“L’Internet des objets se porte au chevet des poteaux de défense incendie”[TRIBUNE de François Paquet, BIRDZ] Il est possible aujourd’hui grâce à l’IoT de tracer les signatures d’utilisation des poteaux d’incendie en fonction des usages : contrôle annuel du poteau, entraînement des pompiers, interventions du service des eaux… Conséquence, donner l’alerte en cas d’utilisation illicite, suivre des comportements inappropriés et y remédier deviennent des actions aisément accessibles, comme l’explique ici François Paquet, directeur de l’innovation chez Birdz, société née de la fusion de Homerider Systems et m2ocity, et spécialiste du télérelevé des consommations d’eau.... Les incendies sont l’une des grandes craintes de la société. Et pour cause : ils occasionnent régulièrement, que l’on soit en zone rurale ou urbaine, des dégâts matériels, voire de dramatiques pertes humaines. Partout, en France comme dans le monde, des pompiers interviennent, parfois au péril de leur propre vie, pour endiguer les feux et protéger les populations comme les biens. Pour leur permettre d’agir efficacement et rapidement lorsqu’un incident survient, des équipements indispensables sont disposés sur l’ensemble du territoire : les poteaux incendie. Ces organes de sécurité, si importants, sont pourtant devenus si familiers que certains en oublient parfois leur utilité première et leur font subir de nombreux outrages : vols d’eau, raccordements illicites ou encore, depuis quelques années, le "streetpooling", ouvertures sauvages des poteaux incendie visant à créer des jets d’eau pour se rafraîchir par temps estival. Si ces comportements ont des conséquences néfastes évidentes sur la défense incendie, ils peuvent aussi coûter cher aux collectivités et occasionner des dommages considérables au réseau d’eau potable. Dans ce domaine, les objets connectés ont un rôle à jouer. Rendre ces poteaux incendie communicants à l’aide de capteurs intelligents permet ainsi de répondre à de multiples enjeux. De multiples usages autour du poteau incendie La réglementation impose aux collectivités un contrôle du bon fonctionnement des poteaux incendie, a minima annuellement, afin de s’assurer qu’en cas de besoin, les pompiers seront en capacité d’assurer la défense incendie dans des conditions optimales. Ils doivent ainsi pouvoir recharger leur citerne ou augmenter le débit de leurs lances. A ces contrôles et actions d’entretien viennent s’ajouter l’entraînement des pompiers eux-mêmes tous les débuts de mois, mais aussi de possibles interventions du service des eaux puisque ces poteaux s’implantent en général sur le réseau d’eau potable. Des puisages d’eau sont également autorisés de façon ponctuelle et locale comme, par exemple, pour permettre exceptionnellement à un agriculteur d’utiliser cette arrivée d’eau. Les multiples manipulations, même par des personnes dûment habilitées, ne sont pas toujours effectuées dans les règles de l’art, entraînant des répercussions sur le poteau lui-même, mais aussi sur l’état des conduites et même sur la qualité de l’eau. Les utilisations illicites (vols d’eau, remplissage de piscine, raccordement, streetpooling) viennent aggraver cette problématique en participant à la dégradation des poteaux. Car des ouvertures trop rapides et surtout des fermetures trop vives, alors que le débit est important, peuvent induire des coups de bélier sur le réseau d’eau - voire même chez le particulier -, engendrant un possible endommagement des conduites. De même, des montées en débit trop hautes et trop soutenues peuvent avoir un effet de modification du régime hydraulique du réseau de distribution d’eau, venant parfois altérer la qualité de l’eau distribuée (eau trouble ou goût altéré). Si l’eau distribuée n’en était pas pour autant impropre à la consommation, le service à l’usager serait quant à lui dégradé. Or, si une dégradation de la qualité de l’eau peut être acceptable en cas de force majeure come la défense incendie, il n’en est pas de même si cela fait suite à un mauvais usage ou une utilisation indue. De l’intérêt de connecter les poteaux incendie Connecter les poteaux incendie à l’aide de capteurs intelligents permet ici de traquer les mauvais comportements, mais aussi les dégradations accidentelles, afin d’optimiser les réseaux d’eau et donc, in fine, d’apporter un meilleur service à la collectivité. En premier lieu, il est possible grâce à l’IoT de tracer les signatures d’utilisation du poteau en fonction des usages : contrôle annuel du poteau, entraînement des pompiers, interventions du service des eaux, utilisateurs occasionnels autorisés … ou non identifiés. Il est alors possible de tirer l’alerte en cas d’utilisation illicite. Les poteaux connectés permettent donc de suivre les comportements inappropriés et d’y remédier en éduquant les utilisateurs aux bonnes pratiques. Des conduites moins agressées hydrauliquement étant à réparer ou à renouveler moins souvent, la collectivité va alors pouvoir faire baisser son taux de renouvellement, et donc optimiser ses budgets. Mais ce n’est pas tout, la durée et le degré d’ouverture du poteau peuvent également être surveillés. Une ouverture qui perdure bien au-delà d’un usage courant peut signaler par exemple qu’un utilisateur a tout simplement oublié de refermer le poteau après usage, ce qui peut aller jusqu’à vider les réservoirs et mettre à sec la distribution d’eau potable sur tout un quartier. Il est également possible de quantifier les volumes d’eau sortants de façon plus précise afin de mieux cerner les usages et de permettre aux exploitants d’améliorer le calcul du rendement de leur réseau d’eau. Les bénéfices sont donc multiples. D’un côté, l’exploitant dispose d’une meilleure maîtrise de son réseau, anticipe les interventions terrain, allonge la durée de vie de ses conduites et assure la qualité de l’eau. De l’autre, la collectivité combat les usages illicites de ses dispositifs, effectue des économies, et, surtout, renforce la qualité de la défense incendie en collaborant de façon plus précise avec les pompiers qui peuvent, avant une intervention, cartographier les emplacements des poteaux incendie et s’assurer de leur bon fonctionnement avant d’arriver sur les lieux. |