La jeune société française Cyleone a conçu un « objet connecté et embarqué » qui, une fois positionné sur un drone ou un robot roulant, collecte des données industrielles, les vérifie, les traite en temps réel et les diffuse vers un poste distant via une liaison radio. Originalité du produit : sa structure complètement modulaire qui permet de modifier rapidement le type de capteurs afin de personnaliser l’objet en fonction des besoins spécifiques à chaque domaine ciblé : photovoltaïque, efficacité énergétique du bâtiment, écologie, agriculture de précision, etc. ...
Si les drones se sont initialement développés sur les marchés militaires du renseignement, de l’observation et du combat, avant d’être popularisés par des applications grand public, ces drôles d’engins volants trouvent aujourd’hui des débouchés potentiellement lucratifs dans des domaines professionnels comme les énergies renouvelables, l’agriculture, la logistique, le génie civil… Des domaines qui n’ont évidemment pas les mêmes besoins et auxquels il semble difficile de proposer une seule et même plate-forme de détection et de calcul embarquée, toutes les applications ne requérant ni les mêmes capteurs ni les mêmes logiciels de traitement.
Guillaume Boguszewski, cofondateur et dirigeant de Cyleone, et la Cybox
Et pourtant la société montpelliéraine Cyleone, créée en novembre 2012, estime avoir réussi à résoudre la quadrature du cercle. Sous le nom de Cybox, la jeune pousse a développé un « objet connecté et embarqué » qui, une fois positionné sur un drone, est capable de collecter des données industrielles, de les vérifier et de les valider, de les traiter en temps réel avec des algorithmes de fusion de capteurs, de les stocker éventuellement puis de les diffuser vers un poste distant. Si rien ne semble très exotique jusque-là, l’originalité de la Cybox tient au fait qu’elle repose sur une structure complètement modulaire. « Notre point fort est d’avoir conçu une plate-forme dont l’architecture mécanique et électronique, brevetée, permet d’échanger de façon très souple les capteurs afin de l’adapter aux besoins exprimés, détaille Guillaume Boguszewski, cofondateur et dirigeant de Cyleone. Nos capteurs sont en fait intégrés dans des modules robustes insérables de façon plug and play, un peu à la manière d’un Lego, au sein d’un boîtier intelligent de traitement des données sous Linux embarqué qui est autonome en énergie et apte à communiquer par une liaison Wi-Fi. »
Trois grandes familles de capteurs
Dans la pratique, les modules de détection de la start-up se classent en trois grandes familles : les capteurs optroniques pour l’imagerie infrarouge, proche infrarouge et visible, les capteurs de gaz et les capteurs environnementaux (pression, luminosité, humidité, température, géolocalisation…). Les combinaisons multiples et personnalisées permettent alors d’élaborer un outil qui colle au plus près des préoccupations des secteurs qu’un opérateur de drones souhaite adresser, souligne la jeune société. « Les opérateurs de drones ne forment toutefois qu’une partie de nos clients car nous avons aussi des contacts directs avec des industries qui ont elles-mêmes identifié les bénéfices que pouvaient apporter à leurs activités les robots volants… ou roulants au sol, un marché que nous ciblons également, ajoute Guillaume Boguszewski. Le secteur du photovoltaïque y voit par exemple un moyen de repérer aisément la perte de puissance générée par les cellules défectueuses ou les points d’échauffement sur les panneaux … » Cyleone tient également à préciser que sa solution se prête aussi à des utilisations « fixes » dans le cadre d’applications liées à la ville intelligente.
La Cybox, un "objet embarqué et connecté" pour drones et robots roulants
Pour trouver un équilibre entre puissance et consommation, un critère incontournable pour un système embarqué autonome en énergie, tout en assurant la fiabilité du boîtier Cybox, le cofondateur de Cyleone a pu tirer parti de son expérience. « J’ai d’abord travaillé dans le monde des semi-conducteurs sur des circuits de type SoC ou SiP puis effectué une mission de recherche à l’ISAE-SupAéro liée aux problèmes d’intégration de fonctionnalités sur les drones et minidrones, se souvient Guillaume Boguszewski. C’est à ce moment-là que je me suis posé la question de l’utilité et des usages professionnels des drones et qu’est née l’idée qui a sous-tendu la création de Cyleone. »
La jeune société ne se contente pas toutefois de proposer un boîtier à embarquer car son ambition est de fournir une chaîne d’acquisition globale avec un premier niveau de gestion des données et notamment une structuration des informations à la fois dans le temps et dans l’espace et l’édition de rapports automatisée. « Nous fournissons donc une plate-forme matérielle et logicielle que nous proposons en mode SaaS ou Software-as-a-Service », détaille le dirigeant de la société qui, parallèlement à la mise au point de sa solution (de premiers prototypes ont pu être testés dès 2013 avec l’université de Montpellier II), a pu commencer à l’expérimenter dans des domaines aussi divers que le photovoltaïque, l’efficacité énergétique du bâtiment, l’écologie ou l’agriculture de précision.
Une levée de fonds en cours
« Nous sommes actuellement dans la phase de fin d’industrialisation de la Cybox avec une validation de la première série d’ici à la mi-octobre, précise Guillaume Boguszewski. Parallèlement, nous menons une levée de fonds dont nous n’indiquons pas le montant pour le moment mais qui nous permettra d’accélérer la phase industrielle et de compléter notre équipe, actuellement de dix personnes, tant au niveau technique que commercial. » Au cours de l’étape d’industrialisation, Cyleone a pu bénéficier du conseil et de l’expertise de l’accélérateur Axandus, opérationnel depuis juin 2014 et fondé par l’équipementier automobile EFI Automotive. La start-up a par ailleurs confié la réalisation et la fabrication des cartes électroniques de la Cybox au sous-traitant Omicron/Hardtech, basé également dans l’Hérault. A noter que Cyleone est l’une des premières sociétés à intégrer le Centre spatial universitaire de l’université de Montpellier dont la première pierre a été posée fin 2014.