En avril 2019, la ministre des Armées Florence Parly avait énoncé les grandes priorités et l’ambition de la France en matière d’intelligence artificielle et chargé une équipe du ministère de rédiger un rapport exhaustif sur le sujet. Rendu en juillet, ce rapport existe désormais dans une version publique ...téléchargeable ici (au format PDF). Intitulé Stratégie de l’intelligence artificielle au service de la Défense, il explicite en particulier la feuille de route du ministère des Armées qui passe notamment par la mise en place d’ici à la fin 2019 d’un comité ministériel pluridisciplinaire d’éthique centré sur les technologies IA émergentes dans le domaine de la Défense. Le ministère veillera notamment à intégrer la spécificité de l’IA dans les analyses de sûreté de fonctionnement des opérations d’armement et autres développements pour les besoins du ministère afin de déterminer le juste niveau de confiance nécessaire et de s’assurer du maintien d’un contrôle humain.
L’Etat compte aussi participer activement aux travaux civils et militaires de normalisation liés à l’IA et inciter les grands maîtres d’œuvre de la Défense à y être actifs au niveau national (Afnor) et international (ISO). Le rapport insiste par ailleurs sur la nécessité d’une feuille de route à vocation opératoire pour le développement d’une IA adaptée aux besoins militaires qui repose en premier lieu sur une politique de gestion et de valorisation de la donnée et sur des capacités de calcul et de stockage. Au-delà des données, certaines applications utilisant de l’intelligence artificielle nécessitent en effet l’accès à de très importantes capacités de stockage et de calcul. Le recours à l’informatique en nuage est une des voies technologiques permettant de répondre à ces besoins. Le ministère des Armées souhaite donc assurer par la mise en œuvre de sa stratégie cloud le stockage, la disponibilité et l’accès aux données au juste besoin, y compris classifiées, dans le respect des exigences de sécurité. L’implication dans la gouvernance des projets de calcul quantique et hautes performances est aussi envisagée.
Le rapport identifie également les axes d’efforts prioritaires pour le ministère des Armées, compte tenu que la combinaison et la convergence entre l’intelligence artificielle, la robotique, la réalité augmentée, la mise en réseau des systèmes et l’Internet des objets vont jouer un rôle central dans les systèmes de Défense de demain et contribueront de façon significative à la supériorité opérationnelle. Au-delà d’une implémentation de l’IA dans les seuls systèmes opérationnels, les Armées ont en effet besoin de pouvoir plus largement exploiter l’IA dans leur dynamique de transformation numérique et explorer ses apports et ses implications potentielles dans toutes leurs activités, indique le rapport. Les applications prometteuses sur le plan militaire ont ainsi été décomposées en 7 axes d’effort : aide à la décision en planification et en conduite, combat collaboratif, cyberdéfense et influence, logistique, soutien et maintien en condition opérationnelle, renseignement, robotique et autonomie, et, enfin, administration et santé.