Oledcomm : un pionnier français du Li-Fi, le Wi-Fi à la sauce optique

Des ampoules à LED qui éclairent une pièce, un bâtiment, une grande surface : quoi de plus banal depuis l’arrivée de cette technologie d’éclairage dans le domaine du grand public. Mais, quand ce système d’éclairage se transforme en un réseau de communication, on bascule vers une révolution technologique. Sur laquelle la jeune société Oledcomm compte bien s'appuyer pour se développer rapidement. ...

Créée en février 2012 par Suat Topsu et Cedric Mayer, deux enseignants-chercheurs de l’université de Versailles, Oledcomm est une société pionnière sur le marché naissant du Li-Fi (Light Fidelity), c’est-à-dire de la communication sans fil à courte portée exploitant le domaine du visible. Menés depuis 2005, les travaux de recherche des deux fondateurs de la jeune pousse (avec plusieurs dépôts de brevets à la clé) ont abouti aujourd’hui à des produits Li-Fi opérationnels, parmi les premiers au monde.

Un champ des possibles immense

Pourquoi les LED, et pourquoi maintenant ? En fait, le Li-Fi exploite le fait qu’il est possible de commuter très rapidement la lumière émise par une LED, sans que l’œil humain perçoive ces brèves interruptions de la lumière. Et, allumer puis éteindre une LED revient à générer une série de 0 et de 1 et donc à réaliser une transmission de données numérique. En commutant un million de fois une LED classique du commerce, on peut alors diffuser du son ou de la musique. En la commutant 10 millions de fois par seconde, on peut encoder et transmettre des images et, en la commutant 100 millions de fois par seconde, on peut naviguer sur Internet. Sachant qu’il est possible grâce aux propriétés intrinsèques des matériaux semiconducteurs qui constituent une LED de commuter ces systèmes jusqu’à 1 milliard de fois par seconde, et que le marché des LED est actuellement en pleine expansion, on voit que le champ des possibles avec cette approche est immense.

"L'un des premiers démonstrateurs que nous avons réalisés consistait à diffuser dans un véhicule, via la lumière, les images acquises par une caméra de recul, raconte Cedric Mayer. Mais très rapidement, en rencontrant différents utilisateurs potentiels, deux applications se sont nettement dégagées."

Des transmissions ciblées

La première consiste à utiliser le Li-Fi pour mettre en place des systèmes de géolocalisation à l’intérieur des bâtiments. "L’objectif ici est de tirer parti des réseaux de LED existants dans des hôpitaux, des grandes surfaces, des musées,... pour se localiser instantanément en regardant son smartphone ou sa tablette, avec une précision de quelques centimètres", explique Cedric Mayer.

La seconde application est liée au fait qu’il est possible de communiquer des informations très localisées de manière directionnelle vers un récepteur donné, ce que ne peut pas faire le Wi-Fi. Ainsi, d’ores et déjà, Oledcomm commercialise des solutions de géolocalisation et de transmission ciblée de données. L’offre consiste en un émetteur qui s’insère, soit de manière unique entre une LED et son alimentation, soit sur un routeur pour délivrer des données sur un réseau de LED en série. Le récepteur associé est constitué à partir d’une photodiode, et peut se présenter sous la forme d’un dongle ou d’une clé USB par exemple. "Avec bien évidemment l’offre de service qui convient à l’application, car nous en sommes au début de l’exploitation à grande échelle de cette technologie, et le savoir-faire d’Oledcomm dans la mise en place des projets est essentiel », précise Cedric Mayer.

Suat Topsu et Cedric Mayer, les deux créateurs d'Oledcomm

Les avantages du Li-Fi sont nombreux, et suscitent un très vif intérêt auprès de nombreux utilisateurs professionnels. En effet, le Li-Fi exploite le domaine "gratuit" des ondes visibles, contrairement au Wi-Fi qui met à profit la bande radio du spectre électromagnétique. La technologie a par ailleurs une capacité théorique de débit dix fois supérieurs au Wi-Fi de base. Des débits de 1,2 Gbit/s sur un mètre ont ainsi été mesurés en laboratoire, et, en extérieur, Oledcomm a testé des communications à 75 Mbit/s sur une quinzaine de mètres sans difficulté. C’est aussi une technologie qui utilise une onde naturelle, la lumière, sans aucun effet nocif pour l’homme. Enfin, parmi les technologies qui exploitent la lumière comme l’infrarouge ou le laser, le Li-Fi est la seule à disposer d’une norme pour la partie protocole, l’IEEE 802.15.7.

Oledcomm, qui emploie déjà 13 personnes, compte avant tout se développer via la vente de ses produits et de son savoir, avant de songer à une opération classique de levée de fonds. Côté technologie, la société travaille actuellement de manière active à une solution Li-Fi de connexion Internet bidirectionnelle. Une technologie qui pourrait à terme bousculer la manière de gérer les communications à l’intérieur d’une maison.