infrastructure est aujourd’hui terminé. Pour couvrir l’Hexagone, nous avons installé environ 1 200 antennes, sachant que nous avons développé nous-mêmes les cartes électroniques qui équipent nos stations de base et qu’elles peuvent communiquer indifféremment en technologie LoRa ou selon notre propre procédé à bande ultra-étroite UNB. Un procédé aujourd’hui amorti financièrement puisque nous l’exploitons depuis plusieurs années hors des frontières françaises.
Vous évoquez régulièrement le positionnement original de Qowisio par rapport à d’autres opérateurs de réseaux IoT bas débit. Qu’en est-il exactement ?
CYRILLE LE FLOCH En fait, Qowisio n’intervient pas seulement dans la fourniture du réseau et de la connectivité aux clients potentiels, que ceux-ci soient de jeunes entreprises créatrices d’objets ou des sociétés officiant depuis des décennies sur des secteurs traditionnels de l’industrie. Nous sommes aussi en mesure de leur proposer un ensemble de briques technologiques, du capteur jusqu’à l’application mobile, voire même de leur fournir un objet fini prêt à être industrialisé. Dans ce cas, nous n’hésitons pas à nous appuyer, pour la réalisation des premières séries, sur les compétences de la Cité de l’objet connecté basée à Angers et dont notre société est membre fondateur.
S’il fallait résumer en une formule percutante l’approche de Qowisio, je ne dirais pas comme d’autres que nous proposons une offre « device-to-cloud », mais une offre « device-to-you » !. Notre équipe de recherche et développement, qui compte aujourd’hui une quinzaine d’ingénieurs, est ainsi en mesure de faire sauter toutes les barrières pour ceux qui souhaitent se lancer dans l’Internet des objets. Nous leur garantissons aussi l’indépendance vis-à-vis d’un opérateur en particulier puisque nous sommes capables d’embarquer dans un objet n’importe quel protocole de communication. En réalité le fait pour Qowisio de disposer de sa propre infrastructure réseau nous garantit surtout une indépendance économique et une certaine sécurité.
Vous insistez énormément sur les usages de l’Internet des objets et sur la capacité de Qowisio à se distinguer également sur ce point. Pouvez-vous expliciter votre différence ?
CYRILLE LE FLOCH Effectivement nous souhaitons avant tout cibler les usages de l’Internet des objets qui se caractérisent par un ARPU, ou chiffre d’affaires mensuel moyen par objet connecté, extrêmement faible. Pour vous donner un ordre d’idée, nous nous concentrons sur des usages où les débits sont très faibles, de l’ordre de 5 bits/s, avec donc des consommations réduites au minimum, et où l’ARPU est de l’ordre de quelques centimes. Soit grosso modo un chiffre d’affaires par objet généré sur trois ans qui se situe sous la barre des 5 euros, coût de connexion et coût de transport des données compris. Sous cette barre, il n’y a que Qowisio qui propose une offre et c’est la raison pour laquelle nous estimons que nous ne positionnons pas notre offre en concurrence de celles d’autres acteurs du marché, mais plutôt comme une offre complémentaire.
Notre proposition économique est telle qu’elle nous permet de cibler de nouvelles applications et de nouveaux cas d’usage… auxquels les clients potentiels n’ont peut-être même encore pensé ! Notre marché c’est en fait l’énorme masse d’objets à venir et dont l’ARPU, comme je l’ai dit, est très faible… Il faut imaginer des cas d’usage qui n’étaient pas possibles jusqu’ici et qui associent faible coût, longue portée et grande autonomie. L’imagination peut alors jouer à plein, aussi bien pour une start-up que pour un grand groupe industriel, et tous les secteurs d’activité sont ou seront touchés ! Un exemple parmi d’autres : celui des panneaux de signalisation qui coûtent entre 50 et 100 euros. L’ajout de la connectivité – pour les tracer en cas de vol par exemple ou simplement pour vérifier s’ils sont opérationnels au bon endroit et dans la bonne position – est parfaitement envisageable et rentable si l’intégration de la connectivité ne dépasse pas quelques euros et si l’on ne facture pas plus de quelques centimes par mois… Sachant que nous avons déjà connecté à notre réseau des clients et des équipements avec des problématiques aussi bien d’ordre locales que nationales. Nous comptons d’ailleurs procéder à des annonces significatives en ce sens le 2 juin prochain.
Propos recueillis par Pierrick Arlot