SpinalCom amène le cloud au plus près des objets et équipements connectésLa jeune société française SpinalCom a développé une plate-forme logicielle intelligente et décentralisée de fog computing pour l'Internet des objets. Un concept qui vise à répartir les ressources de calcul, de gestion des données, de contrôle/commande et de stockage au plus près des équipements connectés, et notamment dans les passerelles placées en bordure de réseaux voire dans les objets eux-mêmes. A la clé : réactivité, sécurité et autonomie vis-à-vis des éventuelles pertes de connexion. ... La montée en puissance de l’Internet des objets (IoT) et la multiplication des produits, périphériques et capteurs connectés favorisent une augmentation inexorable des flux des données transitant entre les objets et le cloud. Avec les risques potentiels qui en découlent tant en termes de surcharge réseau que de sécurité et de réactivité, deux notions qui prennent toute leur importance dans des secteurs d’activité « critiques » comme l’industriel, la ville intelligente, l’énergie, l’agriculture, la santé ou les transports. Rien d’étonnant donc à voir émerger ici ou là la notion de fog computing qui vise à répartir les ressources de calcul, de gestion des données, de contrôle/commande et de stockage au plus près des équipements connectés, et notamment dans les passerelles placées en bordure de réseaux voire dans les objets eux-mêmes. Une approche qui évite de concentrer ces mêmes ressources sur des serveurs au cœur des infrastructures Internet, comme c’est le cas avec la traditionnelle informatique en nuage (cloud computing). Sébastien Coulon, Jérémie Bellec et Julien Sorin, fondateurs de SpinalCom Cette tendance s’est cristallisée au plus haut niveau il y a quelques semaines avec la création de l’OpenFog Consortium, organisme industriel mis sur pied par ARM, Cisco, Dell, Intel, Microsoft et l’université de Princeton. Avec, pour objectif avoué, la volonté d’accélérer le déploiement des technologies du fog computing au sein de l’Internet des objets. Mais de jeunes sociétés innovantes sont aussi sur la brèche. C’est notamment le cas du français SpinalCom créé en décembre 2014, l’une des très rares entreprises à pouvoir fournir dès aujourd’hui un middleware IoT de fog computing sous la forme d’un logiciel à embarquer sur des plates-formes matérielles du type routeur, passerelle ou box. « En fait, notre solution SpinalCore revient grosso modo à déporter au plus près de l’objet connecté un cloud miniature avec des capacités d’analyse et une microbase de données », résume Julien Sorin, directeur marketing et commercial de SpinalCom et cofondateur de la start-up francilienne avec Jérémie Bellec et Sébastien Coulon, respectivement président et directeur général de la jeune structure.
Les avantages de cette approche sont multiples. « On y gagne une réactivité quasi temps réel, grâce à une gestion localisée de l’automatisation et un premier niveau d’analyse des données, ce qui est particulièrement important pour l’Internet des objets, détaille Julien Sorin. Notre solution assure aussi un premier niveau de maîtrise des données aux entreprises utilisatrices, puisqu’elles restent maîtres des informations qu’elles souhaitent ou non envoyer vers le cloud. L’autonomie vis-à-vis des éventuelles pertes de connexion est un troisième avantage de taille auquel s’ajoute la diminution du temps de latence et des volumes de données sur le réseau. » Des caractéristiques qui ont pu être validées il y a quelques mois sur le terrain avec Bouygues et le cabinet de conseil Althea, spécialisé dans les systèmes d’information de gestion des ressources humaines. « Le cas d’usage mis en œuvre relève de la pénibilité du travail sur les chantiers, décrit le cofondateur de SpinalCom. Dans ce cadre, les ouvriers sont équipés d’une ceinture connectée positionnée sur l’abdomen et pouvant évaluer les positions forcées avec émission d’une alerte en cas de détection d’anomalies. Pour cette application, notre logiciel a été porté sur une nouvelle gamme de routeurs Cisco IoT (les IoX), un type d’équipement qu’une société comme Bouygues peut positionner d’emblée sur un chantier et faire évoluer pour des applications ultérieures. » Un centre nerveux de systèmes intelligents locaux Dans la pratique, la plate-forme SpinalCore, que SpinalCom présente volontiers comme le « centre nerveux de systèmes intelligents locaux », est constituée de deux entités logicielles. On y trouve d’un côté un « hub », qui joue le rôle de moelle épinière apte à récupérer des données et à les renvoyer vers les « organes », ici les objets, interfaces utilisateur ou capteurs connectés. Programmée en C/C++, cette entité, dont l’exécutable pèse 5 Mo environ et qui a vocation à être installée dans une passerelle ou un routeur sous Linux, réunit les ressources génériques de gestion des événements et de stockage de la plate-forme. Ce « hub » est complété par des « connecteurs » qui s’apparentent aux terminaisons nerveuses du système et qui sont par nature spécifiques à l’organe auquel ils sont associés. « Programmables en C/C++ ou en node.js, les connecteurs, qui pèsent 250 Ko environ, peuvent être adaptés aux formats particuliers de données de chaque organe et maintiennent une microbase de données locale synchronisée avec le hub, précise Jérémie Bellec. Tous les éléments de la plate-forme SpinalCore sont alors reliés nativement avec le hub via le protocole IP Ethernet ou Wi-Fi pour constituer le réseau de nerfs. » Bien évidemment, la plate-forme SpinalCore n’a pas été créée ex nihilo en quelques mois. Elle est en fait issue de cinq années de recherche et développement dans le domaine de la gestion d’applications scientifiques en mode SaaS (Software-as-a-Service) et de l’exploitation de données aéronautiques. « Nous nous sommes rendus compte que ce logiciel, utilisé dans plusieurs programmes de recherche chez Safran ou Airbus Innovation, pouvait répondre aux besoins du secteur de l’Internet des objets, caractérisé par des capteurs délocalisés, hétérogènes et multiples, rappelle Jérémie Bellec. Une étude de marché nous a convaincus que la commercialisation d’un middleware embarqué en fog computing pour l’IoT allait nous positionner de manière originale, l’offre en la matière étant encore absente en France et quasi nulle au niveau mondial. » Une levée de fonds de 2 M€ prévue à l'été 2016 Clairement focalisé sur le B2B avec une offre certes transversale mais orientée pour le moment vers la ville intelligente (au sens large), SpinalCom cible les fabricants de passerelles et de routeurs, les opérateurs télécoms dont l’offre s’organise généralement autour d’une box, ainsi que les intégrateurs et SSII. « Courant février, nous comptons mettre en ligne une version d’évaluation de la plate-forme SpinalCore, annonce Sébastien Coulon, directeur général de la start-up. Elle donnera l’accès gratuit à toutes les fonctionnalités pour des applications non commerciales ou à des fins de prototypage à but non lucratif. Les utilisateurs pourront passer dans un second temps, moyennant paiement d’un abonnement, à une utilisation sans limitation avec support et accès à divers services en ligne. » Dotée pour l’heure d’un effectif de huit personnes, la jeune entreprise française, qui a réussi à lever 200 000 euros lors de sa création, envisage pour l’été 2016 un deuxième tour de table de deux millions d’euros afin notamment d’étoffer ses équipes technique et commerciale (et de se constituer une bibliothèque étoffée de connecteurs logiciels pour la plate-forme SpinalCore).
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