Dans ses prédictions 2024 pour l’automobile, Keysight pointe l’arrivée des batteries solides et le renforcement de la cybersécurité des véhiculesLe fournisseur de solutions de test et mesure Keysight a demandé à son expert du secteur automobile, Hwee Yng Yeo, responsable des solutions automobiles au sein de la société, de réfléchir aux principales tendances du secteur en 2024 à travers le monde. Ainsi, selon cet expert et Keysight, cinq tendances se dégagent clairement dans ce secteur très dynamique. Les batteries solides pour véhicules électriques : du concept à la réalité Il a fallu près de trente ans pour que les disques durs à semi-conducteurs SSD se généralisent. Mais bien que les travaux sur les batteries solides pour les véhicules électriques aient débuté il y a à peine dix ans, la technologie en est aujourd’hui à un stade très avancé au niveau du développement industriel. Avec à la clé une série d’avantages pour les constructeurs automobiles. Notamment une augmentation de l’autonomie des voitures électriques grâce à la compacité et à la légèreté de ces batteries solides. Ces dernières apportent aussi une plus grande stabilité car, contrairement aux batteries Li-Ion, qui utilisent des électrolytes liquides, les batteries solides utilisent des électrolytes solides généralement constitués de céramiques ou de polymères. Ces électrolytes sont plus stables, plus sûrs et génèrent moins de chaleur que leurs homologues liquides. Enfin, cette technologie de batteries peut atteindre une charge de 80% en 15 minutes et conserver 90% de leur capacité après 5 000 charges, contrairement aux batteries lithium-ion qui commencent à se dégrader après 1 000 cycles. L'Asie-Pacifique domine le marché de la charge En 2024, la recherche sur les batteries solides va s'intensifier et la croissance du marché sera portée par la région Asie-Pacifique, suivie de l'Europe et de l'Amérique. A titre d’exemple, la Corée du Sud a annoncé des investissements à hauteur de 15 milliards de dollars en vue de permettre la commercialisation de batteries solides d'ici à 2030. Le groupe automobile chinois Guangzhou propose quant à lui un calendrier encore plus audacieux. La firme de la ville éponyme a ainsi déclaré qu'elle lancerait la commercialisation de batteries solides pour véhicules électriques d'ici à 2026 ! Accélération du développement de la conduite entièrement autonome En novembre 2023, BMW s’est associé à Mercedes pour proposer une conduite autonome conditionnelle de niveau 3 selon la terminologie de la SAE (Society of Automotive Engineers). Les conducteurs pourront ainsi légalement lâcher le volant de leur véhicule dans certaines conditions, tout en étant dans l’obligation de reprendre le contrôle lorsqu'on le leur demande, sans quoi la voiture s'arrêtera d'elle-même en toute sécurité. En 2024, les constructeurs automobiles continueront de travailler sur ces capacités de conduite autonome de niveau 3 en vue de les intégrer progressivement dans les véhicules grand public. En parallèle, la conduite autonome de niveau 4 poursuivra son développement commercial. Cependant, pour minimiser les risques et les responsabilités des fonctions de conduite autonome, de nombreuses étapes de validation et de tests sont encore nécessaires. Notamment des tests au niveau des capteurs et des algorithmes qui seront appelés à suppléer le conducteur humain. L'un des plus grands défis est ici d'entraîner les algorithmes à gérer des scénarios de conduite réels, qu’il s’agisse de routes de campagne tranquilles, de conduite en milieu urbain avec une circulation intense, et même dans des cas de figure exceptionnels comme un sanglier traversant la route en pleine nuit. Les voitures connectées, une cible pour les cybercriminels Le nombre de véhicules comportant des systèmes et des technologies exploitables par les cybercriminels augmente rapidement. Les équipes de sécurité informatique ont donc la mission d’atténuer ces menaces de sécurité à mesure que les hackers développent de nouveaux outils de piratage. Leur objectif consiste à prévenir les attaques contre les véhicules en agissant sur la sécurité des flottes, des applications et des services de mobilité, et même au niveau de l'infrastructure de recharge. En 2024, l'industrie automobile continuera donc d'investir afin d’améliorer et de renforcer la cybersécurité tout au long du cycle de vie du véhicule. Ce qui implique de tester les véhicules de manière rigoureuse, des couches physiques telles que les réseaux embarqués, les liens de communication et les ports de recharge, jusqu'à la sécurisation des protocoles de la couche d'application. La technologie Vehicle-to-Grid va progresser En octobre 2023, le ministère américain de l'Energie a annoncé un investissement de 3,5 milliards de dollars pour accroître la capacité de production d'énergies éolienne et solaire, renforcer les lignes électriques contre les conditions météorologiques extrêmes, intégrer les batteries et les véhicules électriques et développer des microréseaux pour assurer la continuité de l'approvisionnement en électricité pendant les pannes de courant. Ces fonds proviennent des 10,5 milliards de dollars alloués à l'extension des lignes de transport, à l'amélioration de la résilience du réseau et au déploiement de technologies "smart-grid" (réseau intelligent). Les véhicules électriques commenceront donc progressivement à être compatibles avec le réseau V2G (Vehicle-to-Grid). Une évolution qui transforme les véhicules en une batterie contenant un flux d'énergie bidirectionnel, capable de décharger l'électricité stockée vers le réseau. Cependant, la connexion au réseau des voitures électriques compatibles V2G est extrêmement complexe, et avant de pouvoir commercialiser leurs produits, les fournisseurs de type DER (Distributed Energy Resource) devront se conformer à de nombreuses normes et procédures de certification avant de pouvoir commercialiser leurs produits comme étant compatibles V2G. |