Le marché des réseaux sans fil privés déployés dans les ports va croître de 46 % par an d’ici à 2030

Pour paraphraser le titre d'un célèbre roman des années 1980, les ports n’ont sans doute toujours pas retrouvé le langage perdu des grues. Il n’empêche que les gérants de ports maritimes continuent d'investir massivement pour optimiser et automatiser leurs opérations quotidiennes et que cet apport financier bénéficie tout particulièrement au marché des grues autonomes qui devrait dépasser les 6 milliards de dollars au niveau mondial d’ici à 2030, la zone Asie-Pacifique s’en arrogeant plus de la moitié.

« L'adoption de technologies avancées dans les opérations portuaires continue de progresser dans toutes les régions, mais varie en fonction de la maturité des infrastructures et de la résistance des syndicats, commente Ryan Wiggin, analyste chez ABI Research. Les ports d'Asie-Pacifique sont largement en tête, grâce à des niveaux élevés d'automatisation et au déploiement de réseaux 5G privés. L'Europe suit le mouvement, mais le marché nord-américain reste bridé du fait de la pression des travailleurs contre l'adoption de systèmes automatisés, ce qui se traduit par des grèves à répétition de l’Association internationale des débardeurs (ILA, International Longshoremen's Association) et un manque général de fournisseurs de systèmes d’automatisation portuaire dans la région. »

Selon la société d’études, Shanghai Zhenhua Heavy Industries (ZPMC) domine depuis longtemps le marché des grues portuaires avec plus de 70 % de part de marché, une situation due en grande partie à une adoption précoce sur le marché Asie-Pacifique. Les fournisseurs européens de systèmes d’automatisation portuaire, dont Konecranes et Liebherr, connaissent quant à eux une croissance à deux chiffres de leur activité de grues autonomes, avec une forte présence sur les territoires européens, nord-américains et moyen-orientaux. La part de marché de ces entreprises devrait augmenter à mesure que le niveau d'automatisation progressera dans ces zones géographiques au cours des prochaines années, anticipe ABI Research.

D’un point de vue technologique, un réseau sans fil privé constitue une base solide pour tout port avancé, précise aussi la société d’études qui table sur une croissance moyenne de 46 % par an d’ici à 2030 du marché des réseaux privés dans les ports qui pourrait dépasser les 5 milliards de dollars en 2031, avec des fournisseurs de réseaux établis tels que BT, Ericsson, Nokia et Verizon en tête.

Les réseaux privés deviennent également plus accessibles grâce aux offres as-a-Service (aaS), remarque encore ABI Research, avec des entreprises comme Boldwyn Networks qui ont récemment lancé des solutions Private 5GaaS.

« Les différents niveaux de maturité numérique au niveau régional et les disparités d’échelle des opérations portuaires s’accompagnent d’une diversité de solutions avancées mises en œuvre, conclut Ryan Wiggin. Si les ports d’Europe et d’Amérique du Nord se concentrent fortement sur la transition énergétique et le développement d’un approvisionnement en carburant propre, d’infrastructures de recharge, d’équipements électriques et de services de gestion de l’énergie, les principaux ports du Moyen-Orient et d’Afrique explorent l’utilisation de passerelles de paiement reposant sur la blockchain et de systèmes d’exploitation de terminaux (TOS) portuaires et martimes avancés pour accroître leur capacité. Si les technologies déployées pourront varier varier selon les régions, une chose est sûre : les investissements vont être revus à la hausse partout. »