AMD se dote d’une force de frappe en logique programmable en rachetant Xilinx pour 35 milliards de dollars

Après plusieurs semaines de rumeurs, le concepteur de semi-conducteurs AMD vient d’officialiser le rachat du fabricant de circuits programmables (FPGA, Field Programmable Gate Arrays) Xilinx pour la somme rondelette de 35 milliards de dollars (environ 29,7 milliards d'euros),... soit une valorisation à hauteur de 143 dollars de l’action de Xilinx. Une fois l'opération bouclée, les actionnaires actuels d'AMD détiendront près des trois quarts du capital de la nouvelle société, et ceux de Xilinx 26%. Victor Peng, l’actuel CEO de Xilinx, sera en charge des activités de Xilinx au sein d’AMD, avec le titre de président.

Cette acquisition d’envergure, qui devrait être bouclée fin 2021, va donner naissance à une société de quelque 13 000 ingénieurs dirigée par l’actuelle CEO d’AMD, Lisa Su. La très grande majorité des puces d'AMD, essentiellement des processeurs généralistes (CPU) ou graphiques (GPU) dont certains sont spécifiquement adaptés aux marchés de l'embarqué (comme les puces Ryzen), sont désormais fabriquées par le fondeur taïwanais TSMC, comme les circuits de Xilinx.

Derrière ce rachat, c’est le domaine dynamique des centres de données, qui est lié à l’explosion des services en intelligence artificielle et à l’essor de la 5G notamment, qui est visé avec une demande toujours plus forte en architectures pour l'accélération des calculs, la gestion réseau, la compression des images, le traitement cryptographique des données, etc. Dans ce cadre, les FPGA sont particulièrement adaptés.

Le rachat de Xilinx est en fait l’exact pendant de celui réalisé en 2016 par le rival d’AMD, Intel, qui avait gobé Altera, le principal concurrent de Xilinx à l’époque, pour une somme de 16,5 milliards de dollars.

On ne peut s'empècher non plus de penser au récent rachat d'Arm par Nvidia, dont l'un des objectifs stratégiques est aussi de mieux cibler le marché des data centers, avec toutefois une proposition technologique différente.

A noter qu’a la suite de l'acquisition de Xilinx, AMD va se doter d’un savoir-faire connexe en acquisition et traitement de données RF (à des fréquences supérieures à 1 GHz) dans les domaines de la Défense et de l’aérospatial par le biais des récentes puces-systèmes RFSoC Zynq UltraScale+.

Désormais il n’existe plus qu’une petite poignée d’entreprises indépendantes dans le monde qui proposent des circuits à réseaux logiques programmables. Citons les firmes Achronix, Efinix, Lattice ou Microchip (suite au rachat de Microsemi qui lui-même avait acquis la société Actel avec ses FPGA à mémoire flash) ainsi que les sociétés Flex Logix, Menta et QuickLogic qui proposent des eFGPA, c’est-à-dire des bloc d’IP qui sont des matrices de FPGA que les concepteurs de puces-systèmes SoC peuvent insérer dans leurs conceptions.

Fondé en en 1984, basé à San José en Californie et fort de plus de 4 400 employés, Xilinx a publié un chiffre d’affaires au dernier trimestre de 767 millions de dollars, en recul de 8% sur un an. En 2019, Xilinx affichait un chiffre d’affaires de 3,059 milliards de dollars. La société avait annoncé en début d’année un plan de réduction de ses effectifs mondiaux de 7%.

AMD, de son côté, affiche une santé financière nettement meilleure avec un chiffre d'affaires annuel de 6,7 milliards de dollars en 2019, et une prévision à 9,4 milliards de dollars en 2020, soit une hausse de 41% (hors rachat de Xilinx). Pour le 3e trimestre de son année fiscale 2020, AMD annonce un chiffre d’affaires de 2,8 milliards de dollars, en hausse de 45% par rapport au trimestre précédent et de 56% par rapport au 3e trimestre 2019. Pour le 4e trimestre, AMD vise un CA de 3 milliards de dollars en hausse de 41% sur un an.