Environnement logiciel open source et collaboratif qui permet de bâtir des systèmes d’exploitation pour robots, Robot Operating System (ROS) va s’imposer comme un standard industriel pour le middleware robotique. Selon ABI Research, près de 55% de tous les robots professionnels vendus en 2024, soit plus de 915 000 unités, embarqueront au moins un package ROS. ...
Elaboré en 2007 par la société américaine Willow Garage, ROS est actuellement développé par l’organisme Open Robotics. Il s’agit d’un méta-système d’exploitation qui peut fonctionner sur un ou plusieurs ordinateurs et qui fournit plusieurs fonctionnalités : abstraction du matériel, contrôle des périphériques de bas niveau, mise en œuvre de fonctionnalités couramment utilisées, transmission de messages entre les processus, gestion des packages installés. Ces packages permettent de lancer des applications, des algorithmes ou encore des programmes pour interfacer ROS avec des robots.
« Le succès de ROS réside dans sa forte interopérabilité et compatibilité avec d’autres projets open source ; ROS 1.0 s’appuie ainsi sur Orocos pour le temps réel et sur OpenCV pour les modèles de vision artificielle, indique Lian Jye Su, analyste chez ABI Research. Pour répondre aux besoins de l’industrie robotique, Open Robotics a lancé avec ROS 2.0 le successeur de ROS 1.0 et y a intégré la prise en charge de systèmes multirobots, de communications temps réel, de réseaux non fiables et de capacités de calcul. Cela rend ROS 2.0 non seulement plus intuitif, robuste et temps réel, mais plus acceptable en tant que standard industriel. »
ABI Research en veut pour preuve le lancement du framework RMF (Robotics Middleware Framework) pour applications de santé, lancé par le gouvernement singapourien en partenariat avec Open Robotics. En s’appuyant sur ROS en tant que plate-forme commune, les établissements de santé de Singapour ont pu déployer et intégrer différents systèmes robotiques reposant sur le même framework, et étendre ainsi l’interopérabilité aux équipements et protocoles propriétaires.
Pour s’imposer comme un standard industriel largement accepté, ROS doit toutefois s’assurer d’un soutien toujours plus fort d’éditeurs de systèmes d’exploitation comme Microsoft, de fournisseurs de plates-formes cloud comme Amazon et Google, de vendeurs de composants robotisés comme Robotiq, et d’intégrateurs système, prévient toutefois la société d’études. Dans le cas particulier du RMF, les organismes de régulation et les responsables politiques ont aussi joué un rôle important pour l’adoption de ROS. Cela dit, la fin des systèmes robotiques propriétaires n'est pas pour demain. « En fait, il y aura coexistence de systèmes fermés et open source, ajoute Lian Jye Su. Au-delà des applications de niche qui seront toujours mieux servies par des systèmes propriétaires, ROS va se poser comme une brique de base fondamentale pour l’interopérabilité, tout en autorisant les personnalisations et les améliorations apportées par les fabricants de systèmes robotisés. »
Le succès de ROS a aussi poussé certaines sociétés à investir encore plus dans des projets robotiques open source liés au matériel. Récemment des poids lourds comme Nvidia et Comau ont ainsi lancé des plates-formes robotiques ouvertes bâties sur ROS. Si ces plates-formes ciblent principalement la recherche et la formation, l’implication d’entreprises aussi importantes devrait attirer l’attention d’un nombre toujours plus important de développeurs et d’utilisateurs finaux vers la communauté open source ROS, assure ABI Research.