Filiale de la firme allemande Hensoldt, spécialiste de l’électronique de défense, Hensoldt France vient de décrocher auprès du Secrétariat général pour l’investissement (SGPI) un contrat pour un projet portant sur le développement d’une technologie de cryptographie post-quantique (PQC). Ce contrat entre dans le cadre de la stratégie nationale sur les technologies quantiques du plan d’investissement France 2030 géré par le SGPI sous l’autorité de la Première ministre. Hensoldt France se targue d’une expertise de plus de trente ans dans le domaine de la cybersécurité des transmissions de données tactiques pour les forces militaires.
Avec le projet X7‐PQC, la société vise à développer une innovation de rupture post‐quantique capable de contrer les cyberattaques d’ordinateurs quantiques, l’idée étant de garantir la souveraineté numérique de la France en assurant la sécurisation des liaisons données tactiques et des plateformes militaires ou civiles. L’étude du cœur technologique du futur module de cryptographie X7 post‐quantique (X7 est le nom de la gamme actuelle de modules de cybersécurité de Hensoldt) fera l’objet d’une thèse Cifre et de 3 thèses académiques pendant la durée du projet de R&D qui durera jusqu’en 2026.
Au niveau technologique, Hensoldt France compte travailler en partenariat avec la société française Secure‐IC, ainsi qu’avec les laboratoires de recherche XLIM et Télécom Paris. Fort de son expérience dans le secteur de la cryptographie pour la défense, Hensoldt dirigera le consortium et développera un système cryptographique post‐quantique sur FPGA tandis que Secure-IC (*), qui dispose d’une connaissance approfondie de la sécurité pour un usage civil, développera un algorithme de signature post-quantique sur circuit Asic.
Le laboratoire XLIM, pour sa part, planchera sur de nouveaux algorithmes souverains de chiffrement et de signature « à base de codes » (une direction de recherche explorée pour développer la cryptographie post-quantique), tandis que Télécom Paris éprouvera les mises en œuvre de ces algorithmes sur FPGA en les soumettant à des attaques par canaux auxiliaires, l’objectif étant de garantir un haut niveau de sécurité.
Pour anticiper les évolutions technologiques, les dispositifs développés seront flexibles et reconfigurables afin d’exécuter des algorithmes plus complexes que ceux conçus initialement, précise Hensoldt.
Au-delà, Hensoldt France a pour ambition de développer une offre de chiffrement post-quantique sous le nom commercial X7-PQC qui aura pour fonction de chiffrer des données sensibles provenant de capteurs, de sécuriser des liaisons de données tactiques et de stocker les données des missions classifiées des Forces armées. Selon la société, la solution sera compatible avec tout type de plateforme terrestre, maritime ou aérienne pouvant embarquer l’actuel module X7 (photo ci-dessus), y compris les drones, ce qui s’avère possible grâce au faible encombrement de la solution.
Au final, l’objectif pour Hensoldt France est d’anticiper la transition post‐quantique avant 2030, comme préconisé par les différentes agences de standardisation telles que l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (Anssi), l’Internet Engineering Task Force (IETF) ou le National Institute of Standards and Technology (NIST), et de se positionner comme un acteur prépondérant du secteur de la cybersécurité embarquée grâce à une participation active à la définition des futurs standards de cryptographie.
(*) Secure-IC apporte notamment son expertise en cryptographie post-quantique à son compatriote Unseenlabs, spécialiste de la géolocalisation radiofréquence par satellites des navires en mer qui a déjà placé sur orbite neuf nanosatellites depuis 2019 (lire notre article). (Les satellites BRO-8 et BRO-9 d’Unseenlabs ont été mis sur orbite respectivement en janvier et en avril 2023.)
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