L. Jabiol, HyperPanel Lab : « L’Internet des objets va rebattre les cartes dans le domaine des OS »Le marché des systèmes d’exploitation pour les objets connectés suscite actuellement un fort intérêt. Outre les différentes initiatives open source comme RIoT, Contiki ou Spark OS, on voit certains éditeurs historiques d’OS temps réel comme VxWorks se repositionner pour ne pas rater le wagon. HyperPanel Lab estime aujourd’hui disposer d’un système d’exploitation qui satisfait aux exigences de l’Internet des objets. Explications de Laurent Jabiol, directeur marketing de la société française. ... Quelle est la genèse de votre système d’exploitation embarqué et temps réel que vous jugez particulièrement bien adapté aux besoins de l’Internet des objets ? LAURENT JABIOL Peut-être est-il bon de rappeler qui nous sommes. HyperPanel Lab a été créé en 1986 en tant que bureau d’études spécialisé en ingénierie logicielle et opérant sur des marchés aussi divers que la cartographie satellite, les bancs de test industriels, les transports, la téléphonie ou les décodeurs TV. Dès les années 1990, nous avons acquis une légitimité dans le domaine du multimédia avec la mise au point du middleware d’interactivité MediaHighway pour le compte du groupe Canal+. Un logiciel dont plus de 35 millions de licences ont été vendues en Europe, en Asie et au Moyen-Orient. En réalité, HyperPanel Lab a toujours eu un système d’exploitation dans sa boîte à outils et cet OS s’est étoffé au fur et à mesure des années en fonction des affaires décrochées. Mais, depuis 2008, la société a tout particulièrement porté ses efforts sur cet OS pour l’adapter aux exigences des équipements embarqués connectés et, plus généralement, de l’Internet des objets. Un marché qui, à notre avis, va rebattre les cartes dans le domaine des systèmes d’exploitation car un OS dédié IoT se doit d’avoir des niveaux encore jamais vus d’autonomie, de coût et de performances, notamment en termes de déterminisme. HyperPanel Lab estime donc être déjà parvenu à ce niveau de performances… LAURENT JABIOL Oui et nous le prouvons. Comme nous venons quand même en bonne partie de l’univers de la télévision, nous avons mis à profit les caractéristiques de notre OS - que nous qualifions de multi-utilisateur, multi-équipement et multiservice - pour l’intégrer dans une véritable passerelle multimédia. Cette passerelle fait le lien dans la maison entre des flux diffusés du type télévision numérique, l’accès Internet et des interactions avec des équipements domotiques gérant la sécurité, l’énergie ou l’accessibilité. Lors du salon IBC 2014, HyperPanel Lab a pu en faire des démonstrations sur le stand de notre partenaire ODM Askey, une filiale du groupe Asus. Ce qu’il faut bien voir, c’est que cette passerelle multimédia offre des fonctionnalités haut de gamme qui n’ont rien à envier aux box Android fonctionnant sur des puces multicœurs… alors qu’elle se satisfait d’un circuit SoC de décodeur TV somme toute assez basique. En l’occurrence un processeur d’entrée de gamme à cœur 32 bits cadencé à 450 MHz dans la démonstration réalisée sur IBC. La puissance provient bien du logiciel ! Pouvez-vous brosser les principales caractéristiques de cette plate-forme de référence ? LAURENT JABIOL C’est une plate-forme à quatre tuners avec disque dur à la fois multi-room et multi-écran qui obéit aux cas d’usage définis par la Home Gateway Initiative avec multidiffusion de différentes chaînes en simultané et possibilité de contrôle du direct incluant le follow-me (qui consiste à mettre en pause un programme sur un écran et reprise sur un autre, éventuellement dans une autre pièce) et le start-over (qui permet le retour sur les dernières heures de visualisation). La plate-forme est équipée d’un point d’accès Wi-Fi, d’une implémentation HbbTV, d’un navigateur HTML5 et c’est aussi le premier décodeur numérique avec enregistreur PVR et serveur quatre flux intégré à être certifié SAT-IP par l’opérateur de satellites SES. Mais ce qui est surtout remarquable, c’est que les performances vont avec : le changement de chaînes ne prend guère plus d’une seconde et demie, le temps de démarrage complet après extinction est inférieur à 30 secondes, les temps de latence pour l’accès aux enregistrements sont réduits au maximum… S’il vous fallait résumer en trois ou quatre points les avantages de votre approche, quels seraient-ils ? LAURENT JABIOL Je citerai en premier lieu les performances purement factuelles que je viens d’évoquer, des performances qui peuvent être offertes à des niveaux de prix divisés par deux par rapport à la concurrence et impossibles à atteindre avec d’autres approches. La consommation réduite est un autre avantage de notre solution, tout comme sa modularité – le logiciel est personnalisable – et la capacité à y ajouter de nouveaux services de façon simple. Nous avons ainsi travaillé avec EnOcean et développé un dongle adapté pour notre plate-forme qui permet de récupérer des événements domotiques. Ces événements sont affichés à l’écran sans aucune difficulté et sans perte de l’émission TV en cours… En résumé, l’objectif de notre système d’exploitation est de présenter à l’utilisateur une interface homogène unifiant des données provenant de sources hétérogènes et ce à travers l’écran du téléviseur mais également sur ceux des smartphones, des tablettes ou des ordinateurs. Avez-vous déjà commencé à commercialiser cette plate-forme de référence ? LAURENT JABIOL Eurostar Dubaï, un opérateur satellite qui couvre le Moyen-Orient, a commencé le mois dernier à commercialiser des décodeurs TV basés sur notre solution logicielle. Plus près de nous, l’opérateur de télécommunications et d’efficacité énergétique Budget Telecom compte déployer à partir du printemps 2015 des box ADSL multimédias offrant aussi des services de consommation électrique via l’installation d’un capteur ad hoc sur le compteur EDF. Sur cette fonctionnalité particulière, nous avons collaboré avec la société Qinergy. Et, en matière d’Internet des objets proprement dit, où en êtes-vous ? LAURENT JABIOL Notre stratégie est claire. Avec notre système d’exploitation, nous visons le marché des équipements de l’Internet des objets. Le domaine de la télévision que nous connaissons bien est aujourd’hui notre tremplin vers ce marché. Parallèlement, nous avons aussi entamé une levée de fonds afin de pouvoir valoriser notre technologie auprès des acteurs du domaine et jouer enfin sous nos propres couleurs. Propos recueillis par Pierrick Arlot |