Qui n’a jamais perdu ses nerfs en s’apercevant que ses communications ont été brutalement interrompues, une fois franchie la porte d’un immeuble ? La faute en revient souvent aux fenêtres thermo-isolées et autres nouveaux matériaux utilisés pour optimiser l'efficacité énergétique des bâtiments ...et répondre aux nouvelles normes en vigueur, qui entraînent inévitablement une réduction de la transmissibilité des ondes en tous genres, sonores, mais également électromagnétiques, comme celles utilisées par les smartphones.
La toute jeune société grenobloise Lichens, créée en mars 2021 après une incubation à la SATT (Société d’accélération de transfert de technologies) Linksium, semble avoir trouvé la parade à cet inconvénient en exploitant un procédé issu du laboratoire IMEP-LaHC (Institut de microélectronique, électromagnétisme et photonique - Laboratoire d'hyperfréquences et de caractérisation). Procédé qui améliore la réception d’un signal réseau téléphonique dans les bâtiments, sans perdre en qualité d'isolation thermique.
« Nous avions déjà développé et breveté des revêtements papier capables de bloquer les ondes telles que le Wi-Fi, explique Tân-Phu Vuong, enseignant à Grenoble INP - Phelma, UGA et chercheur au laboratoire IMEP-LaHC. Nous avons ici eu l'idée de faire l'inverse, et d'utiliser les mêmes procédés techniques pour au contraire faciliter le passage des ondes et retrouver de la bande passante. » Pour ce faire, François Vincent et Olivier Vandermoten, les deux ingénieurs issus du monde industriel qui ont fondé Lichens, ont utilisé le procédé des surfaces sélectives en fréquence (FSS) qui consiste à imprimer des motifs à l’aide d’encres conductrices sur des films plastique. Ces films sont destinés à être simplement posés sur une fenêtre et collés grâce au pouvoir adhésif du film plastique. Les motifs favoriseraient alors le passage de certaines fréquences en entrant en résonance avec la couche conductrice de la vitre.
Selon Lichens, ce procédé permet d’ajouter au moins 10 dB aux fréquences souhaitées et d'améliorer la réception du signal à l'intérieur des bâtiments. La solution serait par ailleurs beaucoup moins coûteuse que la gravure au laser du verre ou que des solutions actives qui doivent être alimentées en énergie pour fonctionner. Amovibles, les panneaux peuvent en outre être décollés le temps d'un grand ménage ou remplacés le moment venu par une version plus performante.
Selon Lichens, le produit s'adresse essentiellement aux bâtiments tertiaires de taille modeste et devrait être commercialisé en 2022. « Nous travaillons actuellement à l'amélioration de l'aspect visuel du dispositif avec des motifs plus discrets, et une plus grande transparence de l'encre utilisée pour les dessiner », ajoutent les deux fondateurs de la start-up. L’objectif chiffré est de rendre le réseau disponible dans une pièce de 20 m2 avec un panneau adhésif de 50 x 50 cm. Quand la solution sera prête, elle sera produite à l'échelle industrielle en partenariat avec le groupe papetier Arjowiggins. Pour l’heure, des films de démonstration favorisant le passage de fréquences spécifiques sont disponibles pour des tests.