ffly4u réinvente la logistique grâce aux communications radio à bas débit

ffly4u

En tirant parti des technologies de communication radio bas débit, et en particulier de celle initiée par Sigfox, la jeune société toulousaine ffly4u ouvre la voie à une nouvelle manière d'envisager la logistique et la gestion d'équipements qui se déplacent dans le temps et dans l'espace. ...

A l'origine de nombre de start-up innovantes, on trouve souvent une technologie matérielle ou logicielle qui essaie de rencontrer un marché. Mais parfois c'est l'inverse. De la rencontre entre un marché traditionnel et une technologie émergente peuvent naître de jeunes pousses prometteuses. C'est le cas de ffly4u (à prononcer "fly for you"), jeune société toulousaine créée en 2015 par Olivier Pagès, un expert dans le domaine de la logistique pour la grande distribution. L'idée de ffly4u : mettre l'Internet des objets au service de la gestion d'actifs industriels mobiles (pièces détachées, palettes, conteneurs, tourets, bennes, marchandises, véhicules...) pour répondre à des besoins exprimés par les industriels, et jusque là non couverts par les approches traditionnelles. En ligne de mire : la volonté de développer un service clé en main pour la gestion d'un parc de matériels mobiles de manière dynamique afin de mieux repérer les actifs inutilisés et lutter contre les pertes ou disparitions.

La RFID ? Pas adaptée aux besoins

"Lorsque j'ai créé en 2010 la société Pick and Go, un gestionnaire et un loueur de palettes en plastique, très vite le besoin s'est fait sentir d'assurer une meilleure traçabilité de ces palettes, plus robustes que les traditonnelles palettes en bois, mais avec un prix unitaire plus élevé, raconte Olivier Pagès. Dès lors, nous avons équipé nos palettes en plastique de puces RFID passives pour tracer nos actifs. Or nous avons constaté que cette approche n'a pas été aussi fructueuse que prévu. Pour deux raisons : d'abord, les puces RFID imposent que le réceptionnaire des palettes, une grande surface par exemple, s'équipe de portiques RFID, ce qui n'est pas été fait de façon massive dans un secteur où le code-barres règne en maître. Ensuite, et c'est sans doute la raison la plus importante, la technologie RFID ne résout pas le besoin de terrain exprimé par les utilisateurs qui veulent connaître l'heure d'arrivée de la palette et l'endroit où elle se trouve dans un entrepôt. La RFID gère certes un flux mais est inopérante pour les aspects liés à la géolocalisation."

Olivier Pagès, fondateur de ffly4u

De la rencontre avec Ludovic le Moan, le fondateur de Sigfox, société qui comme celle d'Olivier Pagèes fait partie de l'écosystème industriel toulousain, va alors naître l'idée de fonder ffly4u. En effet, en s’appuyant sur les solutions de connectivité radio bas débit développées par Sigfox, il devient possible de localiser des actifs mobiles sur des sites industriels en intérieur (entrepôts) ou en extérieur (chantiers, zones de stockage...). Et d'aller plus loin en intégrant des données de suivi de conditions environnementales (température, bruits...) ou de détection de mouvements (chocs, déplacements).

Dès 2013, un premier pilote, financé par les fonds propres d'Olivier Pagès avec le concours du distributeur Casino, est alors lancé, avec des émetteurs Sigfox intégrés dans des palettes métalliques, associés à deux antennes-relais installées sur le toit des entrepôts. Une expérience concluante qui a conduit cette année à la création de ffly4u. "Notre objectif est de fournir une solution clé en main simple, complète et personnalisée qui inclut la conception, l'industrialisation et la fabrication de l’émetteur radio à placer sur l’actif à tracer, la gestion du contrat avec les opérateurs de réseaux bas débit, et le service de récupération et de structuration des données sur une plate-forme logicielle développée en interne et adaptée aux besoins spécifiques de chaque utilisteur", détaille Olivier Pagès.

Ses propres boîtiers de communication Sigfox

La société a donc développé ses propres boîtiers de communication radio (80 x 40 x 25 mm) avec une puce Sigfox intégrée sur une carte spécifique, avec en sus un capteur de température, un accéléromètre et un récepteur GPS. Le fonctionnement est simple : l'émetteur radio équipé d'une batterie autonome en énergie, d'une autonomie de 4 à 10 ans selon le type de service mis en place, est fixé de manière solidaire sur l’actif à tracer. Une fois mis en place, il envoie des trames d’information à un rythme constant de 2 à 6 fois par jour en moyenne, mais jusqu'à 100 fois si le besoin est là.

La communication s'appuie sur le réseau d’antennes national déployé par Sigfox, qui joue le rôle d'opérateur, et qui réceptionne ces messages puis les transmet au logiciel dans le cloud de ffly4u. Ces données sont alors structurées et présentées selon les besoins exprimés. Deux grands types de services sont proposés par la start-up : la détection de la présence/absence de l'actif suivi (on parle de geofencing) ou la détection associée à la localisation (via le GPS) avec, dans les deux cas, des données objectives de date et d’heure de réception de la marchandise sur site, sans intervention humaine.

Des coûts réduits

Une approche qui n'était pas facile à réaliser jusque là dans une fourchette économique acceptable. Car, côté coûts, on est ici à environ 1 euro par actif dans le cas d'une détection simple, ou 2 euros pour une donnée de localisation en plus, et ce pour des volumes de 5 à 10 000 unités dotées d'un émetteur. Un prix qui intègre l'abonnement à l'opérateur Sigfox, un aspect transparent pour l'utilisateur car géré par ffly4u.

"Notre service, basé sur les technologies radio bas débit, offre désormais la possibilité aux industriels d’optimiser la gestion de leurs actifs et de leurs biens pour moins d’un euro par mois et par actif, résume Olivier Pagès. C’est un service qui cible plus de 2 000 millions de tonnes de frêt en France, chaque année. Or aujourd’hui, tous ces biens sont en mesure de communiquer - directement ou au travers de leur support de manutention - des informations précieuses pour créer de la valeur ajoutée à tous les stades de la Supply Chain."