"Numérisation des processus industriels : cinq idées reçues et quelques conseils pour se lancer dans le rétrofit"[TRIBUNE de Fabien Pereira Vaz, PAESSLER] Loin d’être aussi complexe que l’imaginent certains, le "rétrofit" permet de donner une seconde vie à une machine industrielle ou un équipement informatique déployés dans une usine ou un bâtiment et qui ne disposent pas des composants nécessaires à la collecte de données. Et ce à l’heure où ces données permettent d’améliorer les processus de prise de décision en entreprise, mais également les méthodes de maintenance préventive et prédictive des équipements. Revue de détail par Fabien Pereira Vaz, Technical Sales Manager EMEA chez Paessler AG. La numérisation et l'automatisation des processus ont conduit à une convergence rapide des technologies IT (Information Technology) et OT (Operational Technology), engendrant des améliorations notoires, parmi lesquelles la capacité de combiner les données. D'énormes volumes de données peuvent désormais être collectés et analysés grâce à des technologies de pointe telles que l'analytique et l'Internet industriel des objets (IIoT). Naturellement, ces données ont permis d’améliorer les processus de prise de décision en entreprise, mais également les méthodes de maintenance préventive et prédictive des équipements. Pour autant, que faire lorsque les machines obsolètes dans une usine ne disposent pas des composants nécessaires à la collecte de données, ou lorsqu’un bâtiment dispose d’une infrastructure informatique obsolète. La question mérite d’être posée ! Dans un cas comme dans l’autre, il peut manquer par exemple la connectivité nécessaire, les interfaces ou les points de données indispensables pour prendre en charge les scénarios modernes de collecte d’information. Pour surmonter cet écueil, le "rétrofit" - ou modernisation - apparaît comme une solution qui redonne vie à des machines vieillissantes ou à des infrastructures en tous genres au sein de bâtiments (éclairages, climatisation, chauffage, etc.) en les dotant de capacités intelligentes grâce à l'amélioration de leur connectivité. Pour ce faire, la méthode la plus couramment employée est l'intégration de capteurs IIoT sur les équipements anciens. Ceci permet aux machines de collecter des informations vitales concernant leur état et leurs opérations, qui peuvent ensuite être transférées à d'autres systèmes pour une analyse et un traitement plus approfondis des données. Dans un monde où de nouvelles solutions sont mises au point chaque jour, comment les entreprises peuvent-elles adapter leurs activités pour rester compétitives et continuer de fonctionner de manière efficace ? Penchons-nous sur cinq mythes qui entourent le rétrofit, et aidons les entreprises à se lancer. - Idée reçue 1 : C’est trop cher Faux : les avantages en termes d'économies qui se cachent derrière le rétrofit sont conséquents. En effet, c’est tout l’intérêt du rétrofit que de rendre des équipements anciens coûteux compatibles avec des machines qui utilisent l'informatique moderne ; en les équipant de capteurs supplémentaires afin de recueillir des données pour des applications IIoT telles que la surveillance des conditions ou la maintenance prédictive, les machines sont en mesure de répondre aux attentes des entreprises qui cherchent à exploiter l'intelligence des données afin d'améliorer et d'optimiser certains processus sans se ruiner. - Idée reçue 2 : C’est complexe à mettre en œuvre Examinez, traitez et analysez votre infrastructure : tout projet de modernisation implique l'intégration de nouvelles machines, de capteurs, de passerelles et de dispositifs de communication dans le réseau industriel existant. Pour rendre l'ensemble du processus aussi simple que possible, il est essentiel de disposer d’une approche globale des capacités de l’infrastructure réseau actuelle. Cela implique d'évaluer les performances et la capacité de votre matériel de réseau industriel, tel que les routeurs et les commutateurs, et de prendre en compte les éventuelles limitations de la bande passante afin de résoudre tout problème potentiel avant qu'il ne survienne. - Idée reçue 3 : Les données disponibles sont insuffisantes À moins que vous ne surestimiez vos besoins réels ? Et si vous commenciez par faire l'inventaire des données dont vous avez réellement besoin ? La meilleure façon de se lancer est sans doute de travailler à rebours, et de noter toutes les données que vous devez suivre, puis d'analyser les machines et les équipements en place pour savoir où se situent les lacunes en matière de suivi des données. Très souvent, les directions informatiques et autres responsables des installations sont surpris par la quantité de données qu'ils ont à portée de main. Une fois cet audit réalisé, il s'agit ensuite simplement de relier les points, avant et pendant le processus de modernisation. Très souvent, il existe de nombreux types différents de données qui doivent être collectées et analysées au sein de l'infrastructure IT et OT, si bien qu'ils ont besoin d'un outil de surveillance capable de recenser de manière centralisée les données issues des capteurs IIoT, des systèmes OT et des composants IT traditionnels. - Idée reçue 4 : Inutile de surveiller l’environnement du Data Center Faux ! La surveillance de l’environnement des centres de données n’est pas seulement nécessaire, elle est essentielle ! Pour assurer la pérennité d'un bâtiment, la modernisation des équipements et des machines chargés de sa surveillance est une étape importante du processus de rétrofit, notamment en ce qui concerne les équipements chargés de contrôler l’humidité, la température et la climatisation. Cette pratique est d’autant plus essentielle qu’elle permet de protéger les centres de données, les serveurs, le matériel et d’éviter les temps d'arrêt, les risques d'incendie ou les pannes engendrant des réparations inattendues et coûteuses. Il est également nécessaire de surveiller l'environnement des centres de données en raison des risques potentiels pour la sécurité, notamment les intrusions non autorisées. Pour garantir efficacement la sécurité des données, il faut mettre en œuvre des mesures de protection numériques afin de créer une barrière à même de dissuader les pirates de tenter de manipuler les données. Au cours du processus de rétrofit, l’entreprise pourra ainsi améliorer la sécurisation de l'infrastructure physique à travers l'utilisation de systèmes de verrouillage des portes, l'installation de systèmes d'alarme ou de caméras, de détecteurs de mouvement ou bien encore de capteurs de chaleur, ainsi que la mise en place d'alertes pour répondre rapidement à toute violation. - Idée reçue n° 5 : Il y a trop d'options logicielles disponibles La mise en œuvre d'une surveillance holistique du réseau doit être considérée comme faisant partie d'une stratégie globale de l’entreprise. Dès lors, si l'ajout de capteurs aux machines dans le cadre d’une stratégie rétrofit est sans aucun doute crucial, il ne représente qu'un aspect d’une situation globale définie au préalable. Pour obtenir des informations significatives et prendre des décisions éclairées, l’analyse efficace, la conversion et l’exploitation des données collectées par ces capteurs deviennent alors également essentielles. Pour y parvenir, ce processus requiert l'utilisation de solutions logicielles de surveillance du réseau adaptées aux besoins spécifiques de l’entreprise. Un investissement qui doit également lui permettre d’optimiser ses efforts, en identifiant et en résolvant de manière proactive les problèmes, et en améliorant les performances et l’efficacité opérationnelle globale. Loin d’être aussi complexe que l’imaginent certains, le rétrofit permet de donner une seconde vie à une machine industrielle ou un équipement informatique. Bien entendu, il ne saurait être systématique car il n’est pas adapté à tous les types de projets – et il convient d’anticiper, de préparer et de planifier correctement un rétrofit. Mais les avantages sont nombreux, de la réduction de l’impact environnemental par prolongation du cycle de vie, aux réductions des coûts de maintenance et des temps d’arrêt, en passant par une flexibilité accrue et une sécurité renforcée. Autant de pistes que les entreprises doivent explorer pour rester compétitives dans un environnement toujours plus concurrentiel. |